Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Le moine bouddhiste extrémiste, Ashin Wirathu, célèbre pour ses diatribes de haine contre les musulmans en Birmanie, a reçu le 3 janvier une récompense nationale de la part de la junte militaire, qui a salué son travail. Surnommé “Le Ben Laden bouddhiste” par le magazine américain Time après les violences communautaires de 2013 en Birmanie, Ashin Wirathu a reçu le titre de “Thiri Pianchy”, a indiqué la junte militaire. Cette récompense décernée au nom d’un “travail exceptionnel pour le bien de l’Union de la Birmanie” lui a été remise par le chef de la junte militaire, Min Aung Hlaing. M. Wirathu fait ainsi partie des centaines de personnes qui ont reçu des titres honorifiques, alors que la junte birmane célèbre mercredi le 75e anniversaire de l’indépendance de l’ancienne colonie britannique.
La Force de défense des nationalités karenni (KNDF) et ses alliés de la résistance affirment avoir tué près de 800 soldats de la junte birmane dans les États de Kayah et de Shan l’année dernière. La KNDF, l’armée karenni, la branche armée du Parti national progressiste karenni, et plusieurs groupes de résistance combattent le régime depuis mai 2021, date à laquelle des centaines de manifestants pacifiques contre le régime ont été tués dans tout le pays. Les affrontements ont débordé sur le sud de l’État Shan. Le KNDF a déclaré vendredi 6 janvier qu’il avait participé à 341 affrontements avec le régime en 2022, au cours desquels 797 soldats de la junte ont été tués et 93 blessés. Il a ajouté que 65 combattants des KNDF avaient été tués. La junte a mené plus de 150 frappes aériennes et tirs d’obus contre les forces de résistance et des cibles civiles, a indiqué le groupe armé. Au moins 13 civils ont été tués et 64 blessés, 72 maisons civiles et quatre bâtiments religieux, dont un temple bouddhiste, ont été détruits. Le groupe de résistance a affirmé avoir capturé 11 soldats du régime ainsi que 40 armes lors des affrontements et sept soldats ont fait défection au profit des KNDF. Le KNDF a juré de continuer à se battre jusqu’à la chute de la dictature.
L’armée birmane a échangé des prisonniers avec l’AA dans l’État de Rakhine. Cinq semaines après avoir convenu d’un cessez-le-feu informel, l’armée birmane et l’Armée Arakan (AA) ont procédé cette semaine à un échange de prisonniers dans le canton de Ponnagyun, dans l’État Rakhine. L’échange aurait eu lieu mardi 3 janvier vers 7 heures du matin entre les villages de Kun Taung et de Pa Day Thar, à environ 20 km au nord de la capitale de l’État de Rakhine, Sittwe. Des témoins n’étaient pas certains du nombre exact de prisonniers échangés, mais ont indiqué qu’un officier de haut rang de l’AA figurait parmi eux.
La junte militaire a libéré plus de 7 000 prisonniers pour marquer le 75e anniversaire de l’indépendance du pays, à la suite d’un défilé militaire aux allures de démonstration de force dans la capitale. Des chars d’assaut, lance-missiles et véhicules blindés ont parcouru les rues de Naypyidaw, lors d’une parade militaire.
Économie
Chute de 61% des investissements directs étrangers sur les 9 premiers mois de l’année fiscale 2022-23 (avril à décembre 2022), Les investissements directs étrangers approuvés se sont élevés à 1,5 Mds USD, en baisse de 61% à par rapport à la même période de 2020-21. Singapour est le premier investisseur avec 1,15 Md USD devant la Chine (98 M USD) et Hong Kong (165 M USD).
Budget supplémentaire de l’année 2022-23 approuvé par le gouvernement birman. Le conseil administratif d’Etat (SAC) a publié la loi de finances rectificative pour l‘année fiscale en cours (avril 2022 à mars 2023). 440 Mds MMK (209 M USD) sont ainsi alloués en supplément à la défense, ce qui contribue à une hausse des dépenses de 21% comparé au précédent budget du gouvernement civil de 2020-21. Par ailleurs, les postes de la santé, de l’éducation et de l’agriculture voient leurs dépenses diminuer respectivement de 36%, 11% et 18%.
Société
Les mines d’or birmane détruisent l’environnement et des vies. Les mines d’or exploitées par des entreprises liées à la junte birmane provoquent d’importants dégâts environnementaux et forcent le déplacement des agriculteurs de l’est de l’État Shan. Depuis qu’une douzaine de sociétés d’extraction d’or ont commencé leurs activités dans la région en 2007, la population locale est de plus en plus contrainte de faire face aux inondations, aux sédiments toxiques et à l’eau polluée causés par les activités de l’industrie extractive dans la région. Selon la Fondation shan pour les droits de l’homme (SHRF), au moins 20 permis d’exploitation de mines d’or ont été accordés à des entreprises dans la région au cours de cette période, dont plusieurs sont liées au personnel militaire. Le canton abrite les minorités ethniques Shan, Lahu et Akha. Les forêts des collines de Loi Kham ont été déracinées pour faire place à l’exploitation aurifère à grande échelle, provoquant une érosion massive des sols et envoyant de la boue dans le ruisseau Nam Kham et dans le village de Sai Win à chaque saison des pluies.
Trois avions de combat de la base aérienne de Myitkyina ont ouvert le feu près de deux villages sur les rives du fleuve Irrawaddy en Birmanie mardi après-midi. Des milliers d’habitants y extraient l’or de la rivière à l’aide de radeaux de bambou.
Vendredi, des gardiens de la la prison de Pathein ont tiré et tué un prisonnier politique et blessé plus de 60 autres personnes – dont huit grièvement – après que des détenus ont protesté contre le passage à tabac de la victime un jour plus tôt, a appris Radio Free Asia. Cet incident est le dernier en date. dans une série de plus de 15 violentes répressions de manifestations de prisonniers politiques – que les autorités ont qualifiées d’« émeutes » – au cours des deux années qui ont suivi la prise du pouvoir par l’armée birmane lors d’un coup d’État.
