Katherine est une résidente française de 65 ans installée en Thaïlande. Membre de l’Association française de bienfaisance en Thaïlande, elle rend visite aux détenus dans les prisons de la capitale. Une mission particulièrement importante pour maintenir le contact entre les prisonniers et le monde extérieur. Elle nous raconte.
Mon prénom est Katherine, 65 ans, j’ai 3 enfants et quatre petits enfants. Je suis mère de détenu et visiteuse de prison !
Faire partie de l’AFBT est pour moi un réel engagement auprès de ceux qui sont dans la difficulté et en cela tous les membres du comité directeur sont en parfaite symbiose. Le soutien et l’empathie de l’AFBT sont une véritable réconciliation face aux dures épreuves que la vie peut vous infliger.
Gavroche : Pourquoi êtes vous devenu visiteuse de prison pour l’association française de bienfaisance en Thaïlande ?
K : Je vivais à Samui lorsque mon plus jeune fils a été arrêté et emprisonné il y a 3 ans. Mon univers confortable s’est écroulé et j’ai pris la seule décision qui s’imposait à moi, celle de m’installer à Bangkok pour le soutenir. Je n’avais jamais été confrontée à l’univers carcéral, et mon chemin personnel est devenu l’apprentissage de la résilience et de la douleur. Au fil des visites auprès de mon fils et de nos conversations, j’ai pris conscience de l’aide que je pouvais apporter aux autres détenus et à leurs familles. Je réalisai que mon expérience quotidienne devenait un atout majeur pour visiter les prisonniers. Il y a une phrase que j’affectionne particulièrement d’Antoine de Saint-Exupéry dans le Petit-Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur ! L’essentiel est invisible pour les yeux ! » Voici comment je me suis lancée dans cette action. Mais pour que mes actes ne soient pas manqués, il me fallait une structure pour partager, pour m’aider et pour me soulager car seule la tâche est difficile. C’est alors que L’AFBT m’a proposée de rejoindre leur équipe et particulièrement de prendre en charge la section « aide aux prisonniers » qui se trouvait vacante. Je trouvais là, sans nul doute, une famille avec de belles valeurs. Forte de ce soutien je pouvais commencer ma mission.
G : En quoi consiste votre travail sur le terrain ?
Tout d’abord c’est la présence, c’est faire comprendre que nous sommes là. L’incarcération est une dure épreuve et elle devient très cruelle dans un pays étranger, dont la culture est totalement différente de la nôtre. Il n’est pas question de juger les prisonniers, ils le sont déjà et parfois très lourdement. Il faut mettre en place une équipe parfaitement consciente de son rôle. Être visiteur de prison n’est pas anodin et je réalise toujours une visite en tandem avec le nouveau bénévole lors de ses premières fois, car parfois même avec toute leur bonne volonté, ils peuvent être choqués par l’univers carcéral. Il faut donc des personnes dont l’engagement s’inscrit dans la durée. Visiter un prisonnier c’est établir une relation de confiance. La visite dure 20 minutes à travers une vitre doublée d’une grille, et un téléphone fixe, le tout dans un lieu commun où le brouhaha des conversations assomme. Néanmoins, comme par magie, on se concentre, et on oublie l’environnement. Parler, écouter, s’intéresser et donner du courage pour leur avenir, ouvrir une fenêtre sur la France en parlant de l’actualité et se charger des messages familiaux sont notre quotidien. Nous sommes finalement un lien entre eux et le monde extérieur dans toutes ses facettes. Puis la sonnerie ordonne la fin… déjà ! C’est trop court ! Après la visite, et pour ceux que l’AFBT aide financièrement, je fais des achats par le biais du magasin carcéral. Entre l’attente pour le tour de visite et le moment où je pars il y a bien souvent 4 à 5 heures d’écoulées. Il fait chaud, très chaud l’air est souvent irrespirable, mais lorsque la visite prend fin et que l’on se dit : Au revoir, à la semaine prochaine…! Leur sourire est notre récompense. Enfin, nous gérons l’approvisionnement des livres et magazines auxquels ils ont droit mensuellement, en faisant appel à la communauté française.
G : Vous avez participé à un événement sportif organisé dans une prison. Pouvez vous nous en dire plus ?
Effectivement, l’AFBT a offert des équipements sportifs, au centre pénitentiaire de Bombat à Bangkok, organisateur d’un tournoi de Football et de Volleyball entre détenus. Ce don avait été proposé à l’administration carcérale il y a quelques mois. L’accord du centre pénitencier atteste du niveau de confiance déjà établi entre l’AFBT et le Département de la Justice. Plusieurs équipes étaient en compétition durant ces mois de Décembre et Janvier. Environ 150 prisonniers de toute provenance ont participé pour la plus grande joie de tous. Les gagnants ont reçu de notre part, un équipement, maillot, short, chaussettes, des trophées et médailles et plusieurs milliers de biscuits partagés entre tous. L’équipe championne a reçu un trophée représentant la Coupe du Monde rappelant ainsi notre titre mondial au football. Du réconfort, des moments chaleureux échangés entre les prisonniers de toutes origines ont peut-être contribué au rayonnement de la France et à l’amélioration de leur quotidien, notamment en cette période de fêtes.
G : Recevez vous de l’aide de la communauté francophone ?
L’AFBT agit en collaboration avec le service social de l’Ambassade de France. Chaque année nous avons l’honneur de pouvoir organiser notre évènement « Le Beaujolais Nouveau » dans les jardins de l’Ambassade mis à notre disposition par Monsieur l’Ambassadeur. Cette année nous avons eu la présence de certains officiers du Département de la Justice qui ont été très impressionnés par la qualité de cette réception et ont ressenti une certaine fierté à partager ce moment convivial au sein de notre prestigieuse Résidence. Cette reconnaissance de l’administration thaïlandaise nous permet de construire une relation riche et amicale qui nous facilite les échanges pour poursuivre notre mission.
Remerciements à Renaud Cazillac