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ASIE – EUROPE : Le développement social, ça existe encore ?

Date de publication : 17/02/2025
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63e session de la Commission des Nations Unies pour le développement social

 

Une chronique géopolitique de Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande

 

L’événement le plus récent dans le domaine de la diplomatie multilatérale est la 63e session de la Commission des Nations Unies pour le développement social (New York, du 10 au 14 février 2025). Le représentant de la Pologne, l’ambassadeur Krzysztof Maria Szczerski, préside la session. En 2025, la Commission est composée de 39 membres élus pour un mandat de quatre ans. L’Asie est représentée par les États suivants : Afghanistan, Bangladesh, Chine, Inde, Iran, Japon, Qatar, Arabie saoudite, Tadjikistan et Turkménistan.

 

Le thème prioritaire de la session actuelle est le renforcement de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la cohésion sociale pour accélérer la mise en œuvre des engagements de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et du Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social ainsi que la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable.

 

Le document principal utilisé pour les débats de la session s’intitule Renforcer la cohésion sociale par l’inclusion sociale, qui est un rapport présenté par le Secrétaire général de l’ONU, texte à partir duquel nous analyserons dans cette chronique les considérations directement liées aux valeurs fondamentales de solidarité et de confiance.

 

Éléments essentiels

 

La première référence à la solidarité apparaît dans le contexte suivant : Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies est centré sur les personnes, comme en témoigne sa promesse générale de ne laisser personne de côté. Placer le bien-être des personnes comme objectif principal du développement nécessite une cohésion et une inclusion sociales renforcées, soutenues par une solidarité approfondie et une confiance accrue au sein des pays et entre eux.

 

La valeur de la solidarité est également rappelée dans l’affirmation selon laquelle les sociétés fondées sur l’inclusion, la justice sociale et la solidarité peuvent plus facilement augmenter les investissements dans les politiques qui sont essentielles à la progression du progrès social.

 

Dans le même contexte, il a été reconnu qu’un manque de confiance affaiblit la solidarité et la cohésion sociale, ce qui conduit à des divisions sociales plus importantes, avec des effets néfastes sur la croissance économique et sur les efforts visant à éliminer la pauvreté et la faim. Il érode également le soutien à l’investissement public dans les services de base et entrave l’accès aux opportunités et aux services de base, tels qu’une éducation de qualité, les soins de santé, la nutrition des enfants, l’assainissement, l’énergie propre et bien plus encore.

 

Ce constat conduit à interpréter la cohésion des sociétés modernes comme ancrée dans un sentiment d’égalité de traitement, d’égalité d’accès aux opportunités et de valeurs communes de solidarité et de coopération. Elle repose également sur la confiance des citoyens dans leurs gouvernements, qui, dans une société cohésive, sont responsables, transparents et légitimes.

 

Plus précisément, le rapport affirme que les inégalités et les obstacles à la mobilité sociale affaiblissent le sentiment d’unité d’une société et, par conséquent, sapent la cohésion sociale, la solidarité et le sentiment d’inclusion. Depuis les années 1990, les inégalités de revenus ont augmenté dans la plupart des pays ; la différence de revenus entre les 10 % les plus riches et les 50 % les plus pauvres au sein des pays a presque doublé. C’est le type d’inégalité le plus ressenti au quotidien, et il porte directement atteinte à la cohésion sociale et à la confiance des citoyens dans les institutions gouvernementales.

 

Dans le même temps, il convient de noter que plusieurs grandes tendances, notamment la demande accrue d’emplois verts et numériques et la promotion de la solidarité intergénérationnelle face au vieillissement de la population, sont autant d’opportunités de créer des emplois décents, d’accroître les recettes fiscales et d’augmenter les cotisations à l’assurance sociale, réduisant ainsi la pression sur les régimes de protection sociale non contributifs.

 

Il est également utile de souligner que, selon le rapport à l’étude, fondée sur la confiance et les principes de solidarité, une approche universelle de la protection sociale garantit la sécurité des revenus et le soutien tout au long de la vie grâce à une combinaison de régimes contributifs et non contributifs, tout en favorisant un sentiment d’équité et d’inclusion. Il est également ajouté qu’un système fiscal progressif avec des objectifs redistributifs clairs, fondés sur les principes de solidarité, est également essentiel pour réduire les inégalités de richesse et de revenu, tout en renforçant la cohésion sociale.

 

Le deuxième Sommet social mondial prévu à Doha en novembre 2025, parmi d’autres événements mondiaux qui auront lieu dans les prochaines années, offrira une nouvelle opportunité de s’appuyer sur les accords existants et de faire progresser les actions contenues dans le Pacte en soutenant la cohésion sociale, la solidarité et l’inclusion sociale partout dans le monde.

 

Cependant, dans la pratique, la confiance semble décliner. Dans les pays pour lesquels des données existent, 57 % des personnes déclarent avoir peu confiance dans leur gouvernement. Dans la majorité des pays, la proportion de personnes qui déclarent ne pas avoir confiance dans leur gouvernement a augmenté depuis le milieu des années 2000, en particulier dans les pays en développement.

 

Ce constat est inquiétant, car la confiance, tant entre les personnes qu’à l’égard des institutions, est essentielle à la mise en œuvre et au financement des politiques. Un manque de confiance affaiblit la solidarité et la cohésion sociale, ce qui conduit à des divisions sociales plus importantes, avec des effets néfastes sur la croissance économique et sur les efforts visant à éliminer la pauvreté et la faim.

 

Sensible aux réalités, le rapport prévient : « La désunion et la méfiance croissantes au niveau international affaiblissent la capacité des gouvernements à agir collectivement pour s’attaquer à des problèmes complexes et transfrontaliers, tels que la transition numérique et la crise climatique. Au cours des deux dernières décennies, la confiance dans les Nations Unies a diminué, même si, à 43 %, elle reste à un niveau plus élevé que la confiance dans les gouvernements nationaux ».

 

Conclusion

 

La dernière section du rapport de l’ONU contient des recommandations pratiques. La première mérite d’être reproduite expressis verbis. « Le renforcement de la confiance et de la cohésion sociale est au cœur de la vision des États membres pour l’avenir. À cette fin, ils se sont engagés, dans le cadre de l’action du Pacte pour l’avenir, à investir dans les personnes pour mettre fin à la pauvreté, promouvoir une couverture sanitaire universelle, accroître l’accès à l’éducation et à la protection sociale et améliorer les possibilités de travail décent ».

 

Le dernier paragraphe du rapport est orienté vers l’action. Il s’agit d’un appel au renforcement de la coopération internationale pour le développement social. Pourquoi ? La réponse est convaincante. La vie montre qu’un système multilatéral consolidé et ses institutions « sont essentiels pour aider les États membres à atteindre leurs objectifs de développement social dans un monde en mutation, en particulier sur des questions complexes et transfrontalières. Un système adapté au présent et à l’avenir doit être juste, démocratique, équitable, représentatif, inclusif et financièrement stable. »

 

Cela nécessitera de respecter les engagements du Pacte pour l’avenir, qui peuvent permettre aux États membres de répondre aux défis et aux opportunités d’aujourd’hui, véritablement guidés par la confiance et la solidarité.

 

Espérons que le deuxième Sommet mondial pour le développement social de Doha, en novembre 2025, offrira une occasion fructueuse de générer un consensus sur un système multilatéral dont on attend avec optimisme qu’il assure un développement socialement inclusif pour les peuples du monde entier.

 

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2 Commentaires

  1. Quelle logomachie onusienne nous est servie chaque semaine ! Merci ! La seule efficacité de ce « machin » disait-il, il y a bien longtemps !
    L’appel au renforcement social quand nos systèmes sociaux occidentaux, en Europe de l’ouest, en France en particulier, certes importants, sont mis à mal et détricotés et fort détériorés (chômage, retraite, renoncement des soins, etc…). Qu’en est-il en Roumanie ?
    « Objectifs de développement social dans un monde en mutation, en particulier sur des questions complexes et transfrontalières » ; traduction s’il vous plait, merci ? S’agit-il de la prise en charge sociale des opérations de restauration corporelles des trans-genres ? Soyons inclusif jusqu’au bout !

    • Je vous remercie de m’avoir transmis ce commentaire de lecteur, qui témoigne d’un intérêt critique pour les thématiques abordées dans mon article.

      Le développement social est, en effet, un sujet vaste et parfois perçu différemment selon les sensibilités et les contextes nationaux. Loin d’une simple « logomachie », il s’agit d’une réalité qui touche directement la vie de millions de personnes à travers le monde, y compris en Asie, en Europe et en France, où les défis sociaux sont bien réels.

      Quant à la Roumanie, comme ailleurs, les questions liées au chômage, aux retraites et à l’accès aux soins restent au cœur des préoccupations publiques. Toutefois, le développement social ne se résume pas à un cadre national : il s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération et d’échange d’expériences entre les pays, dans un monde où les défis sont de plus en plus interconnectés.

      Enfin, l’expression « objectifs de développement social dans un monde en mutation » renvoie à une réflexion sur l’adaptation des politiques sociales aux transformations économiques, technologiques et sociétales, et non à une approche restreinte à une thématique spécifique.

      Pour plus de détails sur ces questions, j’invite les lecteurs intéressés à ouvrir le document suivant :

      https://documents.un.org/doc/undoc/ltd/n25/034/19/pdf/n2503419.pdf

      Il contient le texte intégral d’une résolution adoptée par consensus par la
      Commission du développement social, soixante-troisième session, New York, 10-14 février 2025.

      Son titre officiel est : « Suivi du Sommet mondial pour le développement social et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale : thème prioritaire : renforcement de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la cohésion sociale pour accélérer la mise en œuvre des engagements de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et du Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social ainsi que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. »

      Le projet de cette résolution a été soumis par le Président de la Commission, Krzysztof Maria Szczerski (Pologne), sur la base de consultations informelles.

      Je reste à disposition pour poursuivre cette discussion, toujours dans un esprit d’échange constructif.

      Bien cordialement,

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