L’historien français Romain Bertrand nous a habitué, au fil de ses ouvrages, à raconter l’histoire du monde par l’autre bout de la lorgnette : celui des pays colonisés. Il nous livre cette fois, avec plusieurs collègues, un essai magistral « L’exploration du monde » (Ed Seuil) et explique au fil de l’ouvrage comment les peuples « découverts » avaient souvent, depuis longtemps, voyagé eux-mêmes au long cours. Le verdict est sans appel : les grands explorateurs européens ont imposé leur récit au reste du monde. Mais le monde, lui, n’avait pas eu besoin d’eux pour échanger et explorer…
Il faut lire ce nouveau livre dirigé par l’historien français Romain Bertrand. Vu d’Asie, il s’avère d’autant plus passionnant que l’auteur est un spécialiste de l’Indonésie.
Dans «L’exploration du monde», Romain Bertrand raconte comment les grandes découvertes européennes, celles de Christophe Collomb en 1492, De Vasco de Gama en 1498 et de Magellan en 1521, ont façonné une histoire partielle, qui a sciemment mis à l’écart les autres grandes explorations des mers et des continents. « Les grandes découvertes sont le premier acte justificatif de l’épopée coloniale écrit l’historien. On a injecté à postériori l’idée d’une curiosité européenne sans égale et sans rivale, divorcée de toute volonté de puissance ».
Et l’auteur d’ajouter: « L’Europe n’a jamais eu l’exclusivité de l’exploration du monde, comme le prouvent les grandes expéditions de l’amiral chinois musulman Zheng He dans les années 1405-1433 (…). Il est aussi intéressant de se pencher sur l’accueil à la cour de Philippe Le Bel d’un moine Ouighour ou sur la visite des Pyramides par le sultan du Mali en 1324… ».
Passionnant et éclairant pour tous ceux que les relations entre l’Asie et l’Europe intéressent.
« L’exploration du monde – Une autre histoire des grandes découvertes », essai dirigé par Romain Bertrand (Ed. Seuil)