Depuis l’élection massive de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les messages pleuvent.
Voici ceux des dirigeants du sud-est asiatiques :
Anwar Ibrahim, Premier ministre de la Malaisie : Félicitations à Donald J. Trump pour son retour politique impressionnant et sa victoire à l’élection présidentielle américaine. Ce nouveau chapitre ouvre la voie à de nouvelles opportunités, et nous sommes prêts à avancer avec optimisme, dans un esprit de collaboration et d’objectifs partagés.
Les États-Unis demeurent le principal investisseur étranger en Malaisie et un acteur incontournable dans la région Asie-Pacifique. En tant que pays qui assurera la présidence de l’ASEAN en 2025, la Malaisie espère voir l’Amérique renouveler son engagement envers l’Asie du Sud-Est. Nous appelons également les États-Unis à utiliser leur influence pour aider à mettre un terme aux violences et aux tragédies humaines en Palestine et en Ukraine.
Nous sommes impatients de collaborer étroitement avec le nouveau président pour renforcer les bénéfices mutuels au profit des peuples de nos deux nations.
Prabowo Subianto, président de l’Indonésie : Je tiens à adresser mes plus sincères félicitations à M. Donald J. Trump pour son élection en tant que 47e président des États-Unis d’Amérique. L’Indonésie et les États-Unis sont des partenaires stratégiques, unis par une relation solide et diversifiée. Ce partenariat stratégique recèle un potentiel immense pour des bénéfices mutuels, et je me réjouis de travailler en étroite collaboration avec vous et votre administration afin de renforcer encore cette coopération, au service de la paix et de la stabilité mondiales.
Hun Manet, Premier ministre du Cambodge : Au nom du gouvernement royal et du peuple cambodgiens, j’ai l’honneur de vous adresser mes plus chaleureuses félicitations pour votre retour historique à la présidence des États-Unis. Cette victoire éclatante témoigne de la profonde confiance que le peuple américain place en votre leadership.
Votre retour survient à un moment crucial, non seulement pour le peuple américain, mais également pour l’ensemble de la communauté internationale. Sous votre direction éclairée, je suis convaincu que le rôle indispensable des États-Unis dans la promotion de la stabilité, de la sécurité et de la prospérité mondiale se renforcera davantage.
Le gouvernement royal et le peuple cambodgiens accordent une importance toute particulière aux liens d’amitié de longue date qui unissent nos deux pays, lesquels célébreront leur 75e anniversaire l’année prochaine. Nous demeurons pleinement engagés à collaborer étroitement avec votre administration pour hisser encore plus haut nos relations bilatérales et, dans le cadre du mandat du Cambodge en tant que coordinateur des relations de dialogue ASEAN-États-Unis, nous redoublerons d’efforts pour faire progresser le partenariat stratégique global ASEAN-États-Unis.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président élu, l’expression de ma très haute considération ainsi que mes meilleurs vœux de succès dans l’accomplissement de vos nobles fonctions à la tête des États-Unis d’Amérique.
Paetongtarn Shinawatra, Première ministre de Thaïlande : Je tiens à adresser mes sincères félicitations au Président Donald Trump et au Sénateur JD Vance pour leur victoire à l’élection présidentielle américaine. Je me réjouis à l’idée de collaborer avec vous pour renforcer l’alliance de longue date entre la Thaïlande et les États-Unis, au bénéfice de nos peuples et de la prospérité de la région indo-pacifique.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.
“Gavroche”a enfin du se résoudre à relayer une information visiblement déplorée, l’élection de D. Trump. Ainsi sont les faits et il reste à les expliquer. Face à une” pluie de félicitations” de la part des pays de l’ASEAN (il manque le Vietnam, le Laos, le Myanmar, Brunei) la dissimulation de l’information majeure de la semaine devenait difficile. Le communiqué du 7/11/2024, rédigé à minima pouvait, dans sa rédaction, faire supposer une prise de position exprimant une forme de désapprobation de la position des autorités des Philippines face à un candidat qui n’était pas attendu… les faits en ont décidé autrement !
Le communiqué philippin est désormais relayé par les autres pays de l’ASEAN non seulement en raison du respect des règles de bienséance diplomatique mais aussi d’intérêts géostratégiques. Une mise en lumière de ceux ci s’impose pour donner à ces communiqués leur portée. La situation géostratégique de la plupart des pays membres et de l’organisation elle-même explique les positions largement conditionnées par les ambitions chinoises dans la région et spécialement dans les espaces maritimes dont certains sont disputés.
la Chine dans sa politique de puissance, motivée par un nationalisme agressif hérité de l’humiliation des traités inégaux, ne peut se contenter d’être une puissance terrestre. Le volet maritime de la puissance est devenu un impératif devant garantir la crédibilité et la stabilité du régime. la question du statut de Taïwan est l’aspect essentiel.mais pas seulement. La question du statut de la mer de Chine, notamment du Sud est aussi un majeur de sa puissance.
L’accès aux eaux maritimes devant garantir les approvisionnements et les exportations de la Chine est bridé par une mer peu profonde cadenassée (un bracelet électronique) par une chaine d’iles qui vont du nord du Japon au sud des Philippines. L’accès à l’océan pacifique que l’Amérique tend, depuis 1942, à considérer comme le sien est un enjeu majeur pour la Chine sans quoi elle ne pourrait prétendre au statut de puissance maritime; et de puissance tout court.
Dans cette perspective, le contrôle de la mer de Chine est une question majeure d’où sa stratégie dans cet espace maritime qu’elle prétend s’approprier ou du moins contrôler. La publication de la carte aux 9 traits délimite un espace maritime chinois qui, de facto, dépossède les États riverains de l’usage exclusif de leur “zone économique exclusive ” (ZEE). Il en résulte de nombreux conflits frontaliers à propos de la délimitation de zones de pêche mais pas seulement. La présence massive de bateaux chinois exhortés par des gardes-côtes et la marine de guerre, l’intimidation produite, conduisent les États riverains à abandonner une activité économique majeure et jeter des populations entière au chômage, sans parler des risques pour leur sécurité alimentaire.
Les Philippines ont été le théâtre de ces incursions chinoises en 2012 sur l’atoll des Scarboraugh . Les iles Paracelse au nord et les Spratleys au sud délimiteraient pour Pékin, une zone maritime chinoise. C’est à propos des iles Spratleys et quelques ilots ( “rochers” donc découverts à marée basse selon le droit international ) proches ainsi que les eaux avoisinantes que les Philippine portent leur différend avec la Chine devant le Tribunal arbitral de la Haye.. Malgré le rejet des prétentions chinoises, celles -ci maintiennent leur position. La stratégie consiste donc à empêcher les bateaux de pêche d’occuper des espaces, iles, ilots, atolls qui sont progressivement bétonnés, équipés de pistes atterrissage et de radars militaires et à partir desquels de nouvelles délimitations maritimes sont posées.
La stratégie chinoise consiste à situer ses actions juste en deçà d’un “seuil”, une “ligne rouge” qui entrainerait l’intervention de forces militaires extérieures et notamment américaines, du moins on peut le supposer, ce que les pays riverains sont amenés à douter puisqu’elles ne sont jamais intervenues à l’exception d’opérations navales et aériennes de dissuasion coordonnées ou non avec d’autres états. La réalité de la protection américaine promise et proclamée voire engagée est par conséquent suspectée. C’est dans ce contexte qu’il faut analyser l’attitude des pays de la région : un rappel aux engagements en cas difficultés, une exhortation au sérieux des engagements américains ici et dans le monde en général.
L’accumulation de précédents sur la durée n’ entraine pour le moment aucune réaction sérieusement dissuasive et, selon la stratégie de Su Tsu, la patience et l’obstination feront tomber le fruit une fois mûr.. La répétition des précédents conduit , au plus, à des interventions comme le passage de navires étrangers dans les zones contestées (tourner en rond, passages régulier et en zigzag) de manière à ce que la répétition d’actes d’appropriations ne conduise à des situations juridiques de fait entrainant un droit légalement reconnu.
Les Philippines ne sont pas les seules concernées; C’est le cas du Vietnam et de la Malaisie. Et au delà, pour la Corée du Sud (surtout depuis la mise en œuvre d’un partenariat stratégique de défense commune avec la Russie) et le Japon. Pékin profite et instrumentalise l’existence de différents territoriaux concernant la délimitation d’espaces maritimes entre pays de l’ASEAN pour attiser les divisions et accroitre la présence.
C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter les récents. comminiqués des pays ASEAN . Ceux ci doivent faire face aux tentatives de division chinoises qui lles paralysent. L’élection amériaciane leur a donné l’occasion d’exprimer une position qui est apparemment unifiée sans pour autant se référer explicitement aux enjeux existant en mer de Chine. et les concernant directement.
la situation qui prévaut pour les pays ASEAN vaut pour la Corée, le Japon,, pour l’avenir de l’océan indien, pacifique et même l’antarctique et au dela poiur le monde entier et la Chine elle-même. Si tous les pays commencent à violer lois et traités internationaux, la porte est ouverte à toutes les revendications. Un ordre international supposent stabilité et prévisibilité en l’absence desquels le chaos s’installe et prospère. La position chinoise entraine la communauté internationale dans une spiralespouvant devenir dangereuse. et c’est à Taïwan, du moins dans la région asiatique, que la situation risque de devenir incontrlable. Elle n’est pas la seule. L’élection américaine qui vient d’avoir lieu va t-elle conduire à modifier la donne ?
Sur le différend entre les Philippine et la Chine, l’article de Romain Le Boeuf : ” Différend en mer de Chine meridionale ( Philippines c.
Chine) sentence arbitrale du 12 juillet 2016″, in “Annuaire Français De Droit International”, année 2016 / n° 62 / pp.159 – 181 ; disponible sur internet sur le site”persée”.