Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Cette semaine, l’ancienne dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a été déplacée de la prison vers une assignation à résidence en raison de problèmes de santé attribués à la vague de chaleur, selon le gouvernement militaire. Par ailleurs, le gouvernement de la junte a annoncé le 17 avril avoir gracié plus de 3 000 prisonniers à l’occasion de la fête traditionnelle du Nouvel An. Parmi eux, Aung San Suu Kyi, âgée de 78 ans, et l’ancien président de son gouvernement, Win Myint, âgé de 72 ans, figurent parmi les détenus âgés et fragiles transférés en raison de la chaleur intense, a déclaré le général de division Zaw Min Tun, porte-parole de l’armée, aux médias internationaux le 16 avril au soir.
Le régime militaire a ordonné la libération de 3 303 prisonniers des établissements pénitentiaires de Birmanie le 17 avril, à l’occasion du Nouvel An birman. Parmi les personnes libérées dans le cadre de cette amnistie figuraient Hkalam Samson, ancien président de la Kachin Baptist Convention (KBC), ainsi que Zaw Win et Nay Win, respectivement ministres de l’Immigration et des Affaires sociales de l’État Kachin. Huit ressortissants étrangers ont également bénéficié de cette mesure, selon les autorités. Elles ont précisé que les individus libérés devront purger le reste de leur peine en cas de récidive. Toutefois, cette amnistie ne concerne pas les prisonniers reconnus coupables de crimes graves, tels que le meurtre, le viol, ou encore les infractions liées aux armes à feu, aux substances explosives, aux stupéfiants, à la corruption et au terrorisme, ainsi que d’autres infractions majeures. Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), depuis l’instauration du régime après le coup d’État militaire de 2021, environ 26 524 personnes ont été arrêtées pour des motifs politiques. Actuellement, au moins 20 351 individus demeurent incarcérés dans les prisons birmanes.
L’ASEAN s’est déclarée “vivement préoccupée” par la récente recrudescence des combats en Birmanie, suite à de violents affrontements près d’un important carrefour commercial frontalier avec la Thaïlande. Les ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN ont appelé “toutes les parties à une cessation immédiate des violences” en Birmanie, pays en proie aux conflits depuis le coup d’État militaire de février 2021. L’armée a dû retirer ses troupes de Myawaddy, un important centre commercial, après des jours de combats contre l’Union nationale karen (KNU), un groupe armé d’une minorité ethnique de longue date, et d’autres combattants anti-junte.
Le Dr Kao Kim Hourn, secrétaire général de l’ASEAN, a tenu une réunion avec l’ambassadeur Aung Myo Myint, représentant permanent de la Birmanie auprès de l’ASEAN, au siège de l’organisation. Cette rencontre visait à discuter et à échanger des points de vue sur les développements en cours au sein de l’ASEAN. Les deux parties ont également abordé un large éventail de sujets liés aux trois piliers de la Communauté de l’ASEAN.
Économie
La Birmanie a enregistré un total de 3,83 milliards de dollars américains (USD) d’exportations agricoles entre avril 2023 et mars 2024, représentant une baisse de 167,7 millions de dollars par rapport à la période correspondante de 2022-2023. Dans le secteur manufacturier, les exportations pour l’exercice 2023-2024 se sont élevées à 8,8 milliards de dollars USD, enregistrant ainsi une baisse de 2,09 milliards de dollars USD par rapport à 2022-2023. Dans le but de stimuler les exportations, la Birmanie a mis en place une Stratégie nationale d’exportation pour la période 2020-2025, axée sur plusieurs secteurs prioritaires tels que l’agriculture, l’industrie, la pêche, l’innovation et l’habillement.
Société/Répression/Conflit
Des combats violents font rage à la frontière orientale entre la Birmanie et la Thaïlande, poussant environ 200 civils à fuir vers la Thaïlande. Les forces rebelles, qui ont pris le contrôle de la ville birmane de Myawaddy le 11 avril, mènent une offensive contre les troupes de la junte retranchées sur un pont frontalier depuis plusieurs jours. Des explosions et des tirs nourris ont été entendus depuis le 19 avril au soir, selon des témoins des deux côtés de la frontière. Les médias thaïlandais rapportent que les rebelles ont utilisé des armes lourdes et des drones pour attaquer les positions de la junte, repoussant environ 200 soldats. La situation à la frontière reste tendue et incertaine, et le nombre de réfugiés pourrait continuer à augmenter.
Le régime militaire birman accuse le groupe armé ethnique Arakan Army (AA) d’attiser les tensions raciales dans l’État de Rakhine, après avoir perdu huit villages face à l’AA en seulement cinq mois. Ces accusations surviennent suite à un incendie dans la ville frontalière de Buthidaung et des rumeurs accusant le régime et les musulmans locaux. L’AA dément ces allégations et le régime est quant à lui accusé de forcer des Rohingyas musulmans à combattre l’AA et à manifester contre eux. Le passé violent du régime envers les Rohingyas jette un doute sur sa sincérité à leur égard. L’AA, qui lutte pour l’autonomie de l’État de Rakhine, a nié les accusations du régime et a accusé la junte de s’adonner à des actes de violence contre les civils. La situation dans l’État de Rakhine reste très tendue et volatile, et la communauté internationale a appelé à un dialogue entre les deux parties afin de trouver une solution pacifique.
Quatre détenus ont été abattus par les forces de sécurité et douze autres ont été blessés lors d’une manifestation dans la prison de Myitkyina, dans l’État de Kachin, le 18 avril, selon les médias Kachin. Les prisonniers protestaient contre l’amnistie accordée par la junte le même jour, qui a vu la libération de 3 303 prisonniers dans tout le pays pour le Nouvel An birman. Parmi ceux qui ont bénéficié d’une amnistie conditionnelle mercredi, seuls 101 étaient des prisonniers politiques. Selon les médias Kachin citant des sources proches de la direction de la prison de Myitkyina, les gardiens ont d’abord utilisé des lance-pierres pour tirer des projectiles sur les détenus qui protestaient pour l’équité de l’amnistie. Les prisonniers ont répliqué en lançant des pierres sur le personnel pénitentiaire. Les forces de sécurité de la prison ont ensuite tiré à balles réelles sur les manifestants, faisant quatre morts et douze blessés. Le personnel pénitentiaire a transporté les morts et les blessés à l’hôpital jeudi soir, selon les médias.
Un rapport récent indique que le général de brigade Soe Min Htet, commandant de la brigade 44 du régime militaire birman, a été tué au combat lors de la récente bataille au pont de l’amitié entre le Myanmar et la Thaïlande 2 à Myawaddy. Selon Karen National Media, qui cite une agence de presse thaïlandaise locale, le corps du général Soe Min Htet est actuellement à la morgue de l’hôpital de Mae Sot.
Le gouvernement du Bangladesh a annoncé mercredi que 46 membres de la police des gardes-frontières (BGP) du régime birman avaient fui vers le Bangladesh en raison des affrontements le long de la frontière avec l’armée d’Arakan (AA). Le nombre total de membres de la BGF et de militaires actuellement hébergés au Bangladesh s’élève désormais à 260. Le Bangladesh a rapatrié 330 militaires, ainsi que leurs proches, après qu’ils eurent fui les attaques de l’AA le 15 février. Dhaka collabore avec Naypyidaw pour rapatrier les 260 restants. Le ministre bangladais des Affaires étrangères, Mohammed Hasan Mahmud, a indiqué que Naypyidaw avait proposé de les rapatrier en utilisant les voies navigables. Des obus d’artillerie venant de Birmanie ont touché le Bangladesh, causant des victimes civiles et des dommages aux bâtiments. Le Bangladesh accueille près de 1,2 million de réfugiés rohingyas ayant fui les attaques militaires, la dernière en 2017 ayant été qualifiée de génocide par le gouvernement américain.
Hkalam Samson, l’ancien président de la Kachin Baptist Convention (KBC), a été de nouveau appréhendé le 17 avril, le jour même de sa libération de la prison de Myitkyina, dans le cadre d’une amnistie nationale des prisonniers à l’occasion du Nouvel An birman, mercredi. Il a été arrêté pour la deuxième fois par des soldats à son domicile de Myitkyina, la capitale de l’État Kachin. « Une trentaine de soldats sont arrivés chez lui sous prétexte de veiller sur sa sécurité. Plus tard dans la nuit, 50 autres soldats sont venus et l’ont emmené. Ils ont affirmé qu’ils le renverraient chez lui le lendemain matin après l’avoir interrogé », a rapporté un habitant de Myitkyina. Une source anonyme proche de la famille de Samson a confié à The 74 Media que les proches de Samson avaient été informés par le Département des prisons qu’un logement sécurisé lui avait été réservé pour des raisons de sécurité.
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