Dans la foulée de la réunion annuelle des ministres des Affaires étrangères des dix pays membres de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du sud-est) à Bangkok, le Forum régional sur la sécurité s’est ouvert vendredi dans la capitale thaïlandaise. Il associe l’ASEAN à ses principaux partenaires stratégiques, dont les États-Unis et la Chine. Au menu de cette réunion qui s’annonce houleuse: les incidents récents mettant en cause des navires chinois dans les eaux de l’Asie du Sud-Est.
Les manœuvres chinoises en mer de Chine méridionale, y compris une impasse dans la zone économique exclusive du Vietnam, sont au rendez-vous ce vendredi 2 aout du Forum régional sur la sécurité de l’ASEAN à Bangkok.
Parmi ceux-ci, les États-Unis ont défini une «stratégie indo-pacifique» qui défie l’hégémonie maritime chinoise et cherche à resserrer ses liens avec les pays qui s’opposent à Pékin.
Le Vietnam exige que la Chine retire un navire de contrôle et l’escorte de ses eaux près d’un bloc pétrolier au large des côtes.
L’appel du Vietnam à rallier la communauté internationale est en rupture avec ses réponses prudentes habituelles à la Chine, et son souci de régler jusque là ses différends de manière bilatérale.
Félicitations à Rosneft
Le Vietnam semble également bénéficier d’un soutien tacite de la Russie, dont la société pétrolière nationale Rosneft, exploite un bloc pétrolier dans une zone considérée comme sienne par la Chine.
Deux jours après la découverte d’un navire des garde-côtes chinois près du bloc pétrolier en question le 16 juillet, dans le cadre de ce que le groupe de réflexion américain Asia Maritime Transparency Initiative (AMTI) qualifiait de « manière menaçante », l’agence de presse russe Spoutnik a publié un message du président Vladimir Poutine à Rosneft Vietnam pour le développement du bloc.
La Russie fera partie des 27 pays représentés lors de la réunion du forum régional de l’ANASE qui se tiendra vendredi à Bangkok.
Haijing 35111
Seront également présents les ministres des Affaires étrangères du Japon, des États-Unis, de la Chine et de l’Australie, ainsi que ceux des Philippines, de la Malaisie et du Vietnam, récemment touchés par des navires chinois, notamment les garde-côtes et une milice de pêcheurs.
Le même navire Haijing 35111 de la force chinoise de garde-cotes qui s’est présenté près de l’opération de Rosneft au large du Vietnam a également été suivi près d’une plateforme pétrolière sur le plateau continental de la Malaisie en mai, selon le groupe de réflexion AMTI.
En juin, un bateau de pêche chinois avait coulé un navire philippin, laissant 22 membres d’équipage bloqués près du Reed Bank, site de gisements de gaz dans la ZEE des Philippines. La Chine a dit que c’était un accident.
Duterte en difficulté
Lundi 29 juillet, le secrétaire philippin de la Défense, Delfin Lorenzana, a confirmé que cinq navires de guerre chinois avaient traversé la mer territoriale des 12 km de Manille ce mois-ci sans en avertir le gouvernement de Manille. Paradoxe: l’un des principaux alliés de la Chine est le président philippin Rodrigo Duterte, qui méprise les États-Unis et dont la politique étrangère a été saluée par le journal chinois The Global Times la semaine dernière, la qualifiant de «pacifique, coopérative et modérée».
Mais au sein de l’armée Philippine, cet alignement sur Pékin suscite une vive opposition. Selon l’auteur et analyste Richard Heydarian, basé à Manille, Duterte est de plus en plus isolé dans la défense de la Chine.
@ crédit : Reuter