Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève a nommé en mars Thomas H. Andrews (États-Unis) comme nouveau Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Birmanie. A 67 ans, il succède à la sud-coréenne Mme Yanghee Lee qui a quitté ses fonctions à la fin du mois dernier.
Ancien élu démocrate de la Chambre des représentants puis du Sénat de l’État du Maine (1985 – 1990), Thomas H Andrews a dirigé un cabinet de conseil à Washington DC (Andrews Strategic Services). Il a aussi collaboré avec le National Democratic Institute for International Affairs et par là-même avec plusieurs formations politiques au Cambodge et en Indonésie.
Sur le dossier birman, T. H. Andrews est loin d’être un inconnu. Il y a une vingtaine d’année il occupa même le poste de secrétaire général de la “The Nobel Peace Laureate Campaign for Aung San Suu Kyi and the People of Burma ». Un engagement qui le conduisit à être un des consultants du gouvernement birman en exil (National Coalition Government of the Union of Burma (NCGUB)) dirigé après les élections générales de 1990 confisquées par les militaires par le cousin germain de Daw Aung San Suu Kyi, le Dr.Sein Lwin, rentré tout récemment à Rangoun où il ne joue toutefois plus aucun rôle politique visible.
Compagnonnage de longue date
Le compagnonnage de T. H. Andrews avec les militants d’opposition à la junte et avec le réseau associatif « Euro-Burma Network » dont il fut l’un des bâtisseurs pourront le faire paraître comme un véritable ex-compagnon de route de Daw Aung San Suu Kyi et de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD). Un biais que certains ont pu souligner pareillement quand Mme Yanghee Lee prit à bras le corps son mandat du Conseil des droits de l’homme en 2014 puisqu’il était de notoriété publique qu’elle entretenait des relations amicales avec la prix Nobel de la paix 1991. Il n’en reste pas moins que la plupart des recommandations de l’ex-élu américain, reconverti dans la sphère non gouvernementale depuis trois décennies, prononçaient au début de la dernière décennie sont toujours d’actualité.
Devant la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine, le président de l’ONG de défense des droits « United to End Genocide » demandait en effet en juillet 2014 à la communauté internationale d’aider à la restauration des services de soins de santé dans l’État Rakhine; de permettre au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme d’ouvrir et de doter en personnel un bureau qui aurait pleinement accès à toutes les régions du pays; de dénoncer tout discours et toute action qui marginalisent encore plus les minorités ethniques et enflammerait les tensions ethniques; autoriser des enquêtes indépendantes sur la violence dans l’État Rakhine et s’assurer qu’il n’y aurait aucune impunité pour les personnels des forces de l’ordre ayant commis des crimes les États Kachin et Rakhine, ou encore le nord de l’État Shan.
Excellent connaisseur
Au vu des derniers débats parlementaires, le moins que l’on puisse dire c’est que les appels de cet excellent connaisseur de la scène birmane à modifier la Constitution de 2008 et les lois pour que soit assurer un contrôle civil sur les militaires et que la Tatmadaw se départisse de ses rôles économiques sont toujours aussi fondés. Indéniablement du côté des forces de sécurité birmanes, le choix de ce militant des droits de l’homme très aguerris ne peut être vécu qu’avec suspicion, y compris parce qu’il fut le Directeur national de « Win Without War », une coalition de quarante organisations promouvant une stratégie de sécurité nationale appelant à un emploi très mesuré de l’engagement militaire. Dans ce contexte, reste à savoir si Tom Andrews saura et pourra (r)établir une relation de travail optimale et efficace avec Nay Pyi Taw et ses acteurs clés.
François Guilbert