Le 1er décembre, l’Union européenne et l’ASEAN ont pris ensemble la décision d’établir un partenariat stratégique. Les dix dernières années ont été marquées par des progrès constants dans les relations UE-ASEAN, parfois rapides, parfois plus lents, mais au moins toujours avec le même objectif à l’esprit.
En fait, c’est il y a dix ans que l’ASEAN et ses partenaires ont modifié l’un de leurs principaux traités – le traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est – pour permettre l’adhésion d’organisations régionales, par opposition aux États.
L’UE a ensuite signé le traité en 2012 et reste la seule organisation régionale à l’avoir fait. Catherine Ashton a coprésidé la réunion ministérielle UE-ASEAN de 2014, qui a d’abord convenu d’œuvrer à la transformation du partenariat en un partenariat stratégique.
Nous avons ouvert la mission de l’UE auprès de l’ASEAN avec un ambassadeur dédié en 2016 et au cours de cette décennie, nous avons vu la Corée, l’Inde, l’Australie, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et la Russie se joindre à la Chine et au Japon pour être reconnus comme partenaires stratégiques de l’ASEAN. Mais pas l’Union européenne.
Leçons à tirer
Il y a des leçons importantes à tirer de ce processus. Tout d’abord, les progrès peuvent prendre du temps, notamment pour établir une relation avec un autre organisme régional ayant sa propre perspective stratégique et des intérêts différents parmi ses propres États membres.
Les premiers pas en avant ont été faits dans la décennie qui a suivi la “double expansion” de l’UE et de l’ASEAN, après la fin de la guerre froide. Nous devons donc saisir d’autres opportunités lorsqu’elles se présentent maintenant.
Nouvelle dynamique
La tension accrue entre les États-Unis et la Chine a créé une nouvelle dynamique dans la région. L’ASEAN ne veut pas “choisir son camp” et nous ne lui demandons pas de le faire. Mais face à cette rivalité, elle cherche de nouveaux piliers pour renforcer sa stabilité et sa prospérité.
La fiabilité et la cohérence de l’UE sont des atouts de plus en plus appréciés. Ceux qui les ont le plus défendues politiquement dans la région – l’UE et le Japon – sont de plus en plus considérés comme les partenaires les plus fiables en termes de soutien à l’ordre international fondé sur des règles, même si nous ne sommes pas considérés comme les acteurs les plus puissants de la région.
Toujours des différences
Il y aura toujours des différences entre amis, et c’est vrai aussi pour l’UE et l’ASEAN. Ces dernières années, l’une des difficultés que nous avons rencontrées dans nos relations a concerné l’huile de palme et sa place dans notre régime des biocarburants. Ces divergences n’ont pas disparu – en effet, un processus de règlement des différends est en cours à l’OMC sur cette question.
Nous avons toutefois convenu de lancer le dialogue sur les questions touchant à sa production et à sa durabilité en respectant la devise de Jean Monnet: “Faire travailler les hommes ensemble ; leur montrer qu’au-delà de leurs différences et de leurs frontières géographiques, il existe un intérêt commun”.
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