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BIRMANIE – CONFLIT : Une société militaire privée chinoise opère dans les zones frontalières

Date de publication : 06/12/2024
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La Chine juge qu’elle n’a pas d’autre choix que de s’impliquer directement dans la gestion de la sécurité.

 

Dans un environnement sécuritaire aussi dégradé, est-ce à dire que la Chine est disposée à combattre avec une « milice » à ses mains au côté du SAC ? Si, aujourd’hui, il n’est pas exclu que le township de Kyaukphyu tombe aux mains des soldats de l’Armée de l’Arakan avant que la co-entreprise sino-birmane soit à même de se déployer, que ferait-elle si d’aventure les territoires dont elle a la charge se voient l’objet d’une tentative de conquête ? Se joindrait-elle à une contre-offensive pour une meilleure mise en sécurité ?

 

Bien évidemment, toutes ces considérations opérationnelles ne font l’objet d’aucun avis public d’une autorité chinoise et/ou du SAC. Jusqu’ici la République populaire s’est bien gardée de préciser les lignes rouges qui seraient édictées à ses hommes. Cette absence de transparence nourrit un peu plus encore les suspicions existantes sur les réelles intentions chinoises. Le nombre de lieu où cette co-entreprise est susceptible d’avoir sa raison d’être est en effet limité et la décision de sa mise en place n’eut rien à voir avec une amélioration de la sécurité des emprises diplomatiques puisqu’elle est intervenue avant la prise à partie du consulat général de Mandalay, le 18 octobre dernier.

 

Toute chose égale par ailleurs et en dépit des dénis affichés, cette co-entreprise symbolise l’action d’un gouvernement chinois qui s’ingère, chaque jour un peu plus, dans les affaires intérieures birmanes et non pas seulement aux confins kachin et shan de ses frontières. Une posture qui risque de lui aliéner une bonne partie de la société civile birmane et qui ne peut qu’inquiéter les voisins de l’Inde à l’ASEAN.

 

A force de vouloir sauver le général Min Aung Hlaing d’une déroute politico-militaire comme si un effondrement du SAC devait signifier la fin de tout projet stratégique à la faveur de la Chine, on peut se demander si la Chine ne confond pas la défense de ses intérêts court-termistes avec ceux d’un horizon plus lointain. Une attitude empressée qui démontre d’un côté ô combien le régime du SAC a un besoin de soutiens tous azimuts et de l’autre une Chine surjouant jusqu’à surestimer la mise en danger ses intérêts.

 

Si l’opposition démocratique demande urbi et orbi à Pékin de revoir son approche de la question birmane et ses relations avec le SAC et la Tatmadaw, il n’existe pas, de sa part, une volonté de s’en prendre aux projets économiques chinois et aux citoyens de l’Empire du Milieu. A contrario, le ressentiment que pourrait faire naître une collusion politico-militaire resserrée avec Nay Pyi Taw pour faciliter le pillage de ressources naturelles nationales, sa (re)légitimation par de pseudo-élections en 2025 et une volonté commune d’écraser l’opposition, pourrait, lui, changer la donne.

 

François Guilbert

 

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