Les mythes décrivent la création du monde, les actes des premiers humains. Mystérieux, ces récits semblent échapper à la raison et rester indéchiffrables. Cela est d’autant plus perturbant qu’ils constituent notre fondement, notre mémoire première. Cependant, basé sur cette science récente qu’est l’embryologie, un nouveau point de vue sur ces récits fondateurs montre qu’ils figurent la mémoire fœtale de l’embryogenèse.
Une chronique tirée des archives de notre mensuel Gavroche
Selon la mythologie chinoise. « Fu Xi, le premier empereur, aurait inventé le premier système d’écriture chinois, pour communiquer autrement qu’au moyen de cordes nouées (1) » , « alors que dans les temps anciens, Fu Xi gouvernait sous le ciel… il inventa les huit trigrammes pour communiquer avec la vertu de la lumière divine. Il avait pris comme modèle, probablement, l’hexagramme Li (s’attacher (2) ». « Fu Xi est souvent représenté couvert de feuilles et émergeant d’une montagne, tenant un pinceau à la main avec lequel il vient de tracer des trigrammes. » (3)
Or, la mythologie indienne évoque nommément « le “fœtus” de la montagne sortant de celle-ci lorsqu’elle s’ouvre », avec un cordon ombilical, ce « pinceau », ces « cordes nouées », « attachées » au fœtus et au placenta.
Ce « pinceau », le cordon ombilical, « trace les trigrammes ». « Les huit trigrammes sont les huit combinaisons qu’on peut faire avec une ligne droite continue et une ligne droite brisée en les groupant trois par trois, « les trois artères du cordon ». La ligne droite continue étant le symbole du principe Yang et la ligne droite brisée étant le symbole du principe Yn, ces huit trigrammes sont supposés représenter en raccourci les combinaisons des deux principes qui constituent l’univers », (5) l’univers fœtal de « Fu Xi », la pulsation cardiaque qui anime les trois artères du cordon.
Les huit trigrammes proviennent du monde fœtal ; ils représentent inconsciemment les pulsations cardio-vasculaires perçues par le fœtus, par sa main, au niveau des trois artères du cordon. Trait continu et discontinu, c’est ainsi que l’électrocardiogramme retrace, lui aussi la pulsation cardiaque.
« Sous le règne du mythique Fu Xi, du (fleuve) Hoang-ho sortit un cheval dragon qui portait sur son dos des dessins, dont l’empereur tira les huit trigrammes (koua) d’où sortit plus tard le « Livre des Mutations » (Yi King). » (6) « Le Yi King est considéré par les chinois comme le plus antique monument de leur littérature »; « les koua… qui constituent la substance première du livre, furent primitivement tracés par Fu Xi »; « le King, ou texte, comprend les traits tracés par Fu Xi »; « Yi signifie non-soleil, obscurité »; « le caractère yi, dans sa forme antique est composé du caractère jie, soleil, et du caractère wou, qui exprime la négation impérative ». (7)
Le Yi-King est le texte de l’obscurité fœtale. « Ce livre-ci ne s’est pas écrit au départ avec des mots, mais seulement au moyen de deux signes les plus simples qui soient, trait continu ou discontinu, plein ou brisé, et c’est à partir des diverses combinaisons auxquelles se prêtent ces deux types de trait… que son texte est tissé ». (8)
Les trigrammes sont sont à la base de l’écriture chinoise. À l’origine, l’écriture chinoise retranscrit donc, inconsciemment, le souffle cardiaque perçu par le fœtus au niveau des trois artères du cordon ombilical. Le cordon prodigue la vie au fœtus selon la pulsation cardiaque, le koua, le yn-yang, le trigramme ; après la naissance, retracer ce trigramme permettra de recevoir permettra de recevoir encore et toujours la vie, estime inconsciemment l’humain.
L’écriture, à l’origine, est une continuation inconsciente du cordon ombilical, non seulement en Chine mais aussi en Inde, en Mésopotamie, en Égypte, en Scandinavie, chez les mayas, etc.
FRANÇOIS DOR
De formation juridique, François Dor a consacré plus de vingt années à la rédaction d’un livre sur cette découverte fondamentale des mythologies, mémoires de la vie fœtale.
1 – J. Chinnery, La Chine, Mythologies du monde entier, Larousse, 1999, p.91
2 – « Grand commentaire », W. Dongliang, Les signes et les mutations, Thèse de doctorat, Paris VIII, 1994, p.39
3 – C. Javary, Le Yi Jing, éd. du Cerf, 1989, p.120
4 – RigVeda, V.45.3, A. Bergaigne, La religion védique d’après les hymnes du Rig-Veda, 1878, t. I, p. 258
5 – E. Chavannes, Annales des Trois souverains, Les mémoires historiques de S-ema Ts’ien, Adrien-Maisonneuve, 1967, t. I, p. 6, note 2 “sauf italique”
6 – G. Gieseler, Le mythe du dragon en Chine, Revue archéologique, Ernet Leroux, Paris, 1917, p.30
7 – P.-L.-F. Philastre, Le Yi-King, Zulma, 1992, p. 17, 23.
8 – F.Jullien, en préface de l’ouvrage précédent
[…] Basé sur l’embryologie, un nouveau point de vue sur ces récits fondateurs montre qu’ils figurent la mémoire fœtale de l’embryogenèse — À lire sur http://www.gavroche-thailande.com/asie-chronique-lorigine-de-lecriture-chinoise/ […]
L’écriture chinoise n’est pas issue de la symbolique YIN YANG mais par un agencement de 214 clés basiques qui sont une simplification de 540 clés anciennes contenues dans le plus vieux dictionnaire au monde le SHUOWEN… En revanche la symbolique YIN YANG recouvre la totalité des aspects de la culture chinoise… Ce YIN et ce YANG s’agencent par couples (quatre BIGRAMMES possibles) et par groupe de trois (huit TRIGRAMMES possibles). Ces huit TRIGRAMMES sont agencés en deux ordres traditionnels : le ciel antérieur et le ciel postérieur (un ordre statique YIN et un ordre dynamique YANG) dénommés BAGUA. Le ciel antérieur est tout simplement un ordre mathématique qui va de zéro à sept écrit en numération binaire et disposé sur une lemniscate à l’identique d’un cadran solaire nommé « méridienne »… Si on accouple chaque groupe de huit TRIGRAMMES on obtient seulement 64 groupes possibles de seize TRIGRAMMES différents (HEXAGRAMME)… Ces 64 HEXAGRAMMES sont agencés soit sur un cercle soit sur un carré dans l’imagerie traditionnelle chinoise (carré YIN et cercle YANG)… Ces 64 « groupes de 16 TRIGRAMMES ou HEXAGRAMMES» peuvent être reliés aux 64 codons de base de la génétique qui sont constitués de mot de trois lettres constitués à partir d’un alphabet de quatre lettres (ACTG). Ce qui donne quatre puissance trois possibilités qui font 64 possibilités… L’écriture chinoise est empreinte de toute cette symbolique YIN/YANG comme dans tous les aspects de la vie quotidienne en Chine (cinq éléments-phases, ciel antérieur ciel postérieur, YI KING)