Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) tente d’aider la Birmanie à mettre fin aux troubles sanglants déclenchés par le coup d’État militaire de 2021, mais la junte birmane a largement rejeté ses efforts. L’envoyé spécial de l’ASEAN, Alounkeo Kittikhoun, a rencontré le chef de la junte à Naypyidaw pour discuter de la coopération ASEAN-Birmanie et d’une solution pacifique à la crise en cours.
L’Inde, voisine de la Birmanie s’active à renforcer son partenariat avec la junte birmane. New Delhi a promis d’aider le régime à organiser une élection que d’autres démocraties ont qualifiée de mascarade destinée à prolonger le régime militaire. De plus, l’Inde est également le troisième fournisseur d’armes et d’équipements en Birmanie, derrière la Russie et la Chine. Une série d’activités au cours de la semaine écoulée a signalé un renforcement des liens. Le nouvel ambassadeur indien a présenté ses lettres de créance à Min Aung Hlaing et les chefs des deux forces aériennes se sont rencontrés à Naypyitaw. Lors de cette réunion, le vice-maréchal de l’armée de l’air indienne a proposé d’offrir plus de bourses aux stagiaires militaires birmans et de la technologie pour l’armée de l’air de la junte.
La formation de la deuxième vague de conscrits militaires a débuté le 15 mai dans les commandements régionaux de la junte à Rangoun, Mandalay, Bago, dans l’État Shan et dans la zone d’auto-administration Pa-O. Cela fait trois mois que la loi sur la conscription a été appliquée, le 10 février. Le régime a recruté environ 5 000 hommes lors de la première vague, qui a débuté le 8 avril. Pour l’instant, les médias de la junte n’ont pas révélé le nombre de jeunes hommes enrôlés lors de la deuxième vague. Au total, environ 10 000 civils auraient été enrôlés dans l’armée jusqu’à présent. Le régime prévoit de commencer à conscrire des femmes célibataires âgées de 18 à 27 ans lors de la cinquième vague.
Min Aung Hlaing, a rencontré le 15 mai des responsables de l’ASEAN pour discuter de la participation de la junte au bloc régional, dont elle est isolée depuis le coup d’État de 2021. L’ASEAN tente en vain de résoudre le conflit déclenché par le putsch militaire, qui a déplacé 2,7 millions de personnes. La Birmanie est toujours membre de l’ASEAN, mais les généraux ont été exclus des réunions de haut niveau du bloc en raison de leur refus de participer à un plan de paix et de dialoguer avec leurs opposants. La rencontre a porté sur la coopération de la Birmanie au sein de l’ASEAN, les conditions de sa participation aux réunions et son projet de nouvelles élections. Certains pays membres réclament des actions plus fermes contre la junte, alors que d’autres entretiennent des liens bilatéraux avec les généraux. Depuis le coup d’État, plus de 5 000 personnes ont été tuées et plus de 26 000 arrêtées.
Économie
Selon le Centre du commerce international (ITC), une différence commerciale annuelle de 6 à 12 milliards USD est observée entre la Birmanie et ses principaux partenaires commerciaux, notamment la Chine, la Thaïlande, l’Inde et le Japon. Cette disparité témoigne de l’existence d’un commerce illégal significatif. Le comité pour l’éradication du commerce illégal, présidé par le vice-premier ministre, a révélé que les saisies de marchandises illégales ont atteint environ 250 milliards MMK (119 millions USD) pour les 12 430 cas traités depuis la reconstitution du comité en 2019 jusqu’en avril 2024. Ces chiffres soulignent l’ampleur du défi que représente le commerce illégal pour la Birmanie et la nécessité de mesures rigoureuses pour y faire face.
Société/Répression/Conflit
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a assisté le 19 mai à l’inauguration d’une réplique du Haw (palais) du défunt Saopha (seigneur féodal) Sao Kawng Kiao Intaleng, à Kengtung, dans l’est de l’État Shan. Le Haw était un symbole de l’histoire et de la culture Shan jusqu’à sa destruction par le précédent régime militaire il y a 33 ans. Construit par des architectes indiens entre 1903 et 1906, le palais blanc mêlant influences européennes et indiennes était un symbole d’autonomie pour l’est de l’État Shan. Après le coup d’État du général Ne Win en 1962, il a servi de bureau gouvernemental. En 1991, le régime militaire succédant à Ne Win, arrivé au pouvoir après un soulèvement populaire en 1988, a ordonné la démolition du palais pour faire place à un hôtel, effaçant ainsi un symbole de l’identité nationale Shan.
Le régime militaire birman et l’Alliance de la Fraternité, regroupant trois puissantes armées ethniques, n’ont trouvé aucun accord lors des derniers pourparlers de paix organisés par la Chine. Ces discussions de trois jours se sont tenues à Kunming, en présence de représentants de la junte et de l’alliance composée de l’Armée de l’Alliance démocratique nationale birmane (MNDAA), de l’Armée de libération nationale Ta’ang (TNLA) et de l’Armée Arakan (AA). Les points de friction majeurs concernaient les combats menés par l’AA dans l’État Rakhine (ouest de la Birmanie) et la reprise du commerce frontalier avec la Chine par l’État Shan du Nord. La Chine a notamment plaidé pour la réouverture des routes commerciales, d’une valeur de plus de 5 milliards de dollars par an, mais en vain. La discussion s’est également portée sur les zones contrôlées par la MNDAA, essentielle pour le commerce transfrontalier, et les offensives de l’AA près du Bangladesh.
Des températures caniculaires ont tué environ 100 personnes en seulement quatre jours dans le centre de la Birmanie, touchant particulièrement les malades et les personnes âgées. Les associations locales, comme Thukha Hita, ont signalé une augmentation dramatique des décès, incluant même des bébés. La chaleur extrême a coïncidé avec des coupures de courant, aggravant la situation pour les habitants.
Des réfugiés birmans ont fui vers les villages frontaliers de l’État indien de Manipur, mais font maintenant face à des expulsions menées par les autorités locales et un groupe paramilitaire. Le ministre en chef de Manipur, Nongthombam Biren Singh, a annoncé sur Facebook le 8 mai l’expulsion de près de 5 500 “immigrants illégaux”, incluant les réfugiés, dont les données biométriques de près de 5 200 ont été collectées. Alors que des milliers de civils birmans tentent d’échapper au conflit armé, 60 000 autres se sont réfugiés dans l’État du Mizoram, au sud de Manipur, où le gouvernement a décidé de ne pas les rapatrier pour le moment.
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