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ASIE – GEOPOLITIQUE : Le climat, une préoccupation asiatique ?

Date de publication : 06/06/2023
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Escap Bangkok

 

Notre chroniqueur Ioan Voicu, ancien Ambassadeur de Roumanie en Thaïlande, s’interroge sur l’ampleur des actions menées contre le réchauffement climatique en Asie.

 

Changement climatique et diplomatie régionale

 

Par Ioan Voicu

 

D’abord les fondamentaux

 

En écrivant sur le changement climatique, une citation appropriée de Richard A. Falk vient à l’esprit. Il est professeur émérite à l’Université de Princeton (États-Unis) et a dû prononcer les paroles prophétiques suivantes sur le sujet abordé dans cet article :

 

« Il est crucial que ceux qui recherchent un avenir juste pour l’humanité ne négligent pas le défi du changement climatique, moins tangible et immédiat dans son impact néfaste que d’autres préoccupations, mais non moins meurtrier. Sans ajustements préalables aux événements catastrophiques, l’effondrement écologique et civilisationnel pourrait faire un cauchemar du futur proche pour tous les peuples vivant sur la planète ».

 

Le 22 mai 2023, le Secrétariat de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP}, basée à Bangkok, a officiellement diffusé la résolution principale de sa 79e session intitulée « Accélération de l’action climatique en Asie et dans le Pacifique pour le développement durable ».

 

Il s’agit d’un document diplomatique qui représente l’aboutissement de négociations multilatérales sérieuses et qui a été adopté par une organisation régionale composée de 62 membres effectifs et associés. Ce qui est unique pour cette institution, c’est le fait qu’elle est la plus grande commission régionale des Nations Unies par le nombre de membres, par la démographie (4,1 milliards de personnes) et parce qu’elle est la seule commission régionale des Nations Unies dans laquelle les cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont membres titulaires de cet organe.

 

Avec de telles « références », il semblerait extrêmement important de savoir quel est le message fonctionnel de la CESAP au reste du monde sur le changement climatique. Malheureusement, les médias grand public sont assez discrets sur ce thème.

 

La résolution elle-même n’est pas une lecture divertissante. Au contraire. Son long préambule d’un texte de 5 pages au total contient une véritable bibliographie sur le sujet, en énumérant un grand nombre de résolutions et autres documents sur le changement climatique, à commencer naturellement par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l’Accord de Paris.

 

Qu’ont en commun tous ces documents ? Pour reprendre leur terminologie d’origine, ils expriment la détermination à s’attaquer de manière décisive à la menace posée par le changement climatique et la dégradation de l’environnement ; ils reconnaissent que la nature mondiale du changement climatique appelle la coopération internationale la plus large possible visant à accélérer la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre et à s’adapter aux effets néfastes du changement climatique.

 

C’est important mais pas suffisant. Par conséquent, la CESAP note avec préoccupation l’écart important entre l’effet global des promesses d’atténuation des parties, en particulier leurs contributions déterminées au niveau national.

 

Il est utile de rappeler la nécessité de renforcer la coopération pour promouvoir la conservation et l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines pour le développement durable en Asie et dans le Pacifique.

 

Une attention particulière est accordée à la promotion des initiatives zéro déchet, à l’importance de la sensibilisation aux initiatives nationales, infranationales et locales pour promouvoir l’action climatique, notamment par le biais d’initiatives innovantes de gestion des déchets résilientes au climat comme moyen de faire avancer l’Agenda 2030 des Nations Unies.

 

Engagements de fond

 

D’un point de vue diplomatique et juridique, il est gratifiant de prendre note de l’engagement des 62 membres de la CESAP à promouvoir le multilatéralisme et la coopération internationale, à renforcer les partenariats pour le développement durable, à défendre les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies et à faire progresser le développement durable en Asie et le Pacifique.

 

Un long paragraphe du préambule fournit un résumé pertinent des actions passées sur le changement climatique. Les idées principales sont :

 

Sans des actions plus déterminées, la planète serait plus affectée par les multiples défis de notre environnement commun, entre autres, le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution, et tous les types de catastrophes naturelles, avec les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral étant parmi les plus touchés.

 

Un environnement propre, sain et durable est important pour la jouissance des droits de l’homme et pour le développement durable dans toutes ses dimensions.

 

Les êtres humains sont au centre des préoccupations de développement durable et ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature ; le bien-être de l’humanité dépend de la santé de la nature et donc de la capacité à utiliser, restaurer et protéger durablement les services écosystémiques.

 

La nécessité de réduire immédiatement les émissions de gaz à effet de serre et de poursuivre une réponse efficace et progressive à la menace urgente du changement climatique sur la base des meilleures connaissances scientifiques disponibles et de parvenir à une croissance plus équilibrée, notamment par le biais de modes de consommation et de production durables, conformément aux Agenda 2030.

 

La nécessité de prendre des mesures urgentes pour renforcer la collaboration internationale pour la conservation et l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines et réduire la pollution de l’air, des océans et de l’eau douce, atténuer les effets de la pollution sur la santé humaine et enrayer le déclin mondial de la biodiversité.

 

Si certaines idées de la résolution sont répétitives, elles méritent d’être mentionnées pour leur urgence cardinale :

 

En effet, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique représentent une priorité mondiale immédiate et urgente.

 

Le changement climatique est l’un des plus grands défis de notre époque et entraîne déjà de multiples impacts négatifs sur les économies et les sociétés, soulignant l’urgence d’intensifier l’action et le soutien, y compris le financement, le renforcement des capacités et le transfert de technologie, sur des conditions volontaires et mutuellement convenues , pour renforcer la résilience et réduire la vulnérabilité au changement climatique, en tenant compte des priorités et des besoins des pays en développement.

 

Des transitions propres, durables, abordables, fiables, justes, inclusives, équitables et sûres vers l’utilisation d’énergies renouvelables et propres, ainsi que la conservation, conformément aux circonstances nationales, seront essentielles pour lutter contre le changement climatique et assurer la sécurité énergétique.

 

Si les transitions sont « escortées » par tant d’adjectifs, d’autres idées fortes sont également soulignées. La CESAP a réaffirmé les droits souverains des pays sur leurs ressources énergétiques et leur droit de définir des politiques appropriées pour la production et l’utilisation de l’énergie, reconnaissant que l’Agenda 2030 doit être mis en œuvre dans l’intérêt de tous, pour les générations actuelles et futures.

 

La nécessité d’un meilleur accès au financement international ne pouvait être oubliée, car il est important de soutenir les efforts d’atténuation et d’adaptation dans les pays en développement, en particulier ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique.

 

Pour des raisons pratiques, il est normal d’attendre de la CESAP qu’elle défende la nécessité de promouvoir l’efficacité énergétique et d’accélérer les transitions et l’accès approprié aux technologies énergétiques propres et à la mobilité électrique dans les transports publics, ainsi qu’aux modes de transport durables, à faibles émissions et économes en énergie, ainsi que l’utilisation des énergies renouvelables dans les transports, en fournissant, le cas échéant, un soutien technique et financier aux pays en développement, en tenant compte des priorités et des circonstances nationales, et en reconnaissant en outre la nécessité d’améliorer la connectivité et la diversification de la chaîne d’approvisionnement régionale.

 

Quel type d’action est attendu ?

 

Une double réponse est demandée à la fois aux États membres de la CESAP et au Secrétariat de la CESAP dans la partie opérationnelle de la résolution à l’examen.

 

Tout d’abord, la CESAP exhorte tous ses membres et membres associés à prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et ses effets.

 

Dans le même temps, la CESAP encourage tous ses membres et membres associés à renforcer la coopération régionale et sous-régionale pour accélérer l’action climatique en Asie et dans le Pacifique pour le développement durable de tous les membres et membres associés et pour la réalisation des objectifs de développement durable.

 

Comment atteindre ces objectifs ?

 

Nous reproduirons un catalogue résumé des actions :

 

Promouvoir le partage d’informations, les dialogues politiques et l’assistance et la coopération techniques ; Promouvoir l’utilisation de ressources énergétiques propres et renouvelables et la recherche sur les technologies énergétiques propres ; Promouvoir la connectivité du système électrique régional pour améliorer la résilience et la durabilité climatiques ; Promouvoir la mobilité à faibles émissions, les technologies énergétiques propres et la logistique ; Promouvoir des politiques et des investissements socio-économiques durables compatibles avec une voie vers de faibles émissions de gaz à effet de serre et un développement résilient au changement climatique ; Adopter une approche pangouvernementale pour renforcer la collecte et l’utilisation des statistiques liées au changement climatique ; Promouvoir la mise en œuvre et le renforcement des systèmes d’alerte précoce pour tous en tant que stratégies d’adaptation clés dans la région.

 

Le Secrétaire exécutif de la CESAP est également prié d’agir dans les directions suivantes reproduites à des fins d’exactitude à partir du texte officiel de la résolution :

 

De continuer à aider les membres et membres associés à intensifier leurs efforts de coopération en vue de prendre des mesures urgentes pour lutter contre les changements climatiques et leurs effets, notamment en encourageant des partenariats associant les gouvernements et les grands groupes et autres parties prenantes, selon qu’il conviendra, pour faciliter l’échange volontaire d’informations, les dialogues sur les politiques et l’assistance et la coopération techniques pour un développement résilient au changement climatique et écologiquement durable.

 

Faciliter la coopération entre divers secteurs de l’économie pour lutter contre le changement climatique et ses effets, notamment en soutenant la coopération régionale sur les modes de transport durables, à faibles émissions et économes en énergie, et en fournissant des évaluations régionales, un renforcement des capacités et un appui technique sur les politiques d’un développement résilient au changement climatique.

 

Encourager et collaborer avec les organes et institutions spécialisées des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales, ainsi que les organisations non gouvernementales, selon qu’il convient, conformément aux mandats existants et dans les limites des ressources existantes de la CESAP, pour renforcer les capacités des membres et membres associés, en particulier les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, à élaborer des politiques et à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique et ses effets, mettre au point des systèmes d’alerte précoce pour tous au niveau régional et soutenir les priorités régionales et sous-régionales visant à relever les défis liés au climat.

 

Continuer de fournir des informations aux membres et membres associés de la Commission sur les progrès accomplis par le Secrétariat dans la mise en œuvre du plan d’action climatique du Secrétariat de l’ONU 2020-2030, dans le cadre des processus d’établissement de rapports existants, selon qu’il conviendra.

 

Enfin, le Secrétaire exécutif doit faire rapport à la CESAP lors de sa 81e session (2025) sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution résumée ci-dessus.


Conclusion

 

La valeur de toute résolution de l’ONU au niveau mondial et régional dépend de sa mise en œuvre effective. Toute mise en œuvre est subordonnée aux décisions politiques et juridiques prises au niveau national. Tout véritable succès diplomatique multilatéral sur l’action contre le changement climatique reste théorique s’il y a une réticence à lui donner une tangibilité dans la pratique.

 

Tous les États donnent la priorité à leurs propres intérêts nationaux, ce qui peut parfois être en contradiction avec les efforts mondiaux et régionaux pour lutter contre le changement climatique. Les préoccupations économiques, telles que la protection des industries ou le maintien de la compétitivité, peuvent empêcher les pays de s’engager dans une action climatique ambitieuse.

 

Le changement climatique lui-même est une question multidimensionnelle très complexe et il est très difficile de trouver un consensus fonctionnel à ce sujet.

 

Les véritables solutions en matière d’action climatique nécessitent des investissements financiers importants, et certains pays peuvent être réticents à supporter ce fardeau matériel, en particulier s’ils le perçoivent comme affectant de manière disproportionnée leurs économies.

 

De plus, des intérêts géopolitiques concurrents risquent d’éclipser l’action climatique collective. Les différends concernant les ressources, les revendications territoriales ou les tensions politiques peuvent détourner l’attention et les ressources des initiatives actuelles et futures en matière de changement climatique.

 

L’Assemblée générale des Nations Unies continuera de relever en 2023 et dans les années à venir les défis générés par le changement climatique. Ce processus nécessitera des efforts diplomatiques soutenus, favorisant la confiance et la coopération, fournissant un soutien financier et technologique adéquat et alignant l’action climatique sur les intérêts nationaux plus larges interprétés intelligemment par les pouvoirs de décision.

 

Ioan Voicu

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