Chaque année, au mois de janvier, les ambassades de France proposent une «nuit des idées» alignée sur l’événement organisé dans l’hexagone. Des débats. Des expositions. Des échanges. Cette «nuit des idées» est-elle trop ambitieuse, surtout à l’heure de la pandémie ? Notre chroniqueur Yves Carmona, qui en organisa dans les ambassades dont il eut la responsabilité, défend le bien fondé de cette initiative.
Une chronique d’Yves Carmona, ancien Ambassadeur de France au Laos et au Népal
La « Nuit des idées » et « La terre promise », quel rapport ? Un ancien Président de la République française avait jadis promu le slogan « On n’a pas de pétrole mais on a des idées ».
La « Nuit des idées » a été créée en 2017 et a permis de mettre sur la carte du monde des pays aussi méconnus que le Népal. L’Institut français a accepté de co-financer cette édition et les suivantes, il continue et c’est heureux. Cette année (fin janvier 2021), Katmandou avait organisé un débat sur « Family in Nepal ».
Covid oblige, on pouvait le suivre par un réseau social mais c’était déjà possible en 2017. Les dirigeants de l’Institut français et le ministre des affaires étrangères ont changé, seuls étaient présents sur la scène des Népalais mais le débat est toujours là, le choc des idées avec elles. Cela fait vraiment plaisir. Le thème choisi par l’Institut français était de tous temps et de tous lieux : la famille.
L’exemple népalais
Ça ne veut pas dire que le monde est figé et le débat a montré que les difficultés de 2017 sont présentes en 2021 et la COVID les a peut-être aggravées. L’absence de la famille et des êtres chers, quelles qu’en soient les raisons, ont tenu une place que la crise sanitaire a accentuées.
On sait qu’en Europe et en particulier en France, l’absence de membres de la famille est mal vécue. Mais les Népalais, comme beaucoup de peuples en Asie, savent que la mort fait partie de la vie. Est-ce la religion, est-ce une émigration massive, est-ce le souvenir d’une guerre civile meurtrière et dont les protagonistes sont en grande partie présents, on sait que la mort est tout près de la naissance – les deux sont à quelques pas dans le temple de Pashupathi comme l’a rappelé une participante.
Le philosophe français André Comte-Sponville dit que la mort est un problème non pour ceux qui sont partis mais pour les vivants. Méditons cette idée en espérant que les vivants le soient le plus longtemps possible.