L’Indonésie et Singapour ont condamné l’attaque armée d’un convoi humanitaire de l’ASEAN sur une route reliant Taunggyi, capitale de l’État Shan en Birmanie, à la ville de Hshihseng. Cet acte de violence semble avoir été conçu comme un avertissement adressé à l’ASEAN pour qu’elle n’essaie pas de “s’immiscer” dans les affaires intérieures birmanes juge le Jakarta Post, le jour même de l’ouverture du sommet annuel de l’organisation régionale. L’incident indique également que l’ASEAN ne sera pas en mesure de réaliser des progrès significatifs de sitôt pour convaincre l’armée birmane de mettre fin aux atrocités qu’elle commet contre son propre peuple.
Dans un premier temps, la ministre des affaires étrangères Retno LP Marsudi avait exprimé sa conviction que l’ASEAN, sous la présidence de l’Indonésie, pourrait intensifier la pression sur la junte pour mettre fin à la crise qui frappe la Birmanie depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 contre le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi. Le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, n’a donné aucun signe de respect du consensus en cinq points de l’ASEAN pour le rétablissement de la paix, qu’il a accepté lors d’un sommet d’urgence avec les dirigeants de l’organisation à Jakarta en avril 2021.
L’armée birmane est connue pour sa défiance à l’égard des pressions extérieures. L’incident du week-end est survenu quelques jours avant que les dirigeants de l’ASEAN ne se réunissent pour le sommet semestriel de l’organisation, qui se tient cette année à Labuan Bajo, dans l’est de l’île de Nusa Tenggara. Des diplomates asiatiques se trouvaient à bord du convoi lorsque celui-ci est tombé dans une embuscade et la violence a mis en péril la mission de paix de l’ASEAN. La junte birmane a rapidement accusé des “terroristes” d’être à l’origine de l’attaque, mais elle ne peut se soustraire à ses responsabilités, car le voyage humanitaire n’aurait pu avoir lieu qu’avec son approbation. Les médias locaux ont rapporté lundi que le convoi d’aide avait essuyé des tirs alors qu’il se rendait à une réunion avec l’armée de libération nationale Pa-O (PNLA), une organisation armée ethnique, pour des pourparlers sur l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils déplacés à l’intérieur du pays.
La délégation comprenait des fonctionnaires des ambassades de Singapour et d’Indonésie, ainsi que des fonctionnaires de la junte et des représentants du centre de coordination de l’ASEAN pour l’aide humanitaire et la gestion des catastrophes (centre AHA).
