Nous reproduisons ici des extraits d’un article du Figaro dont nous vous recommandons la lecture.
Un puissant séisme de magnitude 7,7 a frappé vendredi la Birmanie en plein cœur, à quelque 17 kilomètres de la capitale économique du pays, Mandalay, ville de plus d’un million d’habitants. L’onde de choc a été ressentie en Inde et jusqu’à Bangkok en Thaïlande à plus de 1000 kilomètres de Mandalay. Près de l’épicentre, situé entre 10 et 30 km sous la surface, l’intensité pourrait avoir atteint une valeur de IX ! « Nous sommes dans des ordres de grandeur comparables à ceux du séisme de Kahramanmaraş qui a touché la Turquie en février 2023», souligne Nathalie Feuillet, professeur de géophysique à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Une catastrophe qui avait coûté la vie à près 55 000 personnes.
«Dans des pays peu préparés avec des constructions mal adaptées aux séismes, un tremblement de terre comme celui-ci provoque d’énormes dégâts, prévient Marc-André Gutscher, géo-océanographe à l’université de Brest. L’institut de référence américain sur les tremblements de terre, l’USGS, anticipe ainsi de très lourds dégâts humains et économiques en Birmanie : au moins 1000 morts et un milliard de dollars. Mais potentiellement 10 à 100 fois plus dans les cas les plus défavorables. Nous n’avons pour l’instant aucun bilan officiel des autorités birmanes, mais la junte militaire a très rapidement lancé un appel à l’aide internationale.
Estimation préliminaire du risque de dégâts humains et matériels selon l’USGS.
Coincée entre les gigantesques plaques indienne et eurasienne, la plaque birmane est une micropolaque tectonique comprimée par des forces sismiques contradictoires. Liée au mouvement des deux autres, elle est d’ailleurs issue de leur confrontation. « L’Inde se déplace vers le nord par rapport à ce bloc birman. Et la partie sud-est asiatique se déplace vers le sud, explique Marc-André Gutscher. Le petit bloc birman se trouve un peu coincé entre les deux domaines. On est un contexte comparable à la faille de San Andreas en Californie avec un décrochement dextre. » Autrement dit, les deux plaques se déplacent de manière parallèle vers la gauche, pour un observateur situé d’un côté ou de l’autre. La plaque indienne avance à une vitesse soutenue, environ quatre centimètres par an, qui est accompagné par un mouvement rotatif. « C’est une zone réputée pour son potentiel sismique », note Marc-André Gutscher.
En Birmanie, cette accumulation de contraintes se traduit par une très grande faille, la faille de Sagaing. Selon une étude publiée en 2011 dans Geophysical Letters, elle mesure plus de 260 kilomètres. C’est elle qui s’est rompue ce vendredi. «Concrètement, les deux compartiments de la faille se sont déplacés de cinq mètres sur plus d’une centaine de kilomètres, explique Nathalie Feuillet. Le mouvement des plaques tectoniques s’accumule le long de la faille pendant plusieurs centaines d’années, il est relâché lors du séisme. Ce type de faille est segmentée et les segments ont tendance à casser les uns après les autres. Le segment situé près de Mandalay n’avait pas rompu depuis très longtemps. Il a accumulé des contraintes jusqu’au seuil de rupture.»
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