Notre collaborateur Yves Carmona, ancien Ambassadeur de France au Laos et au Népal, est aujourd’hui à la retraite en France d’où il continue d’observer l’Asie. Alors, que dire du Covid qui menace les prochaines semaines ? Gavroche publie son mot d’humeur !
Ben oui, le ciel bleu, la mer, les palaces pour les riches, les campings pour les autres, la vie normale est là, non ?
Normale à condition de ne pas penser que le virus est toujours là comme pourtant le répète avec obstination le message du ministère français de la santé, à condition aussi d’oublier que le même ministre est également celui des solidarités.
Quelles peuvent être les solidarités avec les travailleurs étrangers du Japon, pour n’évoquer que des pays où a sévi l’auteur de ces lignes, ces (le plus souvent) hommes sans famille qu’on emploie juste le temps nécessaire pour qu’ils utilisent leur force de travail quitte à les renvoyer, parfois malades de la Covid ou de ses conséquences, quand ils ne sont plus utiles.
Pas tous, hein, certains bénéficient de la compassion du pouvoir mais ils ne sont qu’une minorité de résidents permanents. Langage marxiste ? Certes, mais ce n’est plus celui du gouvernement du pays le plus peuplé du monde dont le « rêve » est avant tout l’enrichissement.
Bon, mais la Covid va bien cesser un jour, non ? Oui, espérons le et rêvons que les inégalités vont cesser de s’accroître, il suffira qu’à un Président américain à la santé inusable succède une administration désireuse d’inciter les plus fortunés à payer leurs impôts…
Accidents, climatiques
Mais ce n’est rien à côté des accidents, climatiques ou pas, comme celui qui a frappé une province reculée du Sud du Laos où des villageois – combien ? Le saura-t-on un jour ? – ont perdu la vie, noyés sous les eaux d’un lac de barrage mal construit ou mal entretenu.
Ce n’est rien à côté de ce qui peut arriver un jour aux victimes d’un « tsunami vertical » si des neiges en trop grand nombre venues des hauteurs de l’Himalaya fondaient subitement et gonflaient elles aussi un lac – pas forcément de barrage car le Népal en a construit bien peu.
On l’avait bien dit, ya qu’en France qu’on est bien
C’est ce qui aurait pu arriver au rabat-joie qui commet cet article s’il avait donné suite au projet de s’établir à quelques encablures de la coulée de boue qui vient de tout emporter dans une station thermale de l’archipel.
On l’avait bien dit, ya qu’en France qu’on est bien, à condition de ne pas penser à ceux qui ont perdu, parfois la vie, parce qu’on leur a permis de construire leur maison là où ils risquaient l’inondation.
Mais enfin, c’était un accident… Oui, mais l’accident n’en sera plus un si ça continue de s’aggraver.
D’accord mais qu’on nous laisse bronzer, le soleil ya qu’ça d’vrai, en vacances on oublie tout.
Alors, vive les vacances !
Yves Carmona