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ASIE – ÉCONOMIE – Pourquoi les bourses chinoises décrochent à cause du coronavirus ?

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 04/02/2020
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Le risque d’une contagion économique du coronavirus est désormais réel. La réouverture compliquée, lundi 3 février, des bourses de Shanghai et de Hong Kong l’a démontré. Toutes deux ont dégringolé de prés de 8%. Et malgré l’annonce du gouvernement chinois d’un plan d’investissement à hauteur de 156 milliards d’euros pour compenser les pertes causées par l’épidémie, l’heure est à l’inquiétude. Les explications de l’excellent site Asialyst que vous pouvez retrouver ici.

 

Nous reproduisons ici un extrait de l’analyse de l’économiste Jean Raphael Chaponnière pour Asialyst, dont nous recommandons la lecture ici.

 

L’épidémie de coronavirus est plus grave que celle du SRAS en 2003. S’il est trop tôt pour évaluer ses conséquences sur l’économie chinoise, on prend moins de risque en prévoyant que son impact sur l’économie mondiale sera plus élevé que celui du SRAS.

 

Le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) est apparu en novembre 2002 dans la province du Guangdong où pour la première fois, le virus a franchi la barrière entre animal et humain. Les autorités provinciales ont attendu février 2003 pour faire une annonce officielle. Au niveau national, l’alerte n’a été donnée qu’en avril. Entre-temps, des milliards de SMS faisant référence au SRAS s’étaient échangés. Alors correspondant du Washington Post, John Pomfret rapportait que du 8 au 10 février, le message « Il y a une grippe fatale dans le Guandong » avait été envoyé 126 millions de fois à Canton. Le SRAS a atteint Pékin le 5 mars et le nombre de cas a augmenté de 339 en avril à 1 000 une semaine plus tard. À la fin du mois, plus d’un million d’habitants (10 % de la population) s’était rendu à la gare de l’Ouest et avaient fui la capitale.

 

La grande peste du XIVème siècle

 

Lorsque l’alerte a été confirmée au niveau international, le SRAS a été présenté comme un super virus comparable à la grande peste qui avait décimé la moitié de la population européenne à la fin du XIVème siècle. Ces prévisions ne se sont pas réalisées. L’épidémie a connu trois épisodes : celui de novembre 2002 à juin 2003, suivi de deux répliques de très faible ampleur entre décembre 2003 et janvier 2004 et entre mars et mai 2004 ; puis le virus a disparu. Le bilan final a atteint 778 décès et 8000 cas dans le monde. Les premières estimations des conséquences économiques étaient alarmantes, et les analyses menées plus tard ont montré que le SRAS aurait provoqué des pertes significatives (une baisse de 3 points de la croissance) au deuxième trimestre 2003 lorsque l’épidémie était à son pic. Sur l’année, le coût aurait représenté 2 % du PIB. Le SRAS a provoqué une pause de l’économie qui a repris son cours et a renoué avec une croissance à plus de 10 % jusqu’en 2008.

 

Propagation plus rapide

 

L’épidémie de coronavirus est d’ores et déjà plus grave que celle du SRAS car sa vitesse de propagation est plus rapide. La Chine dotée de plusieurs milliers de kilomètres de TGV est plus connectée qu’en 2003 et vacances aidant, l’épidémie s’est propagée à toutes les provinces. Les mesures prises sont sans précédent dans le monde avec le confinement de près de 60 millions d’habitants. L’épidémie éclate dans une Chine très différente de celle du SRAS : elle est beaucoup plus riche et sa croissance qui n’a plus les mêmes moteurs, n’est pas aussi forte. Elle fait face à des vents contraires : freinage du crédit pour freiner l’endettement qui avait fortement progressé depuis la crise mondiale de 2008, guerre commerciale sino-américaine.

 

La «Detroit chinoise»

 

Situé à l’épicentre de l’épidémie, Wuhan est la capitale de la province du Hebei (4 % du PIB de la Chine). La « Detroit chinoise » accueille Renault, PSA, Nissan, Smart et Valéo. Sa production automobile est celle de la France avec 1,4 million de véhicules. Sur le court terme, l’impact de la crise sera limité car les ventes d’automobiles diminuent depuis plusieurs mois. Par contre, l’arrêt des sous-traitants désorganise la filière dans le pays et au-delà.

 

Les deux autres secteurs directement affectés par les mesures drastiques du gouvernement sont le transport (4 % du PIB) et le commerce de détail (7 %). S’il n’y a pas de substitut au déplacement des personnes, l’e-commerce est une alternative à la fréquentation des échoppes ou des centres commerciaux. Son chiffre d’affaires représente 36 % du commerce de détail, un pourcentage bien plus élevé que dans de nombreux pays dont la France où il se limite à 9 %. Toutefois, les produits achetés sur les sites n’étant pas encore livrés par des drones, leur distribution subit le contrecoup des mesures de confinement. Le recours au commerce en ligne réduira tout de même l’impact de l’épidémie sur les ventes.

 

(…)

 

Si la crise sanitaire actuelle se révèle plus grave que celle du SRAS, elle risque de modifier le comportement des ménages en les amenant à augmenter leur épargne de précaution pour mieux assurer leur santé. S’il se confirme, ce changement réduirait la croissance de l’économie chinoise

 

Impact sur l’Asie du sud est

 

À l’époque du SRAS, le PIB chinois était à la sixième place mondiale derrière le PIB français. Les importations chinoises représentaient 5 % du total mondial. Aujourd’hui, le PIB chinois est à la seconde place. La Chine est le premier exportateur et le premier importateur mondial : elle absorbe le quart des exportations de la planète. Elle pèse plus et s’insère davantage dans l’économie mondiale à travers les échanges de services et de marchandises.

 

Le tourisme est la première chaîne de transmission de l’épidémie vers l’extérieur. En 2003, 20 millions de Chinois ont passé des vacances à l’étranger. En 2019, ils étaient 150 millions. La Thaïlande est une destination privilégiée et c’est là qu’est apparu le 13 janvier le premier cas de coronavirus en dehors de Chine – le pays a connu 13 autres cas depuis. La diffusion s’est opérée vers l’Asie du Sud-Est, les États-Unis, l’Europe et jusqu’en Côte d’Ivoire.

 

Cour dur pour la Thaïlande

 

C’est à travers le tourisme que se diffusent les premières conséquences économiques de la crise chinoise. En 2019, onze millions de touristes – un cinquième des entrées – ont visité le royaume thaï. Au Vietnam, ils étaient 6 millions sur 18 millions de touristes. Au Japon qui accueille les Jeux Olympiques fin juillet – début août, 30 % des touristes étrangers sont chinois sur 7,4 millions. À Pékin, le gouvernement a interdit les départs de groupes et sa décision est un coup dur pour la Thaïlande où le tourisme fait vivre 6 millions de personnes. La baisse des entrées de touristes chinois a un impact sur le tourisme en France et les ventes des produits de luxe.

 

Les vacances du Nouvel An chinois sont prolongées : la Chine tournera au ralenti jusqu’au 10 février. Une situation qui affecte l’industrie mondiale : selon Bloomberg, Wuhan est à la 13ème place des villes chinoises classées selon leur rôle dans les chaines globales de production. La Chine est un maillon essentiel dans l’industrie électronique mais également dans la pharmacie avec 80 % des substances actives « made in China ». Une aggravation n’affectera pas seulement l’industrie mondiale, l’automobile ou l’électronique, mais l’économie globale qui ralentit depuis plusieurs mois.

 

Pour retrouver l’intégralité du texte, cliquez ici.

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