Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Séisme
Une rencontre organisée le 6 avril dans la baie de San Francisco a réuni Kim Eric (également connu sous le nom de Htein Lin), fils de la conseillère d’État Daw Aung San Suu Kyi, et des familles birmanes, permettant de récolter plus de 70 000 dollars. Actuellement aux États-Unis pour marquer le 80e anniversaire de sa mère, Ko Htein Lin mène une campagne pour obtenir sa libération et promouvoir son projet à venir, visant à fournir de l’eau potable au peuple birman.
Le NUG a annoncé avoir fourni 300 000 kyats par foyer à titre d’aide humanitaire aux blessés, aux personnes décédées et aux familles dont les maisons ont été endommagées par le tremblement de terre dans les villages du NUG, dans une partie de la région de Mandalay. Cette aide a été fournie par le chef de canton et le coordinateur humanitaire du district, au nom du ministère.
Le jour suivant le séisme, le contingent de l’Opération Lionheart de la Force de défense civile de Singapour est arrivé en Birmanie, équipé de matériel de recherche et de sauvetage, de chiens spécialisés et de technologies de pointe pour participer aux opérations de secours dans les townships de Nay Pyi Taw et de Pyay. Le 6 avril, l’équipe a rencontré le directeur général des pompiers avant son retour à Singapour, lui présentant les 11 types de matériel de recherche et de sauvetage apportés.
Naypyidaw, la capitale administrative de la Birmanie, figure parmi les zones les plus touchées par le séisme de magnitude 7,7 survenu le 28 mars. De nombreux bâtiments, dont des logements de fonctionnaires dans le canton de Zabuthiri, se sont effondrés, faisant des dizaines de morts et piégeant encore des survivants sous les décombres. Malgré la gravité de la situation, le régime militaire n’a pas déployé de véritables secours sur place, selon plusieurs employés du gouvernement. Plus de 100 fonctionnaires et membres de leur famille auraient péri à Naypyidaw, un bilan qui pourrait encore s’alourdir. Min Aung Hlaing s’est rendu dans la zone quelques heures après le séisme, dans un geste largement symbolique.
Politique, Diplomatie
À l’occasion du 6ᵉ sommet du BIMSTEC à Bangkok, la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra a rencontré le général Min Aung Hlaing. Présidente tournante de l’organisation, elle a exprimé sa profonde tristesse face aux dégâts causés par le récent séisme en Birmanie, promettant un soutien médical continu et une aide à la réhabilitation. Les ministres des Affaires étrangères de Thaïlande et de Malaisie se rendront prochainement en Birmanie pour évaluer les besoins sur le terrain. Le général Min Aung Hlaing a remercié la Thaïlande pour son assistance, exprimant à son tour sa tristesse concernant les victimes, y compris à Bangkok. Les deux dirigeants ont évoqué le renforcement de la coopération bilatérale, la sécurité à la frontière, la lutte contre la contrebande, les drogues, les jeux en ligne et la fraude téléphonique, ainsi que la coopération agricole, économique et en matière de défense.
Alors que la Birmanie est frappée par un séisme meurtrier de magnitude 7,7 ayant fait plus de 3 000 morts et touché près de 3 millions de personnes, la présence de Min Aung Hlaing, au sommet régional BIMSTEC à Bangkok a suscité une vive controverse auprès de ses opposants. Le Gouvernement d’unité nationale (NUG), principal mouvement d’opposition, a dénoncé un « affront à la justice », rejoint par plusieurs ONG de défense des droits humains. Malgré ces critiques, Min Aung Hlaing a rencontré plusieurs dirigeants régionaux, dont le Premier ministre indien Narendra Modi. La Thaïlande, hôte du sommet, a proposé une déclaration commune sur l’impact du désastre, tandis que les partenaires du Quad ont salué les cessez-le-feu temporaires en Birmanie.
Malgré un bilan humain dramatique après le séisme de magnitude 7,7 survenu vendredi dernier, le régime militaire birman a confirmé la tenue des célébrations du Nouvel An traditionnel Thingyan, du 13 au 16 avril. Dans un communiqué publié mardi, les autorités ont reconnu l’ampleur des destructions à Naypyitaw, Sagaing, Bago, Magwe, Mandalay et dans l’État Shan. Le dernier bilan officiel fait état de 3 514 morts et 4 809 blessés, un chiffre appelé à grimper dans les jours à venir. Les festivités se dérouleront toutefois dans un format restreint, sans les chants ni danses habituels. Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, avait pourtant ordonné des célébrations d’ampleur cette année, après l’inscription du festival au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en décembre dernier.
L’Armée de l’Alliance démocratique nationale de la Birmanie (MNDAA) prévoit de se retirer ce mois-ci de la ville de Lashio, capitale de l’État Shan nord, sous la pression de la Chine, selon des sources locales. Ce retrait ferait suite à des menaces de Pékin de fermer ses frontières avec les zones contrôlées par le MNDAA, ainsi qu’à la menace du régime birman de lancer des frappes aériennes. La Chine aurait intensifié ses pressions après l’échec des pourparlers de paix sur Lashio le mois dernier. Le MNDAA quitterait 12 quartiers de la ville tout en conservant les villages périphériques. Il aurait autorisé le retour dans Lashio des services administratifs du régime (immigration, douanes, santé, éducation), tandis que ses forces armées y maintiennent une présence partielle. Un analyste militaire proche du MNDAA affirme que Pékin a fixé au groupe la date du 22 avril pour son retrait complet, rejetant toute nouvelle négociation.
Économie
Le séisme de magnitude 7,7 qui a frappé la Birmanie le 28 mars a encore détérioré un environnement commercial déjà difficile pour les entreprises vietnamiennes opérant dans le pays, selon le Bureau commercial du Vietnam en Birmanie. Si aucune entreprise vietnamienne n’a été directement touchée, les graves dommages aux infrastructures, les coupures d’électricité et les perturbations des télécommunications aggravent les effets d’une crise politique et économique persistante. Le commerce bilatéral est en net recul : -16 % en 2024, et -29 % au début de 2025. Les exportateurs vietnamiens, principalement dans les secteurs du textile, des chaussures, des engrais et des plastiques, font face à des restrictions d’importation, des contrôles de change rigides et des difficultés logistiques, forçant certains à passer par la Thaïlande, avec des coûts accrus. Pour soutenir ses entreprises, le Bureau prévoit d’organiser une Foire commerciale Vietnam-Birmanie en 2025.
Répression/Conflit
L’armée birmane a à plusieurs reprises violé le cessez-le-feu qu’elle avait elle-même décrété. Annoncée pour faciliter les secours après le séisme du 28 mars, la suspension des opérations militaires jusqu’au 22 avril n’a pas empêché le régime de lancer des frappes d’artillerie et des raids aériens dans plusieurs localités. Selon les Nations Unies, l’armée a mené au moins 53 attaques depuis le tremblement de terre, dont 14 après l’annonce du cessez-le-feu. Lors du sommet BIMSTEC à Bangkok, Min Aung Hlaing, a réaffirmé sa volonté d’organiser des élections nationales en janvier prochain, promettant de remettre le pouvoir au parti vainqueur. Une perspective jugée irréaliste dans un pays ravagé par quatre années de guerre civile, déjà marqué par plus de 3,5 millions de déplacés avant même le séisme.
Le régime militaire birman a reconnu que ses troupes avaient tiré sur un convoi de la Croix-Rouge chinoise, transportant des fournitures d’aide vers les régions touchées par le séisme du 28 mars. L’incident s’est produit dans le village d’Ohnmattee, dans le canton de Nawnghkio, lorsque le convoi, composé de neuf véhicules, a été pris pour cible alors qu’il se dirigeait vers Mandalay. Le porte-parole de l’armée, le major-général Zaw Min Tun, a expliqué que les tirs étaient des tirs de sommation, affirmant que le convoi n’avait pas averti les autorités ou l’ambassade de Chine à l’avance. Toutefois, l’Armée de libération nationale Ta’ang (TNLA), qui contrôle la région, a accusé l’armée d’attaque délibérée avec des armes automatiques. Le groupe rebelle a exprimé sa volonté de protéger les convois humanitaires et a condamné les actions du régime, soulignant leur mépris pour l’aide vitale apportée aux victimes du séisme.
Société
Les autorités birmanes ont confirmé avoir identifié 180 000 Rohingyas, sur une liste de 800 000 réfugiés hébergés au Bangladesh, comme étant éligibles à un retour en Birmanie. Cette première liste, fournie par le Bangladesh entre 2018 et 2020, marque un tournant dans la résolution de la crise des Rohingyas. Le ministre birman des Affaires étrangères, U Than Shew, a annoncé cette avancée lors d’une réunion en marge du 6e sommet BIMSTEC à Bangkok, où il a également révélé que la vérification de 70 000 autres Rohingyas restait en attente. Le ministre a promis que la vérification des 550 000 Rohingyas restants serait rapidement lancée. Le haut représentant du Bangladesh, Dr Khalilur Rahman, a exprimé ses condoléances pour les victimes du récent séisme en Birmanie et a assuré que le Bangladesh était prêt à fournir une aide humanitaire supplémentaire.
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