La Birmanie a été violemment frappée par un séisme dévastateur. Selon les informations recueillies tout au long de la journée du vendredi 28 mars, le tremblement de terre, survenu à 13h20, a ravagé plusieurs régions du pays. Son épicentre, situé près de la ville de Sagaing, à environ 2 000 kilomètres de Bangkok, a provoqué des secousses ressenties jusqu’en Thaïlande. Dans la capitale thaïlandaise, l’effondrement d’un immeuble en construction a causé une dizaine de morts et plus de 100 disparus, illustrant l’ampleur de l’impact de la catastrophe bien au-delà des frontières birmanes.
Bangkok sinistrée
Les images les plus impressionnantes de ce séisme de 7,7 sur l’échelle de Richter sont venues de Bangkok. Dans la capitale thaïlandaise, hérissée de gratte-ciel construits sur un sol marécageux – la ville s’enfonce chaque année un peu plus – les clichés et les vidéos de bâtiments de plus de trente étages en train d’osciller de plusieurs mètres, et celles de piscines en altitude déversant leur contenu sur la chaussée, ont de quoi impressionner et faire peur.
Pour l’heure, la situation semble moins alarmante : un seul immeuble en construction dans le district de Chatuchak s’est effondré, et le bilan des victimes reste provisoire. La Première ministre s’est rendue sur place pour inspecter les opérations de secours et évaluer l’ampleur des dégâts. Mais qu’en sera-t-il lors des répliques attendues ? De nombreux buildings présentent des fissures inquiétantes, faisant peser une menace bien réelle sur cette mégapole. Déjà, 11 provinces ont signalé des dommages, parmi lesquelles Samut Sakhon, Chiang Mai, Chiang Rai, Phrae, Mae Hong Son, Lampang, Chainat, Lamphun, Loei, Kamphaeng Phet et Bangkok. Des évaluations sont en cours dans d’autres régions pour mieux cerner l’ampleur de la catastrophe.
Des populations hors d’atteinte
L’ampleur des dommages causés par le tremblement de terre en Birmanie sera difficile à évaluer. Le pays est en guerre, contrôlé depuis le coup d’État du 1er février 2021 par le régime militaire. L’état d’urgence a été déclaré dans six régions centrales. L’ancienne capitale Mandalay est très affectée. Un pont s’est écroulé. Une partie des remparts du palais royal ont été endommagés. Pour l’heure, le bilan officiel s’élève à environ 200 morts et 800 blessés. Mais ces chiffres vont très probablement augmenter rapidement. Les infrastructures médicales birmanes, dans les zones touchées, ne permettent pas de faire face à une catastrophe naturelle de cette ampleur. L’appel à l’aide internationale, lancé par le régime, démontre que les besoins sont criants.
Le régime militaire laissera-t-il les organisations non gouvernementales et les Nations unies accéder aux zones reculées, sous contrôles des groupes rebelles et ethniques en lutte contre le gouvernement dominé par l’armée ? L’expérience du cyclone Nargis, en 2008, a montré que les autorités peuvent se montrer inflexibles lorsque les populations concernées ne leur sont pas favorables. Point à noter : l’Inde, l’ASEAN et la Chine, frontalières de la Birmanie, se sont déclarées prêtes à aider ce pays. Le sud de la Chine est d’ailleurs aussi touché par le séisme.
Le tourisme
Les vols internationaux à destination de Bangkok ainsi que les liaisons domestiques en Thaïlande et les dessertes régionales en Asie du Sud-Est n’ont pas été interrompus. Il est donc toujours possible de se rendre en Thaïlande et en Birmanie, où l’aéroport de Rangoun, la capitale économique, reste opérationnel. En Thaïlande, où les dommages semblent relativement limités, l’activité touristique ne semble pas menacée. Toutefois, à Bangkok, des inspections d’urgence devront être menées sur les nombreux bâtiments affectés par le séisme afin d’évaluer les risques et garantir la sécurité des habitants et des visiteurs.
Questions sur l’aide internationale
Plusieurs organisations non gouvernementales ont lancé des appels aux dons, tandis que la France, la Suisse et la Commission européenne ont fait part de leur volonté d’apporter leur aide. Le souvenir du tsunami du 26 décembre 2004, qui avait mobilisé des dizaines de milliards de dollars d’aide en faveur de l’Indonésie, de la Thaïlande et du Sri Lanka, reste présent dans les esprits. Cependant, la situation en Birmanie est bien différente. Moins familière des touristes occidentaux, le régime militaire au pouvoir pourrait chercher à contrôler et orienter l’aide humanitaire. Les prochains jours seront déterminants pour mesurer l’ampleur réelle de la catastrophe et la réponse qui pourra y être apportée.
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