Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Typhon Yagi
Le typhon Yagi, a provoqué de fortes pluies, des glissements de terrain et des inondations, affectant 65 communes dans les régions de Mandalay, Sagaing, Magway, Nay Pyi Taw et Bago, ainsi que dans les États de Kayah, Kayin, Mon, Rakhine et Shan. Plus de 887 000 personnes, y compris des personnes déplacées, ont été touchées par le typhon, entraînant également la perte de plus de 100 000 animaux et la destruction de 300 000 hectares de rizières et d’autres cultures. Face à cette crise, une vague d’aide internationale et de dons de la part de citoyens solidaires afflue pour soutenir les efforts de secours et de réhabilitation. L’Union européenne a annoncé une aide humanitaire de 1,2 million d’euros, la Norvège a alloué 500 000 dollars, tandis que l’Australie a contribué à hauteur de 1,7 million de dollars. Par ailleurs, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a approuvé une allocation pouvant atteindre 4 millions de dollars pour les secours d’urgence. De plus, le Centre humanitaire de l’ASEAN, le PAM, ainsi que des pays tels que l’Inde, la Thaïlande, la Chine, le Japon et Singapour, ont déjà dépêché des secours d’urgence et acheminé des biens de première nécessité.
Politique, Diplomatie
Le pape François a renouvelé son appel à la libération d’Aung San Suu Kyi, l’ancienne dirigeante birmane détenue depuis le coup d’État de 2021. Lors de son récent voyage en Asie, le souverain pontife a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation en Birmanie et a proposé au Vatican d’accueillir Mme Suu Kyi sur son territoire. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de grave crise humanitaire et politique en Birmanie, où les violences ont provoqué un exode massif de la population. Le pape appelle à une paix durable fondée sur le respect des droits de l’homme et de la démocratie, tout en dénonçant les violations commises par la junte militaire.
Le gouvernement d’unité nationale (NUG) birman, reconnu par une partie de la communauté internationale, a fermement rejeté la proposition de la junte militaire, le Conseil d’administration de l’État (SAC), d’organiser des élections. Le NUG, ainsi que des groupes armés comme l’Armée populaire de libération de Bamar, considèrent que cette offre est une manœuvre du régime pour légitimer son pouvoir illégitime. Les groupes armés affirment qu’ils ne déposeront pas les armes tant que la junte ne sera pas renversée et que des élections libres et justes ne pourront avoir lieu sous l’égide d’un gouvernement civil.
La Chine a renforcé sa coopération militaire avec le régime birman. Le jeudi 26 septembre, le colonel supérieur Qu Zhe, attaché militaire chinois en Birmanie, a rencontré le général Maung Maung Aye, chef d’état-major général birman, à Naypyitaw. Au cours de cette rencontre, les deux responsables ont discuté de “l’amélioration des relations amicales entre les forces armées des deux pays, de l’entraînement militaire conjoint et de la poursuite de la collaboration en matière de défense”, selon les médias du régime. Par ailleurs, la Chine a récemment reçu le ministre de l’Intérieur birman, le lieutenant-général Yar Pyae, ainsi que le ministre de la Défense, l’amiral Tin Aung San, promettant de fournir de l’équipement aux forces de police et à l’armée du régime, ainsi que le soutien de fabricants chinois de drones de haute technologie.
Min Aung Hlaing s’est rendu dans la ville de garnison de Pyin Oo Lwin, située à proximité de Nawnghkio, une localité contrôlée par l’Armée nationale de libération Ta’ang (TNLA). Le chef de la junte a assisté à la cérémonie de nomination des premiers postes de service pour les cadets de la 67e promotion de l’Académie des services de défense et de la 27e promotion de l’Académie technologique des services de défense, selon les médias officiels de la junte. Au cours de sa visite, il a eu des entretiens avec le chef d’état-major général, le général Maung Maung Aye, le chef de la marine, le vice-amiral Htein Win, et le chef du commandement central, le général de brigade Kyaw Ko Htike. Ils ont discuté des mesures à prendre pour assurer “la paix et la stabilité” ainsi que la sécurité de Pyin Oo Lwin, qui abrite les académies militaires, d’après les médias de la junte.
Alors qu’elle fait face à une résistance déterminée à son autorité, la junte doit également gérer les conséquences du typhon Yagi, qui a provoqué d’importantes inondations, causant plus de 400 décès et laissant des centaines de milliers de personnes dans le besoin d’aide. Dans un communiqué, la junte a déclaré : “Nous invitons les groupes armés ethniques, les groupes insurgés terroristes et les groupes terroristes PDF qui combattent l’État à abandonner la violence et à engager un dialogue avec nous pour résoudre les problèmes politiques par la voie politique.” En réponse à la situation, des civils ont formé des PDF pour se défendre, et les groupes armés des minorités ethniques, qui luttent souvent contre l’armée depuis des décennies, ont été revitalisés, plongeant le pays dans une guerre civile. le régime a exhorté ces groupes à suivre “la voie de la politique partisane et des élections pour parvenir à une paix et un développement durables”. Il a ajouté que “les ressources humaines du pays, les infrastructures de base et la vie de nombreuses personnes ont été perdues, et que le conflit a bloqué la stabilité et le développement du pays.”
Économie
En octobre, le port de Rangoun s’attend à accueillir un total de 52 porte-conteneurs, selon l’Autorité portuaire de Birmanie. Parmi ces navires, sept seront exploités par Maersk A/S et SITC Shipping Line, six par Cosco Shipping Line et Samudera Shipping Line, cinq par MSC Line, quatre par CMA CGM Line, trois par Ti2 Container Line, ONE Line et BLPL Shipping Line, deux par Evergreen Line, PIL Line et RCL Line, et un par BAY Line et Land and Sea. Grâce à l’extension du tirant d’eau, les navires internationaux peuvent désormais accéder au port intérieur. Auparavant, les plus grands navires étaient confrontés à des problèmes de tirant d’eau qui limitaient leur navigation sur le fleuve. Avec le tirant d’eau désormais étendu à 10 mètres, un plus grand nombre de paquebots géants peuvent entrer dans le port de Thilawa.
La Banque centrale de Birmanie intervient presque quotidiennement sur le marché des changes en vendant des devises étrangères afin de répondre aux besoins des importateurs et de stabiliser le taux de change. Ces interventions régulières reflètent la détermination de la banque centrale à maintenir un environnement économique stable, particulièrement dans le contexte du conflit qui perdure depuis le coup d’État.
Société/Répression/Conflit
L’Inde a pris une initiative diplomatique audacieuse en invitant des représentants du gouvernement d’unité nationale birman (NUG) et des groupes armés ethniques à un séminaire à New Delhi. Cette invitation, inédite, s’inscrit dans un contexte de guerre civile en Birmanie, déclenchée par le coup d’État de 2021. Alors que la junte birmane refuse tout dialogue, l’Inde cherche à jouer un rôle de médiateur et à influencer les évolutions dans son voisin instable. Ce séminaire, centré sur le constitutionnalisme et le fédéralisme, marque un tournant dans la politique indienne envers la Birmanie, qui cherche à équilibrer ses relations avec les différents acteurs tout en préservant ses intérêts stratégiques dans la région.
Le moine Sitagu Sayadaw, proche du général Min Aung Hlaing, a fait un don de 10 000 dollars américains pour les victimes des inondations lors d’un événement de propagande à Naypyitaw mardi. Ce don a été remis à Soe Win, le numéro 2 de la junte, au ministère des Affaires religieuses. Soe Win a informé le moine que le bilan des inondations avait atteint 419 morts et a déclaré que le régime avait alloué 30 milliards de kyats (14,3 millions de dollars) pour les efforts de secours et de réhabilitation.
La junte birmane continue la guerre. Alors que le pays est frappé par des inondations dévastatrices, le régime militaire birman amplifie ses attaques aériennes sur les zones contrôlées par les forces de résistance. Plutôt que de venir en aide aux populations sinistrées, la junte choisit de bombarder des civils, et des infrastructures essentielles. Cette stratégie vise à affaiblir la résistance.
Des responsables de la junte birmane menacent d’arrêter des groupes caritatifs qui apportent leur aide aux victimes des inondations dans le district de Taungoo, situé dans la région de Bago, en invoquant la loi antiterroriste. Ces menaces sont fondées sur l’hypothèse que l’aide pourrait atteindre des villages sous le contrôle de la résistance. Un groupe de volontaires a signalé avoir été confronté aux troupes du régime et à un administrateur de quartier alors qu’ils collectaient des vêtements, de la nourriture et des médicaments pour les victimes des inondations dans un canton voisin au début de la semaine dernière. Un officier militaire leur a fait savoir que les zones en question étaient sous le contrôle de l’Union nationale karen (UNK) et de la Force de défense populaire (FDP) du Gouvernement d’unité nationale (NUG). Il a ajouté que fournir de l’aide à ces zones pourrait entraîner des arrestations pour avoir établi des contacts et soutenu ces groupes armés.
La régime birman accuse les groupes armés ethniques, notamment le MNDAA et le TNLA, de recevoir un soutien financier des États-Unis pour mener leur combat contre le régime. Cet argument est largement diffusé dans les médias d’État et sur les réseaux sociaux pour discréditer les groupes armés et justifier l’intervention militaire. La junte cherche ainsi à isoler davantage les groupes armés sur la scène internationale et à présenter son propre combat comme une lutte contre des forces extérieures. Ces accusations sont fermement démenties par les groupes armés et le gouvernement d’unité nationale birman, qui les qualifient de propagande. Parallèlement, la Chine, présentée comme un allié de la junte, est louée pour son soutien et ses efforts pour ramener la paix en Birmanie, tout en exerçant des pressions sur les groupes armés.
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