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BIRMANIE EXPRESS – ACTUALITÉS : Que retenir de l’actualité birmane du 29 janvier au 4 février ?

Date de publication : 05/02/2024
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Rangoun vide

 

Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.

 

Politique, Diplomatie

 

La junte militaire au pouvoir a annoncé mercredi 31 janvier la prolongation de l’état d’urgence de six mois supplémentaires. Cette décision signe un nouveau report des élections promises par les militaires. L’état d’urgence avait été déclaré en février 2021, quelques semaines après le coup d’État qui a renversé le gouvernement civil de Aung San Suu Kyi. Il permet aux militaires de gouverner par décret et de réprimer toute opposition.

 

Contre toute attente, les forces rebelles de Birmanie, regroupées au sein du Gouvernement d’unité nationale (NUG), affirment leur confiance croissante dans leur capacité à renverser la junte militaire qui a pris le pouvoir lors du coup d’État de 2021. Duwa Lashi La, président par intérim du NUG, s’est montré si confiant dans la victoire de son camp qu’il refuse de négocier la paix avec la junte, qualifiée de “Conseil d’administration d’État” (SAC).

 

Alors que la Birmanie est plongée dans une nouvelle journée villes mortes (Silent Strike) pour célébrer le 3ème anniversaire du putsch militaire du général Min Aung Hlaing, le fils cadet d’Aung San Suu Kyi, Kim Aris, a donné le 1er février quelques nouvelles de sa mère, touts incarcérée. Elle serait en mauvaise santé.

 

Le régime militaire de Birmanie a limogé le chef de son organe électoral, Thein Soe, après avoir prolongé l’état d’urgence de six mois. La junte a annoncé le 31 janvier soir que Thein Soe était autorisé à prendre sa retraite pour des raisons de santé. Cette décision fait suite à l’annonce d’amendements à la nouvelle loi sur l’enregistrement des partis politiques promulguée par le régime l’année dernière. Thein Soe a été nommé à la tête de la Commission électorale birmane lors de sa reconstitution après la prise du pouvoir par les militaires en 2021. Il a été juge-avocat général sous le régime militaire précédent et président de l’organe électoral inaugural formé en vertu de la constitution de 2008 rédigée par l’armée pour organiser les élections générales de 2010, qui, selon les observateurs internationaux, n’ont été ni libres ni équitables.

 

Économie

 

En janvier 2024, l’indice PMI de S&P Global atteint 44,3 après avoir enregistré son plus bas niveau à 42,9 en décembre 2023. Toujours inférieur à 50, il témoigne néanmoins d’une nouvelle contraction de l’activité industrielle. Dans un contexte d’intensification des violences armées dans le nord du pays, les conditions de production ont en effet continué de se détériorer : manque accru de ressources humaines, pénuries récurrentes de matériel, allongement des délais de livraison, hausse des prix des intrants à des taux historiquement élevés. Pour autant, en dépit des défis actuels, la confiance des entreprises atteint en janvier selon S&P son niveau le plus élevé depuis 4 ans, les entreprises anticipant une augmentation de la production dans les 12 mois à venir.

 

Le 1er février 2024, pour la date du 3ème anniversaire de coup d’État militaire, les États-Unis ont publié une nouvelle liste de sanctions visant deux entités, Shwe Byain Phyu et Myanmar Five Star Line Company Limited, qui entretiennent des relations avec Myanmar Economic Holdings Limited-MEHL, une entité économique militaire qui a été mis sous sanctions le 25 mars 2021. La mesure vise également 4 dirigeants de Shwe Byain Phyu qui sont étroitement liées au milieu militaire par leurs relations d’affaires. Quant à l’Australie, elle a adopté des sanctions financières contre cinq entités ayant des liens directs avec le régime militaire , deux banques publiques qui facilitent les activités du régime, la Myanma Foreign Trade Bank et la Myanma Investment and Commercial Bank et 3 sociétés qui fournissent du kérosène à l’armée (Asia Sun Group, Asia Sun Trading et Cargo Link Petroleum Logistics).

 

Société/Répression/Conflit

 

Le 31 janvier 2024, les groupes anti-coup d’État et de résistance en Birmanie ont appelé le public à participer à une grève silencieuse le 1er février, troisième anniversaire du coup d’État militaire. La grève silencieuse, qui se déroulera de 10h00 à 17h00, appelle les gens à rester chez eux et à s’abstenir de toute activité économique. « Il est temps de montrer l’esprit révolutionnaire, la persévérance, le courage et l’unité de notre peuple », a déclaré Tayzar San, un leader pro-démocratie. « Nous n’abandonnerons pas. Nous ne laissons pas ces dictateurs nous diriger ».

 

Selon le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, la Birmanie est plongée dans un conflit civil meurtrier depuis quatre ans. La junte, confrontée à une résistance sans précédent, prolonge l’état d’urgence et reporte les élections promises, arguant de la nécessité de maintenir la stabilité. Au nom de la “lutte contre le terrorisme”, les militaires intensifient leurs attaques contre les civils, les villages et les infrastructures civiles. Des bombardements aériens et des frappes d’artillerie aveugles font des victimes innocentes, tandis que des cas de viols, de tortures et d’arrestations arbitraires sont régulièrement rapportés. Türk a ajouté que 554 personnes sont mortes depuis octobre et qu’au moins 1 600 civils auraient été tués l’année dernière. Depuis le coup d’État de 2021, le Armed Conflict Location and Event Data Project a documenté que 48 862 personnes ont été tuées en Birmanie.

 

Cinq soldats birmans, dont un général de brigade, ont été tués et un autre blessé après que les Forces de défense du peuple (PDF) aient abattu un hélicoptère dans le canton de Myawaddy le 29 janvier, selon Saw Neh Da Htoo, un commandant tactique de l’Armée de libération nationale Karen (KNLA). “Leurs corps sont ramenés au [siège de la KNLA]”, a-t-il déclaré. Les médias du régime ont confirmé ces décès.

 

Le chef de la junte militaire birmane Min Aung Hlaing a gagné un nouveau surnom après avoir prolongé l’état d’urgence pour la cinquième fois le 31 janvier. Le peuple birman appelle le chef de la junte “Toe”, ce qui signifie en birman “étendre” ou “renouveler”. Normalement, la constitution birmane stipule qu’un état d’urgence peut être imposé pour une période initiale d’un an et peut “normalement” être prolongé pour un maximum de deux semestres à la discrétion du Conseil national de défense et de sécurité dominé par les militaires. Min Aung Hlaing a ignoré la loi suprême et a prolongé l’état d’urgence pas moins de cinq fois, invoquant la nécessité de rétablir la paix et la stabilité afin que les élections qu’il avait promises après le coup d’État puissent avoir lieu.

 

Près de 900 travailleurs de la santé ont été arrêtés par la junte birmane depuis le coup d’État de 2021, selon Insecurity Insight, un organisme de recherche basé en Suisse. L’institution a recensé 1 127 incidents de violence contre le personnel de santé en Birmanie ou d’obstruction de la part du régime. Dans les mois qui ont suivi le coup d’État, des médecins ont été arrêtés pour avoir prétendument rejoint le CDM ou pour avoir soigné des militants anti-régime, a rapporté Insecurity Insight. Au moins 897 professionnels de la santé ont été arrêtés dans 302 incidents et ils ont souvent été battus en détention. Le personnel de santé a été emprisonné pour une durée allant de trois à 25 ans, beaucoup ont été torturés et au moins cinq ont été tués, selon le rapport.

 

La junte birmane de plus en plus désespérée a arrêté deux jeunes et un professeur d’anglais à Mandalay pour avoir parlé de la grève silencieuse de jeudi sur Facebook et a mis sous scellés plus de 90 boutiques de jade dans la ville pour y avoir participé. La grève pacifique a été organisée pour marquer le troisième anniversaire du coup d’État militaire. Les lieux publics et les rues des villes du pays, y compris Mandalay et Rangoun, sont restés en grande partie déserts, ce qui embarrasse encore plus un régime qui a perdu de grandes parties du pays au profit des forces de la résistance au cours des derniers mois. Il s’agissait de la cinquième grève silencieuse depuis le coup d’État du 1er février 2021.

 

Dans sa dernière répression contre les médias indépendants birman, le régime de la junte a révoqué la licence d’une maison d’édition connue pour avoir publié des livres politiques, ont annoncé le 1er février les médias d’État. Le régime a révoqué la licence de Toemyit Publishing le 27 janvier pour avoir prétendument violé la section 8 de la loi de 2014 sur l’impression et l’édition, ont indiqué les médias de la junte, accusant Toemyit de publier des livres qui nuisent à la sécurité nationale, à l’État de droit, à la paix et à la tranquillité de la communauté, ainsi qu’à l’égalité, à la liberté, à la justice et aux droits fondamentaux des citoyens. Le régime de la junte a également révoqué la licence de l’imprimerie La Pyae Lin parce qu’elle avait été l’imprimeur de Toemyit.

 

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