A la veille de la visite sur place du président Emmanuel Macron, une journaliste française a déclaré mardi 23 janvier qu’elle risquait d’être expulsée d’Inde après deux décennies dans ce pays pour des reportages que les autorités ont qualifiés de “malveillants et critiques”, quelques jours avant une visite d’État du président Emmanuel Macron.
Des critiques affirment que la liberté de la presse dans la plus grande démocratie du monde est de plus en plus attaquée, les journalistes qui abordent des sujets sensibles étant souvent réprimandés par le gouvernement.
La dernière en date est Vanessa Dougnac, collaboratrice de plusieurs publications francophones dont l’hebdomadaire Le Point, basée en Inde depuis 22 ans.
La semaine dernière, le ministère de l’Intérieur a envoyé une notification à la journaliste affirmant que son travail était “contraire” aux intérêts nationaux.
“Ses activités journalistiques sont malveillantes et critiques (…) elles créent une perception biaisée de l’Inde”, indique l’avis du ministère. “En outre, ses activités peuvent également provoquer des troubles et perturber la paix”, ajoute le texte.
La mise en garde donnait à Mme Dougnac, qui a un conjoint indien, jusqu’au 2 février pour contester la décision du ministère d’annuler sa résidence permanente, une mesure qui la forcerait à quitter le pays.
La journaliste, qui a couvert plusieurs sujets chauds, notamment l’insurrection maoïste naxalite en cours dans certaines parties de l’Inde rurale, a nié “toutes les allégations et accusations” portées contre elle dans la lettre.
“L’Inde est ma maison, un pays que j’aime et respecte profondément, et je ne me suis jamais livrée à aucun acte préjudiciable aux intérêts indiens”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Le ministère de l’Intérieur et le ministère des Affaires étrangères ont été sollicités pour obtenir un commentaire.
Cette notification a été remise à Mme Dougnac une semaine avant l’arrivée du président Macron jeudi en Inde, où il sera l’invité d’honneur du défilé militaire annuel de la Fête de la République.
Le chef de l’État français a ardemment courtisé l’Inde en tant que partenaire stratégique et acheteur d’armes, et sa visite rend la pareille à son invitation au Premier ministre Narendra Modi pour les célébrations du 14 juillet à Paris l’année dernière.
Le gouvernement de M. Modi a été accusé d’étouffer les médias indépendants, l’Inde ayant chuté de 21 places à la 161e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse depuis son entrée en fonction en 2014.
Les bureaux indiens de la BBC ont été perquisitionnés par le fisc l’année dernière, quelques semaines après que la chaîne britannique eut été la cible de nombreuses critiques du gouvernement pour avoir diffusé un documentaire remettant en question le rôle de M. Modi dans les émeutes religieuses de 2002.