Le débat était dans l’air depuis quelques années, cette fois c’est acté, La Fête 2015 sera la dernière. Avec ce festival, la France proposait au public thaïlandais ce qui a de mieux en matière de scène artistique française, tout en cherchant à développer les échanges culturels entre les deux pays. Une époque où les « Printemps français » ont aussi fleuri dans toute l’Asie du Sud-Est.
Aujourd’hui, force est de constater que Bangkok a énormément évolué dans le domaine culturel. De très bons programmateurs voyagent un peu partout et reviennent avec des idées. Plutôt que de se placer « à côté », l’idée serait pour La Fête d’être « avec » des partenaires institutionnels tels que Chulalongkorn, le BACC, Sodsai Centre, ou des festivals qui existent déjà comme le Festival international de Danse et de Musique en septembre-octobre qui présentera une troupe de ballet française, et le Word Film Festival de Bangkok qui affichera cette année encore une section française et des films d’animation en octobre. « Des participations d’artistes français à de grands festivals de musique vont se décider prochainement », précise Benoît Etienne. En résumé, La Fête 2015, c’est une année charnière qui sonne le glas de l’ancien modèle festivalier et annonce une nouvelle stratégie.
Le programme
Huit événements sont programmés entre le 3 et le 20 juin. La soirée d’ouverture sera on ne peut plus « culture française » avec la célébration du 500ème anniversaire du couronnement de François 1er par l’ensemble Doulce France, spécialisé dans la musique du Moyen-Age et de la Renaissance.
Des productions franco–thaïes suivront, comme « Entr’écoles », qui présente une exposition résultant d’un programme d’échange d’étudiants entre la Faculté Silpakorn et l’école des Beaux Arts de Paris, et du partenariat avec la Cité des Arts de Paris, qui a reçu en résidence l’an dernier les artistes thaïlandais Jitti Chompee (chorégraphe de la troupe 18 Monkeys), et le photographe Lek Kiatsirikajorn.
Ces derniers présenteront leurs nouvelles créations inspirées par leur séjour en France. La Compagnie 14 :20 revient avec « Notte », très beau spectacle de magie nouvelle, mélange de danse, de cirque et de jonglage avec beaucoup d’effets vidéo qui avait dû être annulé l’an dernier suite à une blessure d’un comédien.
La Compagnie Pierre Regal, elle aussi de retour, présente « Standards », une pièce créée pour le festival Suresnes Cité. Rigal a fait appel à des danseurs de hip hop français qui travaillent sur les couleurs nationales.
Et le hip-hop, on y arrive ! L’événement de clôture sera la Battle Hip-Hop qui rassemble chaque année pour s’affronter des danseurs venus de tout le pays. L’an dernier, la foule envahissait tout l’espace de l’Alliance avec 40 équipes de sept danseurs et près d’un millier de personnes au total qui ont fait la fête. Cette année, la Battle se déroulera dans un grand espace, le Live House Studio Bangkok du JJ Green Market à Chatuchak. Après la compétition, les danseurs de la Compagnie Regal feront une démonstration et la soirée se poursuivra avec un grand concert réunissant de nombreux DJ.
Les grands absents
Pas de Fête de la Musique ! Il faut reconnaître que la Fête de la Musique n’a pas en Thaïlande la résonance qu’elle a prise dans de nombreux pays. Les services culturels de l’ambassade de France ont donc jugé plus intéressant d’intégrer des chanteurs français dans des festivals organisés par des promoteurs thaïlandais, comme le Blue Mountain Festival de Khao Yai ou le festival rock de Pattaya.
La Nuit des Galeries devient elle un événement indépendant. Suite au grand succès de l’an dernier, l’initiative a été reprise et développée en tant qu’événement et aura lieu les 27 et 28 novembre, sur deux nuits. La nouvelle stratégie de l’ambassade de France, avec un programme éclectique et pas centré uniquement sur un public averti ou une certaine élite, cible les jeunes et les classes moyennes. Pour cela, une politique tarifaire très audacieuse a été introduite, avec un prix unique de 250 B (150 B pour les étudiants et les moins de 25 ans) pour le festival 2015.
La fête 2015, si elle perd en intensité, prévisualise donc ce que sera l’action de l’ambassade en 2016, avec une programmation répartie sur l’année, organisée avec des partenaires offrant un soutien logistique, une expertise et, pour certains spectacles, un partenariat financier.
Martine Helen