Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
La Ligue nationale pour la démocratie est le parti emblématique d’Aung San Suu Kyi. Il a incarné l’aspiration des Birmans à la liberté et a plusieurs fois remporté les élections démocratiques, notamment celles de novembre 2020, gagnées triomphalement. Or cette formation est désormais dissoute. Elle a vu «son statut de parti politique automatiquement annulé» ce 29 mars.
La France a réagi cette semaine à la dissolution de la Ligue nationale pour la démocratie ; La France déplore la décision de la junte birmane d’interdire une quarantaine de formations politiques, dont la Ligue nationale pour la démocratie, le parti dirigé par Aung San Suu Kyi. Cette interdiction constitue une nouvelle régression des libertés d’expression et de réunion et témoigne de la stratégie de démantèlement systématique de l’Etat de droit en Birmanie depuis le coup d’État du 1er février 2021. La France rappelle son attachement à l’établissement d’un dialogue politique incluant l’opposition démocratique, qui est une condition indispensable à toute solution de sortie de crise, et condamne le refus de la junte d’entendre la volonté du peuple birman. Elle continuera à se tenir résolument aux côtés de ce dernier dans son combat pour la justice et la démocratie.
Les représentants de sept signataires de l’accord de cessez-le-feu national (ACN) se sont envolés fin mars pour la capitale birmane Naypyitaw afin de discuter avec les généraux de la junte de l’organisation d’une conférence de paix et de la modification de la constitution rédigée par les militaires. Les pourparlers informels entre le Comité national de solidarité et de négociation de la paix (NSPNC) nommé par le régime et les sept signataires de l’accord de cessez-le-feu national se sont déroulés les 28 et 29 mars à Naypyitaw.
La junte birmane a condamné jeudi 28 mars Daw Thet Htar Hnoung, membre évincée de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), à une nouvelle peine de 11 ans d’emprisonnement en vertu de la loi antiterroriste. Daw Thet Htar Hnoung, qui représentait le canton de Mohnyin dans l’État de Kachin et était secrétaire du comité de travail des femmes de la LND pour l’État de Kachin, a été arrêtée pour la première fois le 4 août 2021. Elle a été condamnée à un an de prison pour incitation par un tribunal de Myitkyina, la capitale de l’État de Kachin, en mai 2022.
Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), au moins 1 113 personnes sont mortes en détention par le régime depuis le coup d’État de février 2021. Beaucoup ont été abattues, incendiées ou torturées à mort peu après leur détention, selon l’association de défense des droits de l’homme. Des résistants, des partisans de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), des militants pour la démocratie, des chefs religieux, des fonctionnaires en grève et des réfugiés figurent parmi les personnes détenues. Quatre prisonniers politiques, dont l’ancien législateur de la LND Ko Phyo Zeya Thaw et le vétéran Ko Jimmy, militant pour la démocratie, ont été exécutés par la junte en juillet de l’année dernière pour avoir combattu le régime. En 2023, plus de 110 personnes sont mortes en détention dans les régions de Sagaing, Magwe, Mandalay, Bago, Rangoun, Ayeyarwady et Tanintharyi et dans les États Mon, Kayah et Chin, selon l’AAPP.
Économie
Deux nouveaux distributeurs mondiaux de vêtements, le japonais Fast Retailing et le britannique Marks & Spencer, mettent fin à leur production externalisée en Birmanie, en raison des préoccupations liées au respect des droits de l’Homme ainsi qu’aux difficultés rencontrées dans la conduite de leurs opérations. Fast Retailing est la dernière en date à quitter la Birmanie tandis que Marks & Spencer avait annoncé l’année dernière qu’elle se retirerait du marché d’ici mars. Ryohin Keikaku, l’exploitant japonais des magasins d’articles ménagers Muji, prévoit également de cesser de s’approvisionner en doudounes et autres articles en Birmanie d’ici au mois d’août. Au-delà des considérations politiques et humanitaires, les problèmes logistiques et d’approvisionnement en électricité, et plus globalement en énergie, expliquent également ces retraits, dans la mesure où ils pèsent tant sur la production que sur la gestion des livraisons de produits.
L’unique propriétaire et directeur de Shoon Energy Pte Ltd, société sanctionnée par le Royaume-Uni et enregistrée à Singapour, qui s’appelait auparavant Asia Sun Aviation, est le directeur d’au moins 10 sociétés en Birmanie, selon les registres de la Direction de l’investissement et de l’administration des sociétés (DICA) de la junte et d’autres bases de données internationales sur les entreprises. Le 27 mars, le Royaume-Uni a imposé des sanctions à Shoon Energy et à son directeur, ainsi qu’à son propriétaire, Daw Kyauk Kyar Shwe (orthographe birmane du nom chinois Zhao Jia Shui), également connu sous le nom de Daw Khin Phyu Win, pour avoir importé, stocké et livré du carburéacteur à l’armée. La junte utilise des avions militaires pour mener des attaques aériennes contre les forces de résistance, tuant des civils, y compris des enfants.
Société
Le régime militaire birman produit un documentaire sur Thingyan, la fête traditionnelle du Nouvel An en Birmanie, dans le but de faire inscrire cette fête de l’eau sur la liste du patrimoine de l’UNESCO. Cette initiative a incité le ministère de la culture et des affaires religieuses de la junte à exhorter les fêtards à ne pas trop boire lors de ce qui est la plus grande fête annuelle du pays. Le régime voit dans ce festival l’occasion de donner une impression de normalité et de stabilité en Birmanie, plongé dans un conflit armé depuis le coup d’État. Mais comme on pouvait s’y attendre, la majorité des habitants birman ne s’intéresse pas aux célébrations de Thingyan organisées par la junte.
Human Rights Watch (HRW) a appelé vendredi 29 mars le Bangladesh à suspendre son projet de renvoyer les réfugiés rohingyas en Birmanie, où leur vie serait en danger. La junte birmane a récemment interrogé quelque 480 Rohingyas à Cox’s Bazar dans le cadre du projet de rapatriement. L’organisation de défense des droits de l’homme basée à New York a déclaré que les Rohingyas avaient été trompés ou contraints par des administrateurs bangladais à rencontrer la délégation de la junte dans le cadre du projet pilote de rapatriement d’un millier de réfugiés. Certains ont été informés d’une possible réinstallation dans un pays tiers.