Le Café Balzac, situé au cœur de Bangkok, vous invite à une nouvelle soirée cinéma le 22 mars à 19h. Plongez dans l’univers envoûtant du film L’Amant de Jean-Jacques Annaud, adapté du roman éponyme de Marguerite Duras.
L’Amant raconte l’histoire d’une jeune fille française de 15 ans, vivant au Vietnam colonial, qui tombe amoureuse d’un riche homme d’affaires chinois. Leur relation passionnée et interdite les confrontera aux conventions sociales et aux préjugés raciaux.
Le film, réalisé en 1992, a été un succès international et a reçu plusieurs nominations aux Oscars. Il est considéré comme l’un des films les plus romantiques et sensuels jamais réalisés.
Le Café Balzac vous propose une soirée cinéma unique. Pour 299 bahts par personne, vous profiterez de la projection du film L’Amant, d’une boisson, d’un sandwich gourmand et de popcorns.
Le nombre de places est limité à 20 personnes. Pour réserver, veuillez contacter le Café Balzac par téléphone au 0816964798 ou par e-mail à balzacbangkok@gmail.com.
Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir ou redécouvrir ce film magnifique dans un cadre chaleureux et convivial.
Signalez bien à Chango Favre, le directeur du Balzac, que vous êtes lecteur de Gavroche.
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Sorti en 1972 l’Amant est l’un des 2 films, avec Indochine, mettant en scène l’ère coloniale française en Asie. 2 films de P. Schoendorfer porteront sur la guerre d’Indochine : la 317ème section en 1964 et Dien Bien Phu en 1992 (et dont on commémore le 70ème anniversaire). L’Amant de R Wargnier est “adapté” du roman, en partie autobiographique, de Marguerite DURAS. S’il partage avec le film Indochine, une description de la scène coloniale française, la thématique est différente et, selon moi, plus intéressante tant l’adaptation cinématographique réduit singulièrement la portée de l’intensité littéraire du roman. Le parti pris esthétisant du cinéaste et par conséquent la présence envahissante de l’image stérilise largement la portée des dialogues du récit, dialogues dont la puissance est décuplée à la fois par les silences et les répétitions. L’absence d’images laisse libre court à la puissance de l’imagination. C’est sans doute la raison pour laquelle la collaboration de l’auteur avec le cinéaste aboutit à une distance manifestée si ce n’est un “désaveu”. L’auteur éprouva le besoin de “compléter” son roman par “L”amant de la Chine du Nord” sept ans plus tard. La lecture de ces deux textes permet de mieux mesurer les limites du film. L’Amant se situe dans l’Indochine (Annam) coloniale et met en scène, c’est le cœur du roman, la rencontre entre une jeune fille blanche (M. Duras) et un jeune homme asiatique plus âgé. Nous sommes donc au cœur d’une relation amoureuse coloniale et de l’intensité du choc des représentations sociales, sensuelles et sexuelles, civilisationnelles, qu’elle provoque. Il faut préciser que le personnage masculin est un “chinois”, “le chinois”. Nous sommes en présence d’une double distance dans les relations qui vont s’instaurer entre les deux personnages. La première est celle de la distance entre une jeune femme “blanche” partageant avec la population annamite sa pauvreté, donc proche d’elle mais étant du côté colonial. La deuxième est celle de la distance entre un homme qui n’est pas annamite mais Chinois et la société locale. Comme tel il appartient à une “espèce humaine” prestigieuse” et révérée (et rejetée) et ce d’autant plus qu’il appartient à un milieu riche et les quartiers riches de Saïgon (Cholon). C’est dans un tel contexte de contradictions que la relation, intense et d’autant plus que vouée à l’échec, se déploie. L’une des aspects fascinant de cette relation concerne la sexualité dans cette relation et plus spécialement dans la mise en scène des corps. Le film me semble en réduire la portée qui fait l’intérêt des textes de M. Duras. La jeune fille se trouve “confrontée” à une sexualité masculine à laquelle elle ne s’attend pas, “formatée” qu’elle est, même jeune, à une sexualité masculine occidentale dominatrice et “machiste” (à l’image du colon) et du corps puissant et pileux qui, dans son imaginaire, va avec. Le corps du chinois, le “corps chinois” va bouleverser (on dirait aujourd’hui “déconstruire”) ses perceptions et ses affects. A l’opposé du corps occidental, tout s’y oppose, un corps “faible”, “maigre” si ce n’est “malingre”, un corps “lisse” voire “efféminé”, un corps que l’auteur caractérise surtout par sa peau : sa couleur, la blancheur (alors que le corps colonial est dépeint comme “rouge” comme “la viande rouge des steaks occidentaux”) et surtout la “douceur”. Une douceur qui va caractériser la personnalité entière du chinois. L’auteur, avec les mots, nous donne à voir et à comprendre ce que l’image à tendance à réduire à une forme de pornographie soft. Certains critiques ont voulu voir une énième représentation du corps colonisé, dominé et donc féminisé, stéréotypes de la littérature orientaliste (et coloniale) alors que le propos est tout autre : Le corps chinois, dans l’Amant, réunit les attributs masculins et féminins, le Ying et le Yang et les échangent dans la virtuosité de leurs échanges sexuels. Un autre paradigme anthropologique et civilisationnel se fait jour dans les mots, leur répétition et les silences du texte de M. Duras. Ce fût la violence de l’attirance que la jeune fille blanche éprouve qui est la clé d’une révélation fulgurante d’une masculinité “douce”, non virile, un autre modèle de beauté masculine désirable, celle de l'”homme faible”…; Voir le film et surtout lire M. Duras… (voir aussi les études de Kam LOUIE de “Hong Kong University Press” et notamment “Theorizing Chinese Masculinity : Society ans Gender in China”, Cambridge University Press, 2002, 248 p)