Nous reprenons ici un article de la chaine France 24, qui vient très justement de faire la lumière sur une exposition d’artistes birmans mobilisés contre la junte militaire. Depuis samedi 18 septembre, sept artistes birmans, engagés contre la junte militaire qui s’est emparée du pouvoir le 1er février, sont exposés place du Palais-Royal, à Paris, à l’initiative de l’ONG Human Rights Watch. Parmi eux, Bart Was Not Here, réfugié en France depuis juin.
Une information de France 24
“Je ne suis pas un activiste, je suis un artiste.” Bart Was Not Here refuse catégoriquement d’être présenté comme un opposant politique. Pourtant, depuis le coup d’État du 1er février en Birmanie, cet artiste de 25 ans, désormais réfugié à Paris, n’a cessé d’utiliser son talent pour militer contre la junte militaire.
Il fait partie des sept artistes birmans exposés jusqu’au 18 octobre place du Palais-Royal à Paris, à l’occasion d’une exposition organisée par l’ONG Human Rights Watch, intitulée “Fighting Fear : #WhatshappeninginMyanmar”.
À quelques pas du Louvre, cette grande installation met en avant une série d’œuvres dénonçant la situation politique dans ce pays du Sud-Est asiatique. Aux côtés de photographies des manifestations qui ont suivi la prise de pouvoir par les militaires, les dessins de Bart offrent une effusion de couleurs. Empreintes d’influences pop art, elles se moquent tour à tour du moine religieux extrémiste Wirathu, tout juste libéré par la junte, du général Thein Sein, au pouvoir en Birmanie de 2011 à 2016, ou encore du chef des renseignements birmans.
“Certaines datent d’avant le coup d’État”, explique Bart, lors d’une rencontre avec France 24 à la veille du lancement de l’exposition, samedi. “Aujourd’hui, je trouve ces satires plus importantes que jamais. Parce qu’elles montrent que je n’ai pas peur des militaires, je n’ai pas peur de me moquer d’eux, de les humilier. Qu’est-ce qui pourrait m’arriver de pire ? Qu’ils me tuent. Soit”, assène-t-il, avec un haussement d’épaules.
“Cette période a entraîné une véritable explosion de créativité pour ces jeunes manifestants”, analyse auprès de France 24, Phil Robertson, responsable du programme Asie pour Human Rights Watch. “L’art a réellement été un outil phare de la résistance au coup d’État. Il a donné aux manifestants les outils pour s’exprimer et des messages derrière lesquels se rassembler.”
Les artistes, cibles des militaires
Mais au bout de quelques semaines, la répression sanglante a eu raison des manifestations, transformant les rassemblements pacifiques en scènes de guérillas urbaines. Au total, plus de 6 500 personnes ont été arrêtées depuis le 1er février et 1 114 ont été tuées, selon le décompte effectué quotidiennement par l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).
“Et les artistes, comme les journalistes, les réalisateurs et d’autres personnalités publiques, sont parmi les premiers visés par la junte. C’est logique, les militaires cherchent à faire taire tous ceux qu’ils considèrent comme des leaders du mouvement de désobéissance”, poursuit Phil Robertson. “Beaucoup sont désormais obligés de vivre reclus, tandis que d’autres ont fui en Thaïlande voisine. Quelques chanceux ont pu partir à l’étranger.”
Des arrestations nombreuses
Plusieurs personnalités de la culture ont ainsi été arrêtées ces derniers mois, notamment des professionnels du cinéma comme l’acteur-producteur Lu Min, la réalisatrice Christina Kyi ou encore l’acteur et modèle Paing Takhon, tous ouvertement opposés à la junte.
Quatre poètes ont par ailleurs été tués, provoquant un vif émoi dans le pays. Parmi eux, K Za Win, abattu d’une balle à la tête début mars. Quelques jours après le coup d’État, il avait publié un poème largement partagé, intitulé “Révolution”, qui finissait sur ces vers : “L’aube viendra /C’est le devoir des audacieux /de conquérir l’ombre et de faire advenir la lumière.”