Gavroche a sélectionné pour vous les faits marquants de la Birmanie au cours des derniers jours. Un aperçu essentiel pour ceux qui suivent de près l’actualité de ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique et diplomatie
Min Aung Hlaing a exprimé son mécontentement face à l’augmentation du soutien populaire à l’insurrection contre l’armée birmane lors de sa visite dans le sud de l’État Shan cette semaine. S’adressant à des fonctionnaires, des membres des forces armées, de la police, des milices locales, ainsi qu’à des dignitaires de la communauté à Hsihseng, dans la zone autonome Pa-O, il a affirmé que la stabilité ou le déclin des villes reposait sur la responsabilité de leurs habitants. Il a également pointé du doigt les “éléments perturbateurs et terroristes” locaux, les accusant d’être responsables des destructions dans ces régions.
Désignant les groupes armés de l’Alliance Fraternité comme “terroristes”, l’armée birmane justifie ainsi ses actions répressives et renforce ses liens avec des alliés tels que la Russie. Après cette classification, les attaques aériennes se sont intensifiées dans les zones contrôlées par ces groupes. Min Aung Hlaing a averti les civils qu’ils seraient assimilés à des terroristes s’ils soutenaient les rebelles.
Le président par intérim du gouvernement d’unité nationale (NUG), Duwa Lashi La, a exhorté samedi la Force de défense du peuple (PDF) ainsi que les autres groupes de résistance à respecter scrupuleusement le code de conduite, à l’occasion du troisième anniversaire de la déclaration de la « guerre défensive du peuple » contre le coup d’État militaire de 2021. « Je suis convaincu que la victoire du peuple est inévitable. Les vagues de la guerre défensive finiront par éroder et détruire progressivement la dictature. Ce ne sont pas de simples paroles, cela a été prouvé par les accomplissements des trois dernières années de révolution », a déclaré Duwa Lashi La le 7 septembre.
Économie
Le ministère de l’Électricité a annoncé le 30 août une augmentation des tarifs, en vigueur à partir du 1er septembre 2024, la première hausse depuis juillet 2019. Les ménages dépassant 300 kWh mensuels verront leurs tarifs doubler, passant de 125 à 300 kyats (0,06 à 0,14 USD), tandis que les gros consommateurs, notamment les entreprises, subiront une augmentation encore plus marquée, avec un passage de 180 à 500 kyats/kWh (0,09 à 0,24 USD). Cette décision est justifiée par la hausse des coûts de production. Les tarifs précédents ne couvraient plus les coûts d’exploitation, entraînant sous-investissement et pannes électriques récurrentes dans le pays. Toutefois, l’efficacité de cette mesure dépendra de la capacité réelle des ménages à payer, dans un contexte d’appauvrissement croissant depuis le coup d’État de 2021.
De plus, la Banque centrale birmane (CBM) a révisé sa politique de conversion des recettes d’exportation en kyats, la faisant passer de 35 % à 25 % au taux officiel de 2 100 kyats/USD. Les 75 % restants peuvent désormais être échangés à des taux plus avantageux, autour de 3 700 kyats/USD sur la plateforme de trading en ligne. Cette directive, en vigueur depuis avril 2022, avait initialement imposé la conversion de toutes les devises étrangères sous 24 heures.
En parallèle, l’indice PMI de S&P Global pour août 2024 a chuté à 43,4, contre 48,4 en juillet, marquant le second mois consécutif de baisse dans le secteur industriel. Cette chute est liée à la baisse des commandes, aux violences, et aux inondations. La production a enregistré sa plus forte contraction depuis deux ans, les pénuries de matériaux et la hausse des coûts aggravant la situation. L’inflation a atteint un sommet sur 12 mois, alimentée par la faiblesse de la monnaie locale. Le moral des entreprises est également à un niveau historiquement bas, en raison de l’instabilité politique persistante.
Le marché des piscicultures en Birmanie observe une augmentation du nombre d’éleveurs de poissons-chats et de tilapias thaïlandais, des espèces pouvant être élevées à petite échelle et offrant des profits rapides. Avec une marge bénéficiaire d’environ deux tiers, ces poissons rapportent plus à court terme que d’autres espèces. Un éleveur peut, par exemple, nourrir 1 000 poissons avec un coût d’alimentation de 400 000 à 550 000 kyats, pour une production de 200 visses, vendues à 6 000-7 000 kyats l’unité. Ces poissons grandissent rapidement, résistent aux intempéries et sont moins sujets aux maladies.
Société et conflits
Deux éléphants jumeaux, Pearl Sint et Kyaw Pearl, sont nés au camp forestier de Wingabaw, géré par l’entreprise forestière d’État, marquant un événement rare. Après un démarrage difficile, ils ont appris à se nourrir correctement et développent désormais leur propre personnalité. Ce camp, abritant neuf éléphants, sert également d’attraction touristique.
Helping Hands for Burma (H2B) a organisé une projection de films révolutionnaires le dimanche 8 septembre à Manhattan, New York, au théâtre Walter W. Birge III. L’événement a attiré une salle comble, avec la présence d’U Kyaw Moe Tun, représentant permanent du Myanmar auprès des Nations Unies à New York, ainsi que de membres de diverses communautés ethniques birmanes de la ville. Tous les fonds collectés seront intégralement destinés à soutenir les besoins essentiels de la révolution en cours. L’événement a également inclus la vente de souvenirs liés aux films, ainsi qu’une vente aux enchères de peintures et d’objets envoyés spécialement par les cinéastes pour l’occasion. De la cuisine birmane était également proposée aux participants.
Human Rights Watch a publié une déclaration exhortant le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) à renvoyer la Birmanie devant la Cour pénale internationale (CPI). L’organisation a également appelé le Royaume-Uni, auteur des résolutions actuelles du CSNU concernant la Birmanie, à prendre des mesures plus décisives pour mettre fin aux violences persistantes dans le pays. « L’inaction prolongée du CSNU a conduit à un silence inadmissible sur la situation en Birmanie depuis des années. Si le Conseil choisit d’ignorer les récents événements sans même organiser une réunion ou exprimer publiquement sa préoccupation, cette négligence entachera l’héritage de chaque ambassadeur qui y siège, en particulier celui du Royaume-Uni, censé “mener” les discussions sur la Birmanie », déclare le communiqué de HRW.
L’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP) a recensé qu’au moins 1 132 femmes ont été tuées par l’armée depuis le coup d’État du 1er février 2021. L’organisation a également rapporté que 5 649 femmes ont été arrêtées au cours de cette période.
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