Gavroche garde un œil attentif sur les projets de la diplomatie française en Asie Pacifique. Cette note, transmise à la rédaction, liste les enjeux. Un sujet à débattre !
La stratégie indopacifique détaillée par le Président français lors de sa visite récente à Vanuatu s’est articulée autour de deux axes : la défense et la lutte contre le réchauffement climatique, et « la souveraineté des peuples et l’indépendance des États ». Il souhaite faire de la France une « puissance d’équilibre » qui offre une « troisième voie » face aux « nouveaux impérialismes » chinois et états-uniens.
Le narratif indopacifique
Toutefois le narratif indopacifique français s’accorde mal avec la réalité géopolitique de sa présence et la relation de plus en plus complexe avec la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française désormais dirigées par des forces indépendantistes.
Il est en effet difficile pour la France de peser dans une région soumise à une compétition diplomatique, économique et militaire entre les États-Unis (délitement des relations franco-australiennes depuis l’annulation du contrat de livraison de 12 sous-marins au profit d’une offre américano-anglaise en septembre 2021 ; initiative du forum informel QUAD « Partners in the Blue Pacific » en 2022 sur la résilience des états insulaires face au changement climatique et sur la protection de leurs espaces maritimes) et la Chine (investissements et construction de nombreuses infrastructures ; accord de coopération avec les iles Salomon en avril 2022 autorisant des escales techniques de bateaux et l’envoi potentiel de forces de police) qui mobilise des ressources d’un autre ordre de grandeur afin de s’imposer.
Dans cet environnement fortement compétitif, une incertitude trop grande sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie pourrait affaiblir la crédibilité du positionnement Indo-Pacifique de la France.
Ne pas choisir entre Pékin et Washington
Pour autant, certains pays d’Océanie et d’Asie du Sud-Est ne souhaitent pas avoir à choisir entre la Chine ou les États-Unis et sont donc sensibles au non-alignement français. Surtout à l’heure où la priorité principale pour ces pays insulaires est l’adaptation urgente au changement climatique, un thème brandi par E. Macron tout au long de son voyage en Océanie. Par exemple, il a promis que l’AFD procèderait à des investissements à hauteur de 200 millions d’euros sur 5 ans pour le développement et la résilience de la région.
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La présence française en Nouvelle-Calédonie a t-elle une raison d’être?
“Ne pas choisir entre Pékin et Washington” : Non. Le “non alignement français”: non. la France est une “puissance de l’ouest”: sa politique est fondée sur l’entente avec l’Angleterre, depuis… ! 815 ; le premier traité d’alliance franco-anglais date du 3 mars 1815, soit TROIS MOIS avant Waterloo, pour résister à l’alliance russo-prussienne, à l’initiative du roi Louis XVIII et de Talleyrand. Elle est suivie de la politique de Delcasse, lequel, outre qu’il a réconcilié la France avec la Thaïlande, a signé l”Entente Cordiale de 1904, qui s’est suivie du renouvellement de l’amitié franco-américaine. La France est une puissance de l’ouest, solidaire de l’Angleterre et des États-Unis. Le grand principe “duobus litigantibus tertius gaudet ” ne fonctionne pas ; le “tertius” finit toujours par se faire écraser : et dans la réalité, la France a bien été régulièrement écrasé par la coalition des Etats-Unis et de l’URSS. Il n’y a pas d’autre voie pour la France. Le reste n’est que délire phobique.