Une députée des Français d’Asie nommée ministre de l’Éducation nationale. On se réjouit ou on s’inquiète ? Pour le conseiller des Français de l’étranger Florian Bohème, l’heure est plutôt à la perplexité.

Nous reproduisons ici sa prise de position

J’ai pris connaissance de la composition du nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Michel Barnier.

Depuis plusieurs années, Anne Genetet a manifesté son désir de rejoindre le gouvernement, elle est désormais ministre de l’Éducation. Je lui souhaite une pleine réussite dans ses nouvelles fonctions non dans son intérêt, mais pour nos enfants. Dans les prochaines semaines, elle devra cependant faire ses preuves.

Son expérience de députée depuis 2017 n’aura pas amené à des actes très concluants pour les Français de l’étranger.

Sa réforme de la fiscalité en 2019 a été un échec total et a dû être retirée en urgence.

La réforme de la CFE portée en 2019 n’aura pas produit les effets escomptés.

Enfin, son rapport sur la mobilité internationale a été sagement rangé au fond d’un tiroir en 2018.

La nouvelle ministre de l’Éducation pourrait avoir la tentation de promouvoir le modèle scolaire de Singapour, ce qui est déjà le cas en France avec la méthode de Singapour pour les mathématiques. Cependant, rien ne remplacera l’école de la République. La démocratie française (bien malmenée en ce moment !) ne pourrait prendre en exemple un modèle où la liberté de penser, la liberté d’opinion, la défense des droits humains, ne sont pas la base du socle éducatif.

En tant que nouvelle ministre de l’Éducation, Anne Genetet exercera notamment la tutelle du Ministère de l’Éducation Nationale sur l’enseignement français à l’étranger. Elle devra permettre à l’AEFE d’avoir les moyens d’exister, d’innover, de garantir une égalité sociale par un dispositif de bourses scolaires renforcé et modernisé.

Enfin, je n’oublie pas qu’Anne Genetet a soutenu le projet d’organisation des Assises de la protection sociale des Français de l’étranger et je ne doute pas qu’elle continuera à défendre ce projet auprès de ses collègues. C’est une urgence pour les 3.5 millions de compatriotes établis hors de France. Il est temps d’avancer sur ces questions.

Du côté des Français de l’étranger, c’est Madame Sophie Primas qui est nommée ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée du commerce extérieur et des Français de l’étranger.

Ancienne maire d’Aubergenville et désormais ancienne sénatrice des Yvelines, nous aurons une ministre déléguée qui sera certainement à l’écoute des élus français à l’étranger. Dans la situation actuelle faite de défiance généralisée, seul le dialogue et le respect peuvent conduire une action ministérielle.

Sur son bureau Madame la Ministre Sophie Primas trouvera la proposition d’organiser des Assises de la Protection sociale des Français de l’étranger en mars 2025. Il lui revient désormais, au nom du gouvernement de la France, de conduire ce projet en lien avec l’Assemblée des Français de l’étranger.

Au-delà de nos différences politiques, irréconciliables tant la gauche a été malmenée ces dernières semaines, je souhaite que la France avance, et que ce gouvernement puisse apaiser notre société. Au vu de la composition de ce gouvernement, il est, là aussi, permis d’en douter.

Florian Bohême.

Conseiller des Français de l’étranger au Cambodge,

Président de la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée des Français de l’étranger

Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.