Au-dessus des rues poussiéreuses et animées de Samut Sakhon, un espace en béton est maintenant une petite oasis. Un arroseur pulvérise doucement de l’eau sur les parterres de plantes feuillues, d’herbes et de fleurs. Ce jardin sur le toit est devenu un lieu fonctionnel et utile pour ceux qui l’entretiennent. Le bâtiment abrite le Réseau des droits des travailleurs migrants (MWRN), une organisation qui fournit une assistance juridique et sociale aux travailleurs étrangers vulnérables.
La recrudescence des jardins sur les toits des gratte ciels thaïlandais est une conséquence étonnante de la pandémie de coronavirus. Lorsque la Covid-19 a frappé, de nombreux activistes écologistes ont commencé à réfléchir aux meilleurs moyens de cultiver et d’approvisionner Bangkok en denrées alimentaires de base. Motif: une prolifération des travailleurs pauvres sans ressources. “J’ai remarqué que les gens mouraient de faim parce qu’ils devaient réduire leurs frais de subsistance parce qu’ils étaient mis à pied et avaient perdu leur emploi. Ils devaient faire tout ce qu’il fallait pour économiser de l’argent. Ils sont venus nous demander des légumes, une activiste interrogée par Channel News Asia.
Ko Saw a trouvé du plaisir à apprendre l’art de faire pousser des légumes dans ce jardin sur le toit. Au lieu d’essayer de trouver des moyens de donner de la nourriture, elle a levé les yeux. “Un de mes amis qui est dans l’agriculture biologique a suggéré que nous devrions cultiver plus de légumes. J’ai dit à mon amie qu’il n’y avait pas de place. Mon amie m’a dit : “si tu as un toit, c’est possible”, a-t-elle raconté.
Les jardins sur les toits comme celui-ci ne sont pas conçus pour approvisionner la capitale thaïlandaise en nourriture à long terme, mais ils peuvent jouer un rôle important pour combler les lacunes en temps de crise. En effet, la pandémie Covid-19 a suscité un intérêt pour l’agriculture urbaine au cours des derniers mois.
En Thaïlande, les préoccupations imminentes concernant l’insécurité alimentaire due au changement climatique signifient également que l’agriculture urbaine est en passe de devenir un outil crucial de résilience à long terme.
Thai City Farm de la Fondation pour l’agriculture durable
Le projet Thai City Farm de la Fondation pour l’agriculture durable en Thaïlande a permis d’améliorer les compétences des citadins en matière d’agriculture depuis plus de dix ans. En se concentrant sur les personnes économiquement défavorisées, en particulier les communautés des bidonvilles, le projet vise à renforcer leur résilience.
Des communautés comme celle de Samut Sakhon bénéficient de conseils sur la manière de mettre en place leurs activités agricoles urbaines. D’autres reçoivent de la terre et des semences pour donner un coup de fouet à leurs ambitions de plantation.
450 projets communautaires
Au total, Thai City Farm aide à superviser plus de 450 projets communautaires, un nombre qui s’est rapidement accéléré ces derniers temps avec le lancement de 210 nouveaux projets pendant la période Covid-19.
Selon elle, les compétences de base pour cultiver de la nourriture ont largement disparu du tissu urbain de Bangkok. Le problème devrait s’aggraver, les Nations unies prévoyant qu’environ 70 % de la population mondiale vivra dans les villes d’ici 2050.
“Aujourd’hui, il est clair que les citadins n’ont pratiquement aucune compétence pour produire des aliments ou ne comprennent pas vraiment l’origine de leurs aliments, les zones de production alimentaire ou les agriculteurs”, a déclaré une de ses responsables, Mme Varangkanang.
“Voulons-nous que les citadins comptent à 100 % sur eux-mêmes ? Non. Mais nous voulons nous appuyer sur le travail agricole dans les zones urbaines, comme un outil, pour que les gens acquièrent des compétences de base.
“En dehors de cela, nous pensons qu’apprendre à devenir producteur permettra aux gens de comprendre la véritable origine de la nourriture, et de devenir un consommateur qui soutient l’agriculture durable, biologique et naturelle, ainsi que l’agriculture qui aide les petits agriculteurs à pouvoir gagner leur vie, une agriculture qui ne détruit pas l’environnement et notre milieu”, explique Mme Varangkanang.
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