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BIRMANIE – ÉCONOMIE: La responsabilité du géant Total soulignée par Asialyst

Journaliste : Rédaction
La source : Asialyst
Date de publication : 14/04/2021
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Nos confrères d’Asialyst, plate forme de chroniques et d’analyses sur l’Asie du Sud-Est, publient régulièrement d’excellents articles dont nous vous recommandons la lecture. Vu l’émoi soulevé, parmi nos lecteurs, par notre éditorial récent sur la responsabilité de Total en Birmanie, nous avons pensé judicieux d’attirer votre attention sur cet article.

 

Nous publions ici des extraits d’une analyse d’Asialyst, dont nous vous recommandons la lecture intégrale. Elle est signée Francis Christophe.

 

Depuis le putsch des généraux birmans le 1er février dernier, aucun responsable politique français, aucun élu n’a prononcé à propos du drame que vit la Birmanie, le mot tabou : Total. Il est pourtant de notoriété publique que le groupe pétrolier, en propre, et par son pilotage du consortium exploitant le gisement offshore de Yadana et acheminant le gaz en Thaïlande, est la « moneyline », la perfusion indispensable à la survie financière de la junte birmane. Il s’agit, tous flux confondus, d’environ 500 millions de dollars par an, selon des sources spécialisées consultées par Asialyst.

 

Aux États-Unis, le congrès examine en ce moment le cas de Chevron, le principal partenaire de Total en Birmanie. L’omerta française a, elle, été rompue le 4 avril par Patrick Pouyanné, le PDG de Total. Dans une tribune au Journal du dimanche, intitulée « Pourquoi Total reste en Birmanie », Patrick Pouyanné se lance dans un exposé entaché de demi et de contre-vérités. À cela viennent s’ajouter deux troublants aveux du PDG de Total : « Devons-nous arrêter de payer les impôts et taxes à l’État birman ? Avant toute chose, il faut savoir que ne pas payer ses impôts et taxes est un crime selon le droit local et que si nous ne le faisions pas, par exemple en mettant les 4 millions de dollars d’impôts et taxes mensuels sur un compte séquestre comme nous l’avons envisagé, nous exposerions les responsables de notre filiale au risque d’être arrêtés et emprisonnés. »

 

À la mi-mars, Total entretenait 17 expatriés en Birmanie, qui sont désormais considérés par leur patron comme des quasi-otages, car le « droit local », auquel se réfère Patrick Pouyanné, est dramatiquement éloigné de l’État de droit.

 

Quant aux 4 millions de dollars non versés en raison de la paralysie du système bancaire birman, c’est reconnaître le montant dérisoire des revenus gaziers destinés au circuit officiel dans le pays, approximativement 10 % du total. Verser l’équivalant à des ONG humanitaires, ce que préconise le PDG de Total, est inconvenant. Seules les ONG contrôlées par l’armée peuvent éventuellement fonctionner. Les animateurs d’ONG humanitaires birmanes sont soit morts, soit blessés, prisonniers ou en fuite.

 

45 millions de dollars

 

Selon les experts consultés par Asialyst, chaque mois ce sont environ 45 millions dollars qui abondent un petit nombre de comptes bancaires dans deux banques singapouriennes, comptes « dont les ayant droits se comptent sur les doigts d’une seule main ».

 

« Mais si ce système bancaire venait à être rétabli, poursuit Patrick Pouyanné, pour mettre fin à cette source de revenus, il nous faudrait en réalité mettre fin à la production du gaz. D’ailleurs, l’essentiel des revenus revenant à l’État de Birmanie vient de l’exportation du gaz et est versé, non pas par Total, mais par la société thaïlandaise PTT qui achète ce gaz. » Il s’agit là d’une demi-vérité. En effet, le client du gaz birman exporté est thaïlandais, mais c’est l’Electricity Generating Authority of Thaïland (EGAT) qui règle mensuellement sa consommation, non pas à l’État birman, mais au Moattama Gas Transportation Company (MGTC), consortium dont Total est l’actionnaire majoritaire aux côtés de l’américain UNOCAL (racheté par Chevron), la PTTEP thaïlandaise, et la Myanmar Oil and gas Enterprise (MOGE).

 

Cette structure complexe est suffisamment opaque pour que le gouvernement civil dirigé par Aung San Suu Kyi n’ait pas réussi à en démêler l’écheveau avant le putsch. Le coup d’État aurait aussi été motivé par la crainte de la haute hiérarchie militaire d’une prise en main des circuits gaziers par le futur gouvernement issu des élections du 8 novembre….

 

La suite à lire intégralement sur le site Asialyst.com

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