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ASIE – SOCIÉTÉ : L’ONU parie sur la solidarité intergénérationnelle

Date de publication : 26/08/2024
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Par Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande

 

La solidarité intergénérationnelle est considérée comme un élément cardinal des relations sociétales qui a pour rôle d’assurer la survie même de l’humanité. Elle relie les générations, favorise le transfert de valeurs communes, de connaissances cumulatives, d’expériences collectives et de culture, qui sont essentielles au véritable développement humain.

 

La 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) qui s’ouvrira le 10 septembre 2024 examinera un rapport présenté par le Secrétaire général de l’ONU intitulé Suivi de l’Année internationale des personnes âgées : Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement.

 

Il s’agit d’un document de 17 pages contenant 56 paragraphes et dans lequel la solidarité est mentionnée expressis verbis 30 fois.Il donne un aperçu de l’application du concept de solidarité intergénérationnelle dans les domaines des politiques publiques, en soulignant les opportunités et les défis pour les générations actuelles et futures de personnes âgées. Le rapport couvre certains aspects sélectionnés du travail effectué par les membres du Groupe interinstitutions sur le vieillissement.

 

Contenu pertinent

 

Dès le premier paragraphe de l’introduction du rapport qui sera analysé dans ces pages, il est fait référence à « l’importance cruciale de l’interdépendance, de la solidarité et de la réciprocité familiales intergénérationnelles pour le développement social ».

 

Les données officielles de l’ONU « indiquent qu’une augmentation significative est attendue de la population mondiale âgée de 60 ans et plus, de 1,2 milliard en 2024 à 2,1 milliards entre 2024 et 2050. » (paragraphe 4 du document numérisé en cours d’examen qui n’est pas paginé)

 

La question fondamentale est : comment renforcer la solidarité entre les jeunes et les personnes âgées, et entre les générations actuelles et futures ?

 

Nous sommes informés que près de 66 % des travailleurs en Asie et dans le Pacifique étaient engagés dans un emploi informel en 2023. Au Cambodge, où 73 % des personnes âgées dépendent principalement de leur famille pour leur soutien, le gouvernement a reconnu le besoin urgent de développer un système de retraite complet pour préserver la sécurité économique des personnes âgées et de leurs familles. Dans d’autres pays de la région Asie-Pacifique, des efforts ont été faits pour garantir que les enfants adultes soutiennent leurs parents dans leur vieillesse en promulguant des lois de piété filiale qui favorisent la responsabilité fondée sur la réciprocité des relations. (par. 19)



Le rapport explique que dans le paysage mondial actuel en rapide évolution, marqué par une longévité accrue, l’apprentissage tout au long de la vie est essentiel pour le développement personnel et professionnel continu. Il englobe l’éducation formelle, non formelle et informelle, remodelant la vision traditionnelle selon laquelle l’apprentissage est principalement réservé aux jeunes. Contrairement aux croyances selon lesquelles la capacité d’apprentissage diminue avec l’âge, les recherches révèlent que les influences expérientielles jouent un rôle plus important, indiquant une flexibilité et une adaptabilité beaucoup plus grandes à l’apprentissage tout au long de la vie. (par. 22)

 

Les données recueillies dans plusieurs contextes de la région Asie-Pacifique montrent que les familles peuvent s’adapter à l’évolution de la dynamique sociale et économique, tout en maintenant un soutien intergénérationnel solide entre les parents âgés et leurs enfants adultes. Par exemple, les données de la Thaïlande montrent que si le régime d’allocations de vieillesse est devenu une source de revenus principale pour de nombreuses personnes âgées, il n’a pas entraîné de diminution de la cohabitation intergénérationnelle ou du soutien social non monétaire. (par. 29)


Il convient également de rappeler que plusieurs pays de la région Asie-Pacifique, comme le Cambodge et la Malaisie, accordent la priorité au vieillissement sur place, en soulignant l’importance d’infrastructures publiques adaptées aux personnes âgées. À Singapour, le programme de subventions au logement de proximité encourage les unités familiales à résider plus près les unes des autres, favorisant ainsi le soutien intergénérationnel. (par. 30)

 

Le Département des affaires économiques et sociales et la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) ont organisé une réunion d’experts sur les personnes âgées et la solidarité intergénérationnelle à Bangkok, les 10 et 11 octobre 2023. Dans ses conclusions, la réunion a appelé à l’intégration du vieillissement de la population et à la sauvegarde des droits des personnes âgées, et à l’adoption par l’ONU d’une approche fondée sur le parcours de vie et sur l’approche intergénérationnelle dans ses travaux.

 

La Commission et le Département renforcent également les capacités des gouvernements à analyser le partage des ressources économiques entre les groupes de population grâce à un projet du Compte pour le développement sur les comptes nationaux d’inclusion. Cette analyse est essentielle pour prévoir à long terme les coûts et le financement de la protection sociale, de l’éducation et des soins de santé dans des pays cibles tels que la République démocratique populaire Lao, la Malaisie, les Maldives et le Vietnam. (par. 47)

 

L’Union internationale des télécommunications, basée à Genève, a organisé une discussion intergénérationnelle lors du Forum 2023 du Sommet mondial sur la société de l’information, qui s’est concentrée sur les perceptions des jeunes à l’égard du vieillissement et sur l’importance de remodeler ces points de vue, et a souligné la nécessité d’une approche de la santé tout au long de la vie qui intègre la technologie et le bien-être financier. La discussion a mis en évidence le rôle essentiel des technologies numériques dans la promotion de la collaboration intergénérationnelle dans les environnements de travail, le logement et la conception des espaces publics. (par. 49)

 

Un exemple intéressant est offert en citant l’expérience de l’Union postale universelle, basée à Berne, en Suisse, qui a traditionnellement soutenu la solidarité intergénérationnelle. Par l’intermédiaire de ses pays membres et de leurs opérateurs postaux, elle est chargée de fournir des services essentiels à des milliards de personnes, y compris celles qui vivent dans les communautés les plus reculées.

 

Les services postaux exploitent un réseau physique de centaines de milliers de bureaux de poste et de véhicules, ainsi qu’une infrastructure de services numériques, financiers et sociaux en pleine expansion, desservie par plus de 5 millions d’employés. Les services postaux sont bien utilisés par différentes générations, généralement au sein des familles, pour lutter contre l’isolement social, rester en contact et se soutenir mutuellement par l’échange de lettres, de cartes postales et de colis. (par. 50)

 

Pour des raisons évidentes, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), basée à Genève, avec une antenne régionale pour l’Asie à Bangkok, a un rôle important à jouer dans la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour le vieillissement en bonne santé (2021-2030). Cette institution spécialisée a promu et soutenu la solidarité intergénérationnelle en collaboration avec diverses parties prenantes.

 

L’OMS a publié un guide pratique intitulé Connecting Generations: Planning and Implementing Interventions for Intergenerational Contact. La création d’une Commission triennale sur les liens sociaux pour la période 2024-2026 est l’occasion pour l’OMS d’examiner le rôle de la solidarité intergénérationnelle dans la création d’un monde plus connecté socialement. (par. 51)

 

Et après ?

 

Sur le plan pratique, il est nécessaire de remettre en question « les hypothèses sur lesquelles se fondent les indicateurs et mesures économiques actuels, en appliquant une approche fondée sur le cycle de vie et en mettant l’accent sur les répercussions des inégalités économiques et sociales sur le vieillissement de la population. Il est également essentiel de mieux quantifier et refléter les contributions des personnes âgées à leurs sociétés et à leurs économies » (par. 52).

 

Il est vrai que l’avenir est plein d’incertitudes et qu’il est difficile de prévoir et de tenter de planifier sur des décennies. Pour la première fois, jusqu’à six générations coexisteront, ce qui rend impératif le besoin de choix politiques adéquats inspirés d’une approche de solidarité intergénérationnelle pour exploiter tout le potentiel et les opportunités que le vieillissement de la population et la longévité offrent aux individus, aux familles et aux sociétés.

 

A cette fin, le Secrétaire général, utilisant un langage diplomatique prudent, informe que « les États membres sont encouragés à prendre en considération les recommandations suivantes : « Reconnaître le rôle des relations intergénérationnelles dans la promotion de la cohésion sociale et influencer le parcours de vie d’un individu par le transfert d’expériences, de connaissances, de ressources et de soutien ». Il s’agit de la première recommandation sur un total de 10, les 9 autres exigeant de :

 

Travailler à la mise à jour des indicateurs économiques actuels qui masquent l’hétérogénéité des ressources et des capacités des personnes âgées, négligent le potentiel d’une longévité prolongée et ne reflètent pas les contributions économiques des personnes âgées, y compris sur le marché du travail informel et dans le travail de soins non rémunéré ;

 

Reconnaître le rôle crucial et évolutif joué par les familles dans la contribution au bien-être de leurs membres et des communautés en général, et mettre en œuvre des politiques qui les soutiennent, y compris des programmes de protection sociale pertinents ;

 

Promouvoir le transfert intergénérationnel des connaissances sur le lieu de travail pour exploiter le potentiel des différentes générations et mieux s’adapter aux changements des marchés du travail ;

 

Investir dans la formation aux compétences numériques et favoriser l’adoption de technologies améliorant la productivité, telles que l’automatisation, l’intelligence artificielle et les plateformes numériques, entre autres mesures, pour répondre aux besoins d’apprentissage tout au long de la vie des travailleurs ;

 

Reconnaître que les bases d’un vieillissement en bonne santé sont posées avant la naissance et façonnées par l’effet cumulatif des déterminants sociaux de la santé et d’autres inégalités et discriminations vécues tout au long de la vie ;

 

Encourager l’adoption d’une approche du cycle de vie dans les politiques de santé pour promouvoir des comportements sains du début de la vie à la vieillesse, afin de réduire les maladies non transmissibles et d’allonger l’espérance de vie en bonne santé ;

 

Soutenir les individus, les familles et les communautés par des politiques qui permettent aux personnes âgées et aux membres de leur famille de vivre dans le cadre de vie qu’ils préfèrent et choisissent, aussi longtemps qu’ils le souhaitent ;

 

Reconnaître les besoins et les contributions des personnes âgées dans l’action climatique et les accords intergouvernementaux pertinents, et inclure les personnes âgées et leurs représentants dans les processus de prise de décision climatique à tous les niveaux.

 

Si les 10 recommandations intégralement reproduites ci-dessus pour leur utilité incontestable méritent d’être sérieusement examinées par les États membres, la composante éducation doit impérativement être incluse dans ce processus. L’UNESCO, qui n’est pas mentionnée dans le rapport, devrait être associée de manière permanente à cette entreprise en tant qu’agence spécialisée des Nations Unies pour l’éducation.

 

Conclusion

 

Le dernier paragraphe du rapport examiné a  un caractère organisationnel. Il y est mentionné que « l’Assemblée générale est encouragée à envisager de réitérer l’appel lancé aux États membres pour qu’ils envisagent d’inclure des représentants des personnes âgées dans leurs délégations à l’Assemblée générale et à d’autres processus  organisés sous les auspices des Nations Unies, renforçant ainsi les discussions intergénérationnelles, et demande au Secrétaire général de transmettre cette invitation aux États membres ».

 

Selon nous, et sur la base de notre longue expérience pratique de participation aux sessions de l’Assemblée générale des Nations Unies, tous les âges doivent être représentés dans les délibérations concernant la solidarité intergénérationnelle et le rôle des organisations non gouvernementales dans ce domaine doit être dûment reconnu et respecté dans le processus de coopération future sur cette question cruciale.

 

Au-delà de toute autre considération, il ne faut pas oublier la doctrine du Saint-Siège – opus solidaritatis pax – selon laquelle la paix est le fruit de la solidarité. Cette maxime peut être interprétée comme signifiant que sans solidarité nous n’aurons jamais de paix authentique au niveau mondial. Elle reflète les réalités géopolitiques actuelles et contient un appel fort à mobiliser les énergies nationales et internationales en faveur de la paix comme valeur suprême de l’humanité.

 

Ioan Voicu

 

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1 COMMENTAIRE

  1. Bravo pour cet article, car le vieillissement de la population mondiale est un des grands défis du XXIe siècle.
    Le rapport présenté par le Secrétaire général de l’ONU intitulé Suivi de l’Année internationale des personnes âgées : Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement est-il disponible ? Comment peut-on se le procurer ?

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