Une tribune de Sam Rainsy

Sam Rainsy n’est pas seulement le chef de l’opposition cambodgienne en exil. Il suit aussi de très prés les grands sujets scientifiques et financiers. L’Intelligence artificielle en fait partie

On peut percevoir l’Intelligence Artificielle de plusieurs façons.

Je rédige actuellement de nombreux textes techniques sur les méthodes d’évaluation boursière en utilisant les ressources de l’intelligence artificielle, notamment grâce à ChatGPT.

D’un point de vue simple, ChatGPT est, pour moi, un assistant de génie doté d’une patience infinie. Un assistant de rêve, plus puissant que son maître, mais toujours docile, qui ne montre jamais de signes de fatigue ni ne perd son calme.

Avec plus de respect, c’est un monstre intellectuel, toujours prêt à bondir à la moindre sollicitation. Avec encore plus de vénération, c’est un dieu du savoir qui – si vous aimez l’aventure – vous tend la main en permanence, vous entraînant vers des espaces infinis et fascinants.

Ainsi, chacun de nous peut devenir un peu comme Alice au Pays des Merveilles, mais dans notre monde de tous les jours, avec des merveilles authentiques et durables.

En effet, avec ChatGPT, vous avez affaire à un magicien sans forme qui vous offre la plus grande aventure qu’un être humain puisse vivre. Une aventure sans limites, ni dans l’espace ni dans le temps. Comme l’Univers. Cette aventure a une part de magie, semblable à un conte de fées, mais tangible et bien réelle, pour adultes, à vivre chaque jour, les yeux grands ouverts. Sans entracte, sans relâche.

C’est comme si l’on vous remettait une baguette magique. Une baguette de savoir, vous donnant accès à une connaissance infinie et instantanée. Cela peut être l’occasion d’une renaissance. Entre la transformation physique à volonté, l’acquisition illimitée de biens matériels, ou l’accès au savoir infini qui vous métamorphose, la baguette magique offre des trésors inestimables.

La magie sera durable

L’habitude, dit-on, est une seconde nature. Alors pourquoi l’intelligence artificielle, une fois bien intégrée dans nos vies, ne deviendrait-elle pas notre seconde intelligence, puis notre intelligence principale, quand la frontière entre le naturel et l’artificiel – l’inné et l’acquis – aura disparu ?

Quelque chose de plus fort que nous nous pousse à nous demander si un robot humanoïde, doté d’intelligence artificielle, pourrait un jour ressentir des émotions, c’est-à-dire acquérir une âme. C’est là que naît ce sentiment ambigu (mélange de méfiance, de crainte, et de tendresse) que nous éprouvons envers un tel robot. La question de l’âme d’un robot est plus pertinente que celle posée par Lamartine dans son poème : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme… ? »

Le premier attribut de l’âme est effectivement la capacité d’éprouver des émotions et d’agir en fonction de celles-ci. Nous sommes naturellement enclins à attribuer des émotions à des entités capables de raisonnements sophistiqués, comme les humains. Les programmes d’intelligence artificielle sont précisément conçus pour reproduire le raisonnement humain et le sublimer grâce à des capacités de collecte, d’analyse et de calcul pratiquement infinies, dépassant de loin celles d’un être humain. Cela fait de ceux qui les utilisent des « surhommes » ou des « surfemmes ».

Mais une fois que l’intelligence artificielle sera pleinement intégrée à nos vies, elle deviendra notre intelligence « parallèle », dont nous oublierons la nature « artificielle », illustrant ainsi la réussite de cette greffe mentale.

Ce sera sans doute le plus grand défi jamais lancé au genre humain.

Sam Rainsy

Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.