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BANGKOK – CULTURE : Baan Silapin, la cachette secrète des artistes

Journaliste : Léa Guyot
La source : Gavroche
Date de publication : 02/09/2020
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Dans un cadre des plus bucoliques, The Artist’s House (Baan Silapin en thaï) se présente comme un centre artistique sans en avoir vraiment la dimension. La maison est pourtant celle où des marionnettistes pratiquent gratuitement le Hun Thaï, un art traditionnel peu accessible et de moins en moins répandu.

 

Sur le klong Bang Luang, depuis leur petite embarcation à moteur, des touristes jettent un œil curieux à deux hommes en plâtre gardant paisiblement une bâtisse en bois traditionnelle, avant de s’éloigner à regret. Vieille de 200 ans, la maison construite sur pilotis n’est pas facile à dénicher. Située à Thonburi, sur la rive droite de Bangkok, la balade vaut pourtant le détour.

 

A deux pas du temple Kampaeng Pak Khlong, dans un quartier calme et authentique, la maison des artistes est un lieu insolite ouvert à tous, à l’ambiance chaleureuse et poétique. A l’intérieur, une collection de masques côtoie un vieux phonographe, un mobile en bois et des pots de peinture. Loin du tumulte de la ville, l’endroit doit sa réputation au bouche à oreille et à son spectacle de marionnettes traditionnelles, dites hun lakhon lek.

 

Plusieurs artistes se produisent quotidiennement sur une petite scène, devant un stupa vieux de 600 ans. Ce type de marionnettes se manipule à trois personnes : un artiste pour la tête et le bras gauche, un autre pour le bras droit et le dernier pour les jambes.

 

Pendant une vingtaine de minutes, les casteliers livrent une performance gratuite devant une assemblée toujours pleine, composée essentiellement de locaux. Après un tour d’horizon du public où les marionnettes interpellent avec humour les quelques touristes présents, la voix d’une narratrice situe le contexte de l’histoire et le spectacle commence.

 

Les marionnettistes, vêtus de noir des pieds à la tête, s’effacent progressivement au profit des figurines traditionnelles et des personnages qu’elles incarnent. Avec grâce, les artistes les manipulent dans une symbiose permise par la maîtrise du khon, la célèbre danse thaïlandaise masquée. Bientôt, Hanuman, le puissant roi-singe du Ramakien, prend vie sur scène et séduit la belle sirène Suvannamaccha. Une fois le spectacle terminé, les artistes se prêtent volontiers au jeu des séances photos avec le public conquis.

 

Un art moins accessible

 

A la maison des artistes, les marionnettistes se produisent bénévolement mais encouragent les donations. « C’est de plus en plus difficile de vivre de notre art », constate Khanakon «Ouu» Pakonhilankul. Alors qu’il évoluait au sein de l’une des plus grandes troupes de marionnettistes de Bangkok, Ouu a décidé de la quitter pour monter un collectif à la maison des artistes. Depuis, celui qu’on appelle « l’aîné » enseigne gratuitement l’art du Hun lakhon lek à la quinzaine d’artistes qui l’ont rejoint dans cette aventure presque familiale.

 

Avec ce projet, Ouu cherche à rendre populaire un folklore devenu de moins en moins accessible. A Bangkok, il existe dix troupes de marionnettistes, dont les plus célèbres se produisent à l’Aksra Theatre et au Joe Louis Puppet Theatre. Seulement, « il faut souvent compter 1000 bahts pour assister à ces spectacles », regrette Ouu. Le prix d’une marionnette coûtant environ un million de bahts (plus de 25 000 euros), l’artiste a confectionné lui-même les précieuses poupées lorsqu’il a été accueilli à Baan Silapin il y a huit ans par son propriétaire, Chumpol « Koh » Akkapantanon.

 

Alors que la maison, qui appartient à une famille d’orfèvres, était vouée à la destruction, Chumpol la rachète en 2007 pour en faire un centre artistique et une galerie d’art. Formé aux beaux-arts, l’homme est attaché à la préservation du patrimoine. Pendant deux ans, il rénove le bâtiment avec une idée en tête : dynamiser le quartier. Son initiative de sauvegarde de l’héritage thaïlandais a depuis été récompensée d’un prix et reçoit des subventions du ministère de la Culture.

 

Hormis les donations, Baan Silapin est financée par son petit coffee shop, sa modeste galerie d’art à l’étage et son magasin de souvenirs proposant à la vente figurines, cahiers, cartes et bijoux artisanaux. Des masques vénitiens en papier mâché peuvent être réalisés par les (grands) enfants pour 120 bahts. Depuis juillet, Chumpol organise des dîners-spectacles qui rencontrent beaucoup de succès.

 

Léa Guyot (avec Siriwat Khamsap)

 

Artist House Bangkok

 

Ouvert tous les jours de 8h à 18h

 

Plus d’infos ici

 

MRT Bang phai puis taxi (5-10 minutes)

 

Localisation ici

 

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