Gavroche s’associe à la tristesse de nos confrères d’Asialyst, l’excellent site d’analyses sur l’Asie dont nous vous recommandons la lecture, après la disparition de l’économiste Jean Raphaël Chaponnière, fin connaisseur de l’Asie du Sud-Est.
Nous reproduisons ici l’hommage d’Asialyst à qui nous adressons toutes nos amicales condoléances. Jean Raphaël venait régulièrement à Bangkok pour des missions d’explorations économiques dont il tirait de passionnants articles.
Jean-Raphaël Chaponnière nous a quittés le 25 juillet à l’âge de 76 ans, après un long combat contre la maladie. Il comptait parmi les meilleurs spécialistes français des économies asiatiques et de la mondialisation. Il avait rejoint Asialyst en 2015, pour devenir très rapidement l’un des piliers de notre équipe. Démontrant une productivité foisonnante, il a rédigé 133 articles entre mai 2015 et l’été 2020, couvrant une diversité de sujets qui illustrent sa curiosité insatiable pour l’Asie et le monde.
Jean-Raphaël Chaponnière a suivi de près la Chine et ses relations chaotiques avec son grand rival américain, mais aussi l’Inde, la Corée et chaque pays d’Asie du Sud-Est qu’il connaissait particulièrement bien. Il était passionné à la fois par les grands mouvements de la mondialisation, les chocs macroéconomiques, et la myriade de changements microéconomiques et sociaux qui structurent l’avenir, avec un intérêt particulier pour les industries de main d’œuvre, les chaînes de valeur électroniques, et sur le plan social pour l’éducation, les inégalités ou la démographie.
Avec Asialyst, Jean-Raphaël avait pris plaisir à rendre son style fluide, vivant et attractif. Il aimait les titres évocateurs comme « Chine, une histoire de zèbres pour comprendre la crise », « Chine-Amérique : je te tiens, tu me tiens… », « L’Asie vue de Lima, ce n’est plus le Pérou », ou encore « Asie : les robots à l’assaut des petites mains ». Il aimait aussi faire de temps à autre des incursions dans l’histoire, revenant sur la crise asiatique de 1997, comparant la présence japonaise en Afrique au début du XXème siècle à celle de la Chine aujourd’hui, analysant le formidable écho en Asie de la victoire navale japonaise de Tsushima sur la Russie en 1905.
L’originalité de l’approche de Jean-Raphaël tient à la diversité de son parcours et de sa culture économique : diplômé de Supelec, ingénieur de recherche au CNRS pendant 18 ans, il a concrétisé sa passion pour l’Asie et pour les enjeux du développement comme économiste au sein des Ambassades de France en Corée entre 1998 et 2000, puis en Turquie de 2000 à 2003, avant de rejoindre le département Asie de l’Agence Française de Développement jusqu’en 2011. Jean-Raphaël a été aussi chercheur invité de l’Institute of South-East Asian Studies (ISEAS) de Singapour entre 1983 et 1985. Il était conseiller scientifique d’Asie 21-Futuribles, membre d’Asia Centre, et auteur d’une dizaine de livres portant notamment sur les économies émergentes d’Asie, l’Asie du Sud-Est, la Chine et l’Afrique, la Turquie et l’Europe, le textile en Tunisie…
Jean-Raphaël nous a apporté sa formidable expérience, sa force de travail et l’acuité de sa pensée. Mais il était avant tout un ami, étonnamment modeste et ouvert au dialogue, d’une curiosité inépuisable, toujours sur la brèche mais heureux de vivre et de partager, d’une bonne humeur communicative. Nous avons tous eu l’occasion de travailler et de connaître des moments de convivialité avec lui.
Au revoir Jean-Raphaël, tu vas vraiment nous manquer.