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ASIE – SOCIÉTÉ : La jeunesse, atout ou handicap pour la région Asie-Pacifique ?

Date de publication : 18/12/2023
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étudiants thailandais

 

La problématique complexe de la jeunesse est de plus en plus clairement reconnue comme un sujet prioritaire à l’ordre du jour des questions globales qui doivent être régulièrement examinées par les 193 États membres des Nations Unies. Tel est le constat de notre chroniqueur Ioan Voicu, ancien Ambassadeur de Roumanie en Thaïlande.

 

Les raisons factuelles d’une telle approche sont convaincantes. Il y a aujourd’hui plus de 1,8 milliard de jeunes dans le monde, dont 90 pour cent vivent dans les pays en développement, où ils constituent généralement une grande partie de la population. Il y a plus de 235 millions de jeunes en Inde et 225 millions rien qu’en Chine.

 

Il y a actuellement 213 millions de jeunes (15-34 ans) dans les pays de l’ASEAN, ce qui constitue la plus grande cohorte de jeunes de l’ASEAN jamais vue. Le pic d’habitants d’un peu plus de 220 millions d’habitants est attendu en 2038.

 

Une résolution programmatique

 

Le 16 novembre 2023, la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) était saisie d’un projet de résolution intitulé « Politiques et programmes impliquant la jeunesse » soumis par près de 80 pays représentant tous les continents. 37 pays avaient des représentants spéciaux de la jeunesse à la Troisième Commission. Les pays asiatiques suivants figuraient parmi les coparrains : Bhoutan, Bangladesh, Inde, Philippines, Sri Lanka, Thaïlande, Timor-Leste et Népal. La résolution a été adoptée par consensus, mais avec quelques explications de vote reflétant un certain nombre de réserves sur le contenu de ce document  comportant un très long préambule et 32 paragraphes du dispositif.

 

Compte tenu de la large représentation géographique des coparrains de la résolution, il convient de se poser la question d’actualité suivante : dans quelle mesure les valeurs universelles proclamées par l’AGNU dans la Déclaration du Millénaire adoptée le 8 septembre 2000 se reflètent dans une résolution intitulée « Politiques et programmes impliquant la  jeunesse” ? Ces valeurs fondamentales sont : la liberté, l’égalité, la solidarité, la tolérance, le respect de la nature et la responsabilité partagée. Nous vérifierons la présence expressis verbis de chacune de ces valeurs dans le texte du document examiné.

 

L’AGNU exhorte les États membres de l’ONU à protéger, promouvoir et assurer la réalisation et la pleine jouissance par tous les jeunes de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales, conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux instruments internationaux pertinents relatifs aux droits de l’homme, dans la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse, tout en veillant à ce que les politiques et programmes en faveur de la jeunesse ainsi que leur planification, leur conception, leur mise en œuvre, leur suivi et leur examen tiennent compte des points de vue, des perspectives et des priorités des jeunes et soient dotés de ressources adéquates.

 

Dans le même esprit, l’AGNU exhorte les États membres à relever les défis auxquels sont confrontées les jeunes femmes, notamment en luttant contre les stéréotypes de genre et les normes sociales négatives qui perpétuent toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des filles et des jeunes femmes, à impliquer, éduquer et soutenir les jeunes hommes. et les garçons à assumer la responsabilité de leur comportement à cet égard, à les aider à devenir des modèles positifs pour l’égalité des sexes et à prendre des mesures visant à éliminer toutes les formes de violence, y compris la violence sexuelle et sexiste, et les pratiques néfastes, y compris les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants, précoces et forcés.

 

Un constat intéressant est formulé par l’AGNU sur la valeur de la solidarité. Il se lit comme suit : « Reconnaissant que les jeunes générations seront les plus touchées par la prise de décision d’aujourd’hui, et soulignant par conséquent que les politiques publiques devraient donner la priorité et garantir la durabilité à long terme, favoriser la solidarité intergénérationnelle et l’échange d’expériences, et prendre en compte les impacts sur les générations futures. »

 

Un bilan instructif s’exprime sur la tolérance. L’AGNU croit au rôle de l’éducation en tant qu’outil important pour promouvoir le respect de la diversité culturelle visant à parvenir au dialogue et à la tolérance interculturels et interreligieux. Elle  reconnaît également le rôle des arts et autres formes d’expression culturelle, des sports et des loisirs, ainsi que l’égalité d’accès à ceux-ci sans aucune forme de discrimination, dans la promotion du développement de la jeunesse, du bien-être des jeunes, notamment en matière de santé, d’éducation et de protection sociale. l’inclusion et le respect de la diversité culturelle, de la citoyenneté mondiale et de la non-violence.

 

Bien que le respect de la nature ne soit pas formulé avec cette terminologie dans la résolution sur la jeunesse, l’AGNU prête attention à des composantes spécifiques du respect de la nature, en faisant référence au changement climatique dans un contexte approprié. Ainsi, l’AGNU souligne l’importance d’autonomiser les jeunes, y compris les jeunes femmes et les filles, afin de relever les défis mondiaux, y compris, mais sans s’y limiter, l’éradication totale de la pauvreté, l’éradication de la faim et de la malnutrition, la lutte contre l’insécurité alimentaire, les inégalités structurelles, le changement climatique, la pollution, la perte de biodiversité, ainsi que les effets du changement technologique, et réduire le fossé grandissant entre les pays développés et les pays en développement dans tous les domaines, en promouvant une croissance durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous les jeunes.


Après la récente Conférence COP28 à Dubaï, il est gratifiant de constater ce que l’AGNU considère comme important et d’actualité lorsqu’il s’agit des contributions de la jeune génération dans le domaine du changement climatique. L’AGNU reconnaît le rôle important des jeunes, y compris des jeunes femmes et des filles, dans l’accélération de l’action climatique, et que la lutte contre le changement climatique nécessite une action coordonnée entre les gouvernements et les autres parties prenantes, y compris les jeunes et les organisations dirigées par des jeunes.

 

Il est également utile de mentionner que l’AGNU a rappelé les initiatives des jeunes menées en préparation de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 2023. Elle fait référence à cet égard à l’objectif de contribuer à accroître l’ambition climatique des jeunes et à mettre en œuvre des actions concrètes pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, et souligne l’importance de la participation des jeunes aux futures Conférences des Parties.

 

Enfin, la valeur de la responsabilité partagée est clairement reflétée dans un paragraphe spécial du dispositif de la résolution analysée dans ces pages. L’AGNU réitère que la responsabilité première de la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse incombe aux États membres et exhorte donc les gouvernements, en coopération avec les jeunes, les organisations dirigées et axées sur les jeunes et d’autres parties prenantes, à élaborer des politiques intégrées, holistiques et inclusives, politiques et programmes de jeunesse efficaces et de les évaluer régulièrement, dans le cadre du suivi et de la mise en œuvre du Programme mondial mentionné à tous les niveaux, et de garantir que les politiques et programmes de jeunesse reflètent les points de vue, les perspectives et les priorités des jeunes et sont doté de ressources adéquates.

 

Conclusion

 

Le point « Politiques et programmes impliquant la jeunesse » apparaît tous les deux ans à l’ordre du jour de l’AGNU. Par conséquent, le Secrétaire général de l’ONU est prié de soumettre un rapport, dans un format accessible, à l’AGNU lors de sa quatre-vingtième session (2025) sur la mise en œuvre de la résolution présentée ci-dessus.

 

Ce rapport doit être préparé en consultation avec les États membres, les organes et entités concernés des Nations Unies, y compris les agences spécialisées, les fonds, les programmes et les commissions régionales, ainsi qu’avec la société civile, en particulier les organisations de jeunesse, dirigées par des jeunes et axées sur la jeunesse.

 

Dans le même contexte, il est prévu que le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, créé en 2022, travaillera en étroite collaboration avec les États membres, les entités des Nations Unies, la société civile, les organisations de jeunesse, le monde universitaire et les médias pour remplir son mandat.

 

Ce travail est défini en détail dans la résolution elle-même. Quelques exemples sont éloquents. Les États membres de l’ONU sont priés d’offrir à tous les jeunes des possibilités de participation pleine, efficace, significative, constructive et inclusive à la société, dans toutes les sphères de la vie politique, civile, économique, sociale et culturelle, y compris par la participation à l’élaboration des politiques et aux processus décisionnels , dans la conception et la mise en œuvre de politiques, programmes et initiatives dans le domaine de la jeunesse.



En outre, il est spécifiquement reconnu qu’il existe un besoin urgent d’efforts et d’investissements plus ambitieux en faveur de la jeunesse à travers des politiques et des programmes, aux niveaux international, régional, national et local, qui nourrissent le potentiel et les capacités des jeunes et les autonomisent. Dans le même temps, il est nécessaire que ces politiques et programmes soient dotés de ressources adéquates, transparents, responsables et tiennent compte des points de vue, des perspectives et des priorités des jeunes.

 

On peut espérer modérément qu’un plus grand nombre d’États Membres décideront d’inclure des jeunes délégués dans leurs délégations à toutes les discussions pertinentes au sein de l’Assemblée générale et de ses organes subsidiaires, du Conseil économique et social et de ses commissions techniques et d’autres conférences pertinentes des Nations Unies , y compris le prochain Sommet du futur (22-23 Septembre 2024), le cas échéant en gardant à l’esprit les principes d’équilibre entre les sexes et de non-discrimination. Ces représentants de la jeunesse devraient être sélectionnés selon un processus transparent.

 

De réels progrès ne peuvent être réalisés dans la mise en œuvre de programmes et de politiques dédiés à la jeune génération que s’il existe une volonté authentique des États Membres de donner une matérialité visible aux recommandations des Nations Unies sur la jeunesse, inspirées et guidées par des valeurs universelles.

 

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