Une attraction à Phnom Penh : l’exposition de photos prises il y a plus de cent ans par un ingénieur des mines, Louis Gascuel. Elles sont présentées sur les murs du restaurant « Comme à la Maison ». La force du témoignage de Louis Gascuel est de s’appuyer sur des rapports très techniques, et surtout sur des photos. Ce passionné d’images en a laissé plus de 1200, sur plaques de verre.

Ingénieur et photographe, Louis Gascuel a parcouru le monde pour découvrir des gisements de minerais, les évaluer, parfois les gérer.

On a conservé ses rapports sur ses recherches au Chili, en Argentine, au Pérou où il a dirigé pendant six ans une mine dans la Cordillère dans Andes.

S’agissant de l’Asie, ce scientifique-explorateur a prospecté en Australie les mines d’or de Coolgardy et les mines de cuivre, les diamants à Bornéo, l’or à Madagascar, l’étain au Laos…

Dans ce pays, sa mission consista à reconnaitre la mine d’étain de Ban Ta Coua, dans le sud Laos, non loin du fleuve Mékong.

La force du témoignage de Louis Gascuel est de s’appuyer sur des rapports très techniques, et surtout sur des photos.

Ce passionné d’images en a laissé plus de 1200, sur plaques de verre.

C’était la technique de l’époque.

Elles ont été classées, réhabilitées par un petit fils et une arrière-petite fille, et reproduites à Phnom Penh avec le grand savoir-faire du spécialiste Pierres Rol.

Des clichés-documents

Dans les années 1860-70, il y a donc en gros 150 ans, les français s’établissent au Vietnam, au Cambodge, et rêvent aussitôt de remonter le Mékong, d’explorer la région, pour atteindre par cette voie la Chine du Sud et la Chine centrale, supposées recéler des marchés énormes.

S’établir dans cette péninsule que l’on appellera Indochine fut une énorme aventure.

A l’origine de ces efforts on trouve évidemment des individus entreprenants.

Mais on trouve aussi de fortes motivations collectives.

Coté politique, après la perte de l’Alsace et de la Lorraine en 1870, les autorités de la Troisième République misent sur la colonisation pour redorer le blason de la France.

On peut citer des personnalités de premier plan telles que Delcassé, Paul Doumer, Albert Sarraut, Freycinet, Eugène Étienne et bien sûr Jules Ferry, surnommé le « tonkinois » pour son attachement à la présence française dans le futur Vietnam.

La forte poussée des milieux économiques et financiers favorise aussi l’expansion outre-mer.

Y contribuent de grandes sociétés comme la française Penaroya, l’anglo-australienne Rio Tinto…

Un puissant « lobby » expansionniste se forme, soutenu par l’opinion publique, par des écrivains férus de rêves exotiques.

S’agissant de la région indochinoise la présence française est fortement prônée par des personnages « de terrain » comme l’explorateur Henri Mouhot, le très efficace consul à Bangkok et explorateur Auguste Pavie, qui crée les premiers comptoirs sur les rives du Mékong.

Des personnalités importantes du milieu colonial des affaires émergent, en particulier à Saïgon, Jacques Rueff, créateur en 1884 de la Compagnie des Messageries fluviales de Cochinchine, et de la liaison Phnom Penh-Battambang…

La mission de Louis Gascuel à la mine de Ban Ta Coua au Laos, loin en amont de Savannaket, s’inscrit dans ce vaste mouvement d’exploration des ressources naturelles de la région.

De Saïgon il faut 23 jours à un mois pour atteindre la mine d’étain de Pak Hin Boun. En 1905, seules deux voies sont possibles.

La suite à lire dans notre mensuel Gavroche de janvier…

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Alain Gascuel

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