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ASIE – DIPLOMATIE : Réflexions sur la jeunesse et les droits de l’homme

Date de publication : 09/11/2024
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ONU jeunesse

 

Une chronique diplomatique de Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande

 

Notre ami Ioan Voicu traite régulièrement dans nos colonnes des discussions en cours dans le système de l’ONU. Des sujets qui peuvent sembler éloignés de notre lectorat, mais qui ont le mérite de pointer l’agenda diplomatique international

 

« Le pouvoir de la jeunesse est la richesse commune du monde entier. Les visages des jeunes sont les visages de notre passé, de notre présent et de notre avenir. Aucun segment de la société ne peut égaler la puissance, l’idéalisme, l’enthousiasme et le courage des jeunes » (Kailash Satyarthi, réformateur social indien).

 

Il n’existe pas de définition universellement acceptée de la tranche d’âge des jeunes. À des fins statistiques uniquement, les Nations Unies définissent la « jeunesse » comme les personnes âgées de 15 à 24 ans. Cette définition a été formulée dans le cadre des préparatifs de l’Année internationale de la jeunesse célébrée en 1985 sous le slogan « Participation, développement, paix ». À l’heure actuelle, il y a 1,2 milliard de jeunes âgés de 15 à 24 ans, ce qui représente 16 % de la population mondiale. D’ici 2030, date butoir des Objectifs de développement durable qui constituent l’Agenda 2030, le nombre de jeunes devrait atteindre près de 1,3 milliard.

 

Les jeunes représentent environ 19 % de la population totale de l’Asie. Plus de 60 % des jeunes du monde vivent dans la région Asie-Pacifique. Cela se traduit par plus de 750 millions de jeunes femmes et hommes âgés de 15 à 24 ans.

 

Le document le plus récent de l’ONU sur la jeunesse s’intitule Jeunesse et droits de l’homme et a été adopté par consensus par le Conseil des droits de l’homme le 11 octobre 2024. Il s’agit d’une résolution négociée au sein de ce Conseil qui est composé de 47 membres. L’Asie y est représentée par le Bangladesh (2025) ; la Chine (2026) ; l’Inde (2024) ; l’Indonésie (2026) ; le Japon (2026) ; le Kazakhstan (2024) ; le Koweït (2026) ; le Kirghizistan (2025) ; la Malaisie (2024) ; les Maldives (2025) ; le Qatar (2024) ; les Émirats arabes unis (2024) et le Vietnam (2025).

 

Le 9 octobre 2024, la Thaïlande a été élue au Conseil pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2025.

 

Une synthèse inspirante

 

La résolution Jeunesse et droits de l’homme a le mérite d’offrir une synthèse de la position actuelle de l’ONU sur les questions de jeunesse dans un long préambule et dans 19 paragraphes opérationnels. Nous résumerons les aspects les plus significatifs de ce document diplomatique, car il a la chance de promettre une continuité dans le travail sur la  jeunesse de l’organisation mondiale et représente l’ensemble le plus actuel de recommandations adressées aux 193 États membres de l’ONU.

 

Dans la partie préambulaire de la résolution, tous les principaux instruments juridiques de l’ONU sur les droits de l’homme sont mentionnés par leurs titres officiels, ainsi que les résolutions pertinentes de l’ONU sur la jeunesse adoptées au cours du 21e siècle. Une place particulière est réservée dans ce contexte au Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà qui fournit un cadre politique et des lignes directrices pratiques pour l’action nationale et le soutien international pour améliorer la situation des jeunes.

 

Les Conférences mondiales des ministres responsables de la jeunesse, tenues à Lisbonne en août 1998 et en juin 2019, ainsi que leurs Déclarations sur les politiques et programmes de jeunesse, sont spécifiquement citées en ce qui concerne l’autonomisation des jeunes et de leurs représentants et l’engagement à protéger, respecter et réaliser les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous les jeunes, ainsi qu’à protéger les plus défavorisés et ceux en situation de vulnérabilité et à contribuer à la création d’indicateurs pour évaluer l’impact des politiques et programmes de jeunesse.

 

Le premier appel direct adressé aux États dans le préambule est de les encourager à mettre en œuvre efficacement l’Agenda 2030 pour le développement durable et de réaffirmer la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies qui donnent aux jeunes du monde entier, y compris à ceux qui sont en situation de vulnérabilité, de réelles opportunités pour permettre leur participation pleine, effective et significative à la société et aux processus décisionnels pertinents et au suivi dans les sphères politiques, économiques, sociales et culturelles.

 

Quelques actions mémorables sont également énumérées telles que :

 

  • la table ronde intitulée « L’engagement des jeunes dans le changement climatique et les processus décisionnels environnementaux mondiaux », tenue lors de la cinquante-quatrième session du Conseil des droits de l’homme, en septembre 2023 ;

 

  • le rapport préparé par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur les solutions pour promouvoir l’éducation numérique des jeunes et assurer leur protection contre les menaces en ligne ;

 

  • la création du Bureau de la jeunesse des Nations Unies dédié aux affaires de la jeunesse au sein du Secrétariat de l’ONU, intégrant le Bureau de l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, et son travail pour répondre aux besoins des jeunes et faire des jeunes une priorité transversale des Nations Unies ;

 

  • le plan d’action pour la quatrième phase (2020-2024) du Programme mondial d’éducation aux droits de l’homme, axé sur la jeunesse ;

 

  • la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse intitulée « Jeunesse 2030 : travailler avec les jeunes », lancée lors d’un événement de haut niveau organisé en septembre 2018 au siège des Nations Unies, en tant qu’outil pour l’autonomisation des jeunes et la promotion de tous les droits de l’homme ;

 

  • les contributions des conférences, forums et initiatives mondiales concernant la jeunesse aux niveaux international, régional et sous-régional, notamment les Forums mondiaux de la jeunesse tenus à Charm el-Cheikh, en Égypte, en 2017, 2018, 2019, 2022 et 2023 ;

 

  • la Déclaration de la jeunesse sur les droits de l’homme 75, dirigée par le Groupe consultatif de la jeunesse sur les droits de l’homme 75, et lancée lors de l’événement de haut niveau sur les droits de l’homme 75, qui s’est tenu les 11 et 12 décembre 2023 à Genève, et son appel à la participation significative des jeunes aux affaires publiques et aux mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies.

 

Les réalités négatives ne sont pas ignorées. En ce sens, la résolution souligne la nécessité de donner les moyens d’agir à tous les jeunes afin de parvenir à un développement durable, y compris l’éradication de la pauvreté, notant qu’à l’échelle mondiale, en 2023, le taux de chômage des jeunes de 13,3 % dépassait de loin le taux de 3,9 % des adultes, et soulignant à cet égard l’engagement pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de réduire substantiellement la proportion de jeunes qui ne travaillent pas, ne suivent pas d’éducation ou de formation et d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie mondiale pour l’emploi des jeunes.



La dernière partie de ce long préambule traite de certaines difficultés actuelles auxquelles est confrontée la jeune génération. Elle exprime  l’inquiétude face aux obstacles auxquels sont confrontés les jeunes, notamment ceux qui vivent dans des zones rurales et reculées, pour accéder à l’éducation numérique, en particulier la fracture numérique, notamment le manque d’accès à des appareils et services numériques adéquats et à des infrastructures fiables, ce qui exacerbe les inégalités éducatives et sociales et affecte leur participation pleine et équitable à la société. Il est noté avec préoccupation les obstacles considérables auxquels sont confrontés les jeunes handicapés, notamment la stigmatisation, la discrimination et le manque d’appareils et de technologies d’assistance accessibles et de plateformes numériques adaptées, mettant en péril leur jouissance du droit à l’éducation dans un contexte de pauvreté et de sous-emploi.

 

Enfin, le préambule exprime des inquiétudes quant aux lacunes des cadres juridiques et réglementaires qui garantissent la sécurité des données personnelles des jeunes, face aux menaces émergentes en matière de cybersécurité, les exposant à des violations potentielles de leur vie privée.

 

Nouvelles actions et initiatives

 

Des 19 paragraphes opérationnels de cette résolution programmatique, nous signalons à l’attention des lecteurs uniquement les éléments totalement nouveaux par rapport aux documents précédents similaires :

 

Mise en œuvre de la décision de l’Assemblée générale des Nations Unies de convoquer une réunion plénière de haut niveau d’une journée de l’Assemblée, au niveau des chefs d’État et de gouvernement et avec la participation pleine et effective des jeunes, lors du débat général de la quatre-vingtième session de l’Assemblée, en 2025, pour commémorer le trentième anniversaire du Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà, en vue de relever les défis auxquels sont encore confrontés les jeunes dans la réalisation de leur plein potentiel et de leurs droits humains.

 

Les États membres doivent s’acquitter de tâches juridiques et politiques importantes, notamment :

 

  • La participation et la représentation des jeunes dans les processus politiques institutionnels et l’élaboration des politiques qui sont faibles par rapport à celles des autres groupes d’âge et les jeunes ne sont pas représentés de manière proportionnelle dans les institutions politiques, telles que les parlements, les partis politiques et les administrations publiques ;

 

  • Les États sont instamment priés, en consultation avec les organisations dirigées par des jeunes et axées sur la jeunesse, de promouvoir de nouvelles initiatives pour la participation pleine, effective, structurée, durable, sûre et significative des jeunes aux processus décisionnels et au suivi pertinents, dans les domaines politique, économique, social et culturel, y compris dans la conception et la mise en œuvre des politiques, programmes et initiatives, en particulier lors de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 .

 

Les États sont invités à :

 

  • garantir un environnement sûr et propice à une participation significative des jeunes qui respecte pleinement le droit à la liberté d’opinion et d’expression et les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association, conformément aux instruments internationaux pertinents et applicables des droits de l’homme ;

 

  • prendre les mesures nécessaires pour garantir le respect du droit des jeunes à la liberté d’expression et leur sécurité dans l’espace numérique, notamment en les éduquant mieux à l’environnement numérique et en développant des outils numériques adaptés aux jeunes, ainsi qu’en les protégeant efficacement des menaces en ligne.

 

Les objectifs très récents liés à la jeunesse sont également soulignés avec pertinence :

 

  • Reconnaître le potentiel des technologies nouvelles et émergentes, notamment l’intelligence artificielle, pour autonomiser les jeunes et les aider à développer pleinement leur potentiel, et encourager les États à adopter des mesures spécifiques pour garantir que les jeunes puissent jouir de tous leurs droits en toute sécurité et sans crainte d’intimidation dans l’espace numérique et qu’ils aient accès à la justice et à des recours efficaces en cas de violations ;

 

  • le Conseil appelle tous les États et autres parties prenantes concernées à élaborer des initiatives en matière d’éducation aux droits de l’homme pour les jeunes, en tenant compte, le cas échéant, du plan d’action pour la quatrième phase (2020-2024) du Programme mondial d’éducation aux droits de l’homme, et à associer les jeunes à ces efforts en tant que partenaires clés.

 

Sur un autre sujet d’actualité, le Conseil exhorte les États à s’attaquer aux difficultés rencontrées par les filles et les jeunes femmes, ainsi qu’aux stéréotypes sexistes qui perpétuent toutes les formes de discrimination et de violence à leur égard, notamment les pratiques néfastes, en ligne et hors ligne, et les rôles stéréotypés des femmes et des hommes qui entravent le développement social, en réaffirmant l’engagement en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes et des droits fondamentaux de toutes les femmes et de toutes les filles, et à mobiliser, éduquer, encourager et soutenir les hommes et les garçons pour promouvoir l’égalité des sexes.

 

Par une disposition originale de la résolution, le Conseil encourage les États à mener des politiques cohérentes en faveur de la jeunesse par le biais de consultations inclusives et participatives avec les jeunes et les parties prenantes concernées dirigées par les jeunes et axées sur les jeunes et les partenaires du développement social dans l’intérêt de l’élaboration de politiques et de programmes de jeunesse intégrés, holistiques et inclusifs, ainsi que d’efforts intersectoriels cohérents, fondés sur le Programme d’action mondial pour la jeunesse et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

 

À la lumière de sa propre compétence professionnelle, le Conseil exhorte les États à envisager de traiter, par le biais de l’examen périodique universel et des organes conventionnels, les questions relatives à la jouissance pleine et égale de tous les droits de l’homme des jeunes et à partager les meilleures pratiques qu’ils ont élaborées en matière de réalisation des droits de l’homme des jeunes.

 

Au niveau organisationnel, le Conseil encourage les États et les organismes des Nations Unies à collaborer largement avec le Bureau de la jeunesse des Nations Unies, dirigé par le Sous-Secrétaire général pour la jeunesse.

 

Une décision importante a été annoncée : le thème de la prochaine table ronde biennale, qui se tiendra pendant la soixantième session du Conseil des droits de l’homme, sera le rôle des jeunes dans la promotion de sociétés pacifiques et la création d’un environnement propice à la jouissance des droits de l’homme par tous. Le Haut-Commissariat est prié d’organiser cette table ronde après consultation des jeunes et des organisations dirigées par des jeunes et d’établir un rapport de synthèse sur la table ronde pour examen par le Conseil à sa soixante et unième session.

 

La dernière disposition de fond de la résolution à l’étude contient une demande adressée au Haut-Commissariat, en consultation avec les États et les parties prenantes concernées, notamment les organismes compétents des Nations Unies, le Bureau de la jeunesse des Nations Unies et le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse, les organes conventionnels, les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, les institutions nationales des droits de l’homme, la société civile et les représentants des organisations de jeunesse, de mener une étude détaillée sur l’impact des problèmes de santé mentale sur la jouissance des droits de l’homme par les jeunes et de soumettre l’étude au Conseil pour examen avant sa soixante-troisième session ;

 

Finalement, le Conseil a décidé de rester saisi de la question, ce qui signifie que le point Jeunesse et droits de l’homme continuera à figurer à l’ordre du jour des futures sessions.

 

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1 COMMENTAIRE

  1. Une subtile explosion de “jeunisme” à ne pas confondre avec jaunisse ou comment faire tourner les tables… si possible rondes à la recherche de droits de l’homme… introuvables. Liberté es tu là ? Aucun guéridon n’émet de craquement, aucun des pieds de table ne frappe le sol. Les vieux barbons onusiens à la recherche de “partenaires clés” (sic). Esprit es-tu là ? Saint Esprit ou es tu ? Il ne manque plus que le Vatican, le pape et ses “enfants de chœur”…

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