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ASIE – FRANCE: Quand Le racisme anti-asiatique revient au galop

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 05/02/2020
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Le quotidien suisse Le Temps, dont nous vous recommandons la lecture ici, vient de publier une passionnante interview de l’historien Nicolas Bancel sur le racisme anti-asiatique réveillé par le coronavirus. Qu’en est-il ? D’où vient-il ? Voici quelques explications.

 

Nous reproduisons ici un extrait de l’entretien paru dans «Le Temps» dont nous vous recommandons ici la lecture.

 

Un entretien réalisé par Celia Héron

 

Le Temps: Quel regard portez-vous sur les anecdotes racistes rapportées par les personnes d’origine asiatique, notamment en France, depuis que la couverture du coronavirus monopolise l’attention médiatique?

 

Nicolas Bancel: On observe, de façon générale, la libération d’une parole raciste «décomplexée» en France, mais aussi dans de nombreux pays européens ou aux États-Unis. Les mouvements et partis de la droite extrême ou populiste ont le vent en poupe. Cela traduit une «peur de l’autre», qui semblait plutôt se focaliser jusqu’alors sur les communautés africaines, en particulier musulmanes. En ce qui concerne les communautés asiatiques, on peut même dire qu’un certain nombre de traits «positifs» étaient projetés sur elles: la discrétion, la rigueur, la détermination à réussir scolairement. Mais ces stéréotypes prétendument «positifs» ont toujours leurs pendants négatifs, qui s’expriment aujourd’hui. Cela montre simplement qu’ils n’ont pas disparu, qu’ils constituent un répertoire toujours ré-activable…

 

De quels stéréotypes parlez-vous ?

 

Il en existe tout un stock en Europe, et ils ne datent pas d’hier. Parmi les plus répandus historiquement, on trouve l’«indolence» des populations asiatiques, leurs capacités cognitives prétendues inférieures à celles des Blancs, et des «traits de caractère» qui leur collent à la peau, par exemple la dissimulation – soit l’idée que les Asiatiques ne disent pas ce qu’ils pensent et n’agissent pas comme ils le disent. Mais aussi la fourberie, la cruauté, le caractère mystérieux de leurs religions. On peut ajouter à cela les stéréotypes qui renvoient à l’«hygiène douteuse», et leurs mœurs supposées en matière d’alimentation: ils consommeraient des «œufs pourris», des chiens ou des chauves-souris… On peut penser que ces stéréotypes jouent un rôle dans la représentation de cette supposée «dangerosité» – le coronavirus, comme le SRAS, proviendrait de marchés animaliers ouverts

D’où viennent-ils ?

 

Tous sont intrinsèquement liés à l’histoire coloniale des pays européens. La France, notamment, a colonisé le Vietnam, le Cambodge et le Laos au XIXe siècle. Durant la période de la conquête, puis de l’administration coloniale, on estime que les populations indochinoises bénéficient d’une civilisation supérieure à celles du Maghreb et des sociétés d’Afrique noire (encore plus dévalorisées), mais bien moins avancée que la civilisation européenne, selon ce regard colonial.

 

Dans quelle mesure livres et films ont-ils pesé sur ces stéréotypes dans l’histoire contemporaine ?

 

La littérature a joué, mais il faut la replacer dans son contexte: celui de la crainte d’un renversement de l’ordre colonial, les colonies asiatiques ayant été parmi les premières à fonder des mouvements anticoloniaux. Dès le début du XXe siècle, la peur de la submersion par les hordes «jaunes» apparaît. En 1904, le capitaine Danrit publie en feuilleton L’Invasion jaune, qui dresse la prophétie apocalyptique d’une invasion de l’Europe par les multitudes asiatiques. Le livre regroupant les feuilletons aura un grand succès. Il y aura plusieurs autres fictions de ce type, toutes aussi populaires. Le cinéma véhiculera également ces images dépréciatives, avec des personnages presque toujours assimilés à des traîtres cruels et sadiques. Tout un imaginaire s’est développé sur ces bases, figurant des Asiatiques d’autant plus dangereux qu’ils sont nombreux et discrets.

 

Pour lire la suite de l’article dans Le Temps, cliquez ici.

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