Une chronique économique de Sam Rainsy
L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en novembre 2024 annonce une nouvelle vague de politiques protectionnistes qui pourraient sévèrement affecter l’économie chinoise. L’administration Trump prévoit une approche ferme envers la Chine, avec des mesures telles que l’augmentation des taxes à l’importation, des incitations pour la relocalisation des entreprises américaines, et des restrictions renforcées sur les échanges technologiques. Ces politiques risquent d’exacerber les difficultés structurelles et conjoncturelles auxquelles la Chine fait déjà face, projetant une ombre inquiétante sur la Bourse de Shanghai.
Le protectionnisme et son impact économique
Avec le retour de Trump à la Maison-Blanche, une hausse des taxes sur les importations chinoises devrait figurer parmi les premières actions entreprises. Lors de son premier mandat, les droits de douane avaient déjà durement impacté les exportations chinoises, les États-Unis étant l’un des principaux marchés de la Chine. La perspective de nouveaux tarifs et de barrières commerciales soulève des inquiétudes quant à une perte accrue de demande, des coûts de production en hausse et une réduction des marges bénéficiaires pour les exportateurs chinois. Ce coup porté aux exportations serait particulièrement difficile à surmonter pour le secteur manufacturier chinois, qui fait déjà face à une concurrence mondiale intense.
Parallèlement, l’administration Trump devrait intensifier ses efforts pour encourager la relocalisation des entreprises américaines. Ces mesures risquent de priver la Chine d’investissements étrangers et de créations d’emplois, surtout dans des régions industrielles clés dépendant des capitaux mondiaux. Les entreprises américaines, incitées à rapatrier leurs activités, pourraient affaiblir la capacité de production de la Chine et accroître le chômage, aggravant les difficultés d’une économie dépendante de la présence étrangère pour alimenter sa croissance.
Les restrictions technologiques attendues constitueraient également un sérieux revers pour la Chine. L’accent mis par Trump sur la limitation des échanges technologiques pourrait de nouveau cibler des secteurs essentiels comme les semi-conducteurs et l’intelligence artificielle. Des entreprises chinoises comme Huawei et SMIC, déjà sanctionnées dans le passé, pourraient voir leur accès aux composants critiques et aux technologies avancées encore plus limité. Cette dépendance technologique représente une vulnérabilité majeure pour la Chine, ralentissant son rythme d’innovation et compromettant ses aspirations d’autosuffisance.
Un contexte économique interne fragile et une bourse de Shanghai précaire
Ces pressions externes surviennent alors que l’économie chinoise est déjà confrontée à des défis internes. Le vieillissement de la population menace la durabilité de la croissance à long terme, avec une main-d’œuvre en déclin et des coûts sociaux croissants. Par ailleurs, la crise immobilière a ébranlé les fondations de l’économie chinoise : baisse des prix, demande en chute et dette massive des promoteurs comme Evergrande mettent en péril la stabilité financière du pays.
S’ajoute à ces défis la mainmise croissante du Parti Communiste Chinois sur les entreprises privées. En imposant un contrôle politique accru sur les entreprises, le PCC réduit leur autonomie et leur flexibilité dans un marché de plus en plus mondialisé. Cette intervention de l’État génère de l’incertitude chez les investisseurs, qui craignent un manque de transparence et l’arbitraire des politiques qui pourraient nuire à la croissance et à la rentabilité des entreprises.
Les marchés financiers ont tendance à anticiper et amplifier les tendances économiques, surtout lorsque celles-ci signalent des difficultés. La Bourse de Shanghai, déjà affaiblie par une série de revers économiques, pourrait être durement frappée par le renouvellement des restrictions commerciales et technologiques de l’administration Trump. Avec des doutes croissants sur la compétitivité et les perspectives de croissance des entreprises chinoises, les investisseurs internationaux pourraient retirer leurs capitaux, déclenchant une chute brutale des cours boursiers.
Le gouvernement chinois pourrait tenter de stabiliser le marché par des mesures temporaires, mais ces interventions sont peu susceptibles de fournir un soutien durable. Si une administration centralisée peut souvent contrôler les fonctions bureaucratiques, les marchés financiers sont moins sensibles aux directives autoritaires. Une confiance durable des investisseurs repose sur des réformes structurelles profondes plutôt que sur des ajustements de court terme.
Des perspectives sombres pour l’économie Chinoise
En résumé, l’élection de Donald Trump représente un défi de taille pour une économie chinoise déjà en difficulté. Les politiques protectionnistes visant à réduire les exportations chinoises, limiter les investissements étrangers et restreindre l’accès aux technologies avancées créent un environnement économique hautement incertain. L’impact cumulé de ces difficultés structurelles, aggravé par les tensions commerciales, devrait se répercuter sur la Bourse de Shanghai, annonçant une période de forte volatilité.
À long terme, la Chine pourrait être contrainte de repenser en profondeur son modèle économique pour s’adapter à ce contexte difficile. Mais la vraie question demeure : compte tenu de sa nature intrinsèque, le Parti Communiste Chinois peut-il se réformer pour devenir économiquement efficient sans perdre le pouvoir dans un processus de réforme nécessairement transparent ? Pour l’heure, l’avenir semble sombre pour l’économie chinoise, et la Bourse de Shanghai pourrait continuer de porter le poids de cette incertitude et de ces tensions économiques.
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Absurde. La Chine n’a rien a craindre : la Chine représente un quart de l’humanité, une civilisation cinq fois millénaire et aujourd’hui première puissance économique du monde. Les Etats-Unis sont un royaume barbare à peine romanisé, qui craint l’éclair et le tonnerre et qui pratique la culture du contrat, comme nous à l’époque mérovingienne (et sous le traité de Maastricht aussi, d’ailleurs). C’est plié.