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BIRMANIE – ASEAN : L’éloquente impuissance régionale face aux généraux birmans

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 28/08/2021
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Gavroche a déjà, dans le passé, publié des extraits d’un article de Jean Luc Maurer consacré à la situation dans l’Irian Jaya, la province de Papouasie indonésienne. Cette fois, l’universitaire spécialiste de l’Asie publie un nouveau texte sur le site universitaire The Conversation, dont nous vous recommandons la lecture.

 

Nous publions ici des extraits d’une analyse de Jean Luc Maurer mise en ligne sur le site de The Conservation.

 

Voilà plus de six mois que les militaires birmans ont accompli le brutal coup d’État qui a renversé, le 1er février dernier, le gouvernement légal issu des élections législatives de novembre 2020, triomphalement remportées par la LND (Ligue nationale pour la démocratie), le parti de Aung San Suu Kyi, l’icône nationale de la lutte pour la démocratie et Prix Nobel de la Paix 1991 (dont l’image a beaucoup pâli du fait de sa position complaisante à l’égard des terribles exactions de son armée dans la crise des Rohingyas de 2017).

 

Après avoir arrêté « la dame de Rangoon » ainsi que le président en fonction et plusieurs ministres issus du même parti, et dissous le Parlement élu – tout cela sous des prétextes aussi fallacieux que grotesques –, les putschistes ont lancé une répression sauvage qui a déjà fait à ce jour plus de 1 000 morts au sein de la population (5 500 personnes ayant par ailleurs été arrêtées, 257 déjà jugées et 26 condamnées à la peine capitale) ! Très majoritairement opposée à ce nouveau putsch, cette dernière résiste depuis lors avec courage, par tous les faibles moyens dont elle dispose.

 

L’Asean en première ligne

 

Débordée par la gestion de la pandémie de Covid-19, concentrée sur d’autres priorités ailleurs dans le monde et bloquée par le veto que Pékin et Moscou, parrains complaisants des généraux birmans, ont opposé à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le coup d’État, la communauté internationale n’a pas réagi de manière très énergique.

 

Elle a trouvé une échappatoire commode en se débarrassant de la résolution de la crise sur l’Asean – l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, créée en 1967 sous la férule des États-Unis, alors en train de s’embourber dans la guerre du Vietnam (….)

 

À l’instigation du président Jokowi et de sa courageuse ministre des Affaires étrangères, Retno Marsudi, l’Indonésie, qui est de facto le leader de l’association et accueille son secrétariat à Jakarta, a finalement réussi à convaincre la Malaisie, Singapour et même le sultanat de Brunei (qui assure depuis le début de l’année sa présidence tournante) d’organiser un sommet spécial. Celui-ci a eu lieu à Jakarta le 24 avril. Toutefois, trois des pays membres – la Thaïlande, les Philippines et le Laos – n’ont pas daigné y envoyer leurs chefs d’État, sous divers prétextes fallacieux, se faisant représenter par leurs ministres des Affaires étrangères.

 

Feuille de route en cinq points

 

De plus, si le chef de la junte putschiste birmane avait été convié, cela n’a pas été le cas des représentants du gouvernement provisoire formé par des membres de la LND et du Parlement dissous, ainsi que des représentants de plusieurs des mouvements rebelles séparatistes qui résistent au pouvoir central depuis l’indépendance en 1948 d’un pays qui n’a jamais achevé son unité nationale. Min Aung Hlaing a été poliment tancé à Jakarta et en est reparti muni d’une feuille de route en cinq points pour mettre un terme aux violences, trouver une sortie de crise négociée et rétablir la démocratie. Pour faciliter ce processus, il était convenu que l’Asean nommerait un envoyé spécial expérimenté, chargé de rapprocher les deux parties et de faire émerger une telle solution.

 

Depuis lors, la situation est restée désespérément bloquée. La junte birmane a superbement ignoré la feuille de route de l’Asean, prétextant qu’elle en tiendrait compte quand l’ordre serait rétabli ! Le général putschiste, qui a annoncé récemment qu’il n’organiserait finalement pas les nouvelles « élections législatives libres » promises avant 2023, s’est autoproclamé premier ministre, imitant fidèlement en cela la stratégie qu’avait appliquée en 2014 son clone militaire thaïlandais, Prayut Chan-O-Cha (…)

 

De son côté, l’Asean a mis un temps infini à nommer son envoyé spécial et à l’imposer à la junte birmane. Elle vient enfin de le faire début août en la personne de Erywan Yusof, vice-ministre des Affaires étrangères du Brunei. Cela n’est guère encourageant. Yusof s’était en effet déjà rendu à Rangoon début juin avec le secrétaire général de l’Asean, Lim Jock Hoi, lui aussi ressortissant du petit sultanat, tous deux adoptant alors une attitude complaisante sinon déférente à l’égard du général putschiste…

 

Lire la version intégrale ici.

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