L’enquête sur l’opium de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour la Birmanie a révélé que la culture a augmenté de manière significative, inversant la tendance à la baisse de 2014 à 2020.

Le rapport  “Myanmar Opium Survey 2022 : Cultivation, Production and Implications” a analysé les données recueillies au cours de la première saison de culture complète depuis la prise du pouvoir par les militaires, montrant une augmentation de 33% de la zone de culture, qui atteint 40 100 hectares, et une augmentation de 88% du rendement potentiel, qui atteint 790 tonnes métriques. Après une augmentation modérée de la superficie cultivée (2 %) et du rendement (4 %) au cours de la saison 2021, les résultats de 2022 confirment que l’économie de l’opium en Birmanie est en pleine expansion.

Le représentant régional de l’ONUDC, Jeremy Douglas, a fait remarquer que “les perturbations économiques, sécuritaires et de gouvernance qui ont suivi la prise du pouvoir par les militaires en février 2021 ont convergé, et les agriculteurs des zones éloignées souvent sujettes aux conflits dans le nord de l’État de Shan et dans les États frontaliers n’ont eu d’autre choix que de revenir à l’opium.”

Les hausses les plus importantes ont été enregistrées dans l’État de Shan, où la culture a augmenté de 39 %, suivi par les États de Chin et de Kayah, qui ont enregistré des hausses de 14 % et 11 %, tandis que la culture dans l’État de Kachin a connu une hausse modérée de 3 %. Le rendement moyen estimé de l’opium a également augmenté de 41% pour atteindre 19,8 kg/ha – la valeur la plus élevée depuis que l’ONUDC a commencé à le mesurer en 2002 – ce qui indique des pratiques agricoles de plus en plus sophistiquées et la disponibilité d’engrais.

Le prix moyen payé aux agriculteurs a augmenté de 69 % en 2022 pour atteindre environ 280 USD/kg, alors même que l’offre augmentait, ce qui démontre l’attrait de l’opium en tant que culture et produit de base, ainsi que la forte expansion de la demande, le commerce de l’opium et de l’héroïne du Triangle d’Or semblant se reconnecter au marché mondial. Grâce à l’augmentation de la production, les agriculteurs ont gagné plus de deux fois plus d’argent avec l’opium que l’année précédente, bien que la hausse des revenus ne se soit pas nécessairement traduite directement en pouvoir d’achat, car le pays a connu une inflation galopante, une monnaie dévaluée et une augmentation des coûts des engrais et du carburant.

L’augmentation de l’opium s’est produite en même temps que la production de drogues synthétiques a continué à se développer, l’économie de la drogue dans le pays et la région environnante générant des profits substantiels.  La valeur de l’opium en Birmanie s’élève à 2 milliards de dollars US, le commerce régional de l’héroïne étant évalué à environ 10 milliards de dollars US.

Les solutions doivent tenir compte des défis et des vulnérabilités auxquels sont confrontés les habitants des zones traditionnelles de culture de l’opium, notamment l’isolement et les conflits. L’ONUDC travaille en tenant compte de ces réalités, en aidant les communautés et les agriculteurs à renforcer les moyens de subsistance locaux qui peuvent concurrencer l’économie de l’opium.

“En fin de compte, la culture de l’opium est une question d’économie, et elle ne peut être résolue en détruisant les cultures, ce qui ne fait qu’accroître les vulnérabilités “, a commenté Benedikt Hofmann, directeur national de l’ONUDC pour la Birmanie. Il a ajouté : “En l’absence d’alternatives et de stabilité économique, il est probable que la culture et la production d’opium continueront à se développer.”