Alors que la Birmanie recensait dimanche 29 mars 8 cas avérés de COVID-19 dont une guide birmane francophone de 60 ans, les vols aériens vers l’étranger depuis Rangoun se raréfient chaque jour un peu plus. Si quelques liaisons sont encore maintenues vers Bangkok, Doha, Shanghai et Singapour, pour revenir en Europe seul Qatar Airways est une voie réellement praticable et sans complication (exonération de la police d’assurance pour couvrir les frais médicaux à hauteur de 100 000 USD et du test de laboratoire assurant que le voyageur n’est pas porteur du coronavirus,…). Un peu plus de 300 Français et leur famille ont ainsi pu regagner l’hexagone par une liaison avec une seule escale à Doha. Parmi ces Français, plus des deux-tiers étaient des touristes entrés dans le pays voici deux ou trois semaines. La France est le seul pays à avoir offert une solution charter à ses nationaux auxquels se sont ajoutés quelques cas humanitaires signalés parmi ses partenaires
Combien de temps encore durera le tunnel du Covid 19 en Birmanie ?
Personne ne le sait et c’est ce qui inquiète dans un pays aux ressources hospitalières très limitées et où tout pépin de santé sérieux se traduit par un départ vers la Thaïlande voisine. Une chose est sûre à cette heure, les transits internationaux par les aéroports habituels sont devenus quasi-impossibles. Quant aux liaisons avec le reste du monde, elles pourraient bien s’arrêter très rapidement avec les trois aéroports internationaux birmans : Mandalay, Nay Pyi Taw et Rangoun.
En attendant, la compagnie Qatar Airways a fait décoller ce dimanche deux appareils à destination du Moyen-Orient. A son vol commercial habituel « Rangoun – Doha » s’est ajouté exceptionnellement un Airbus A-330 affrété par le ministère français de l’Europe et des affaires étrangères.
Un peu plus de 300 Français et leur famille ont ainsi pu regagner l’hexagone par une liaison ayant une seule escale. Parmi ces Français, plus des deux-tiers étaient des touristes entrés dans le pays voici deux ou trois semaines.
Initiative française
La France est le seul pays à avoir offert une solution charter à ses nationaux auxquels se sont ajoutés quelques cas humanitaires signalés parmi ses partenaires. Certes, la France fournit chaque année le principal contingent de touristes étrangers en Birmanie mais bon nombre de touristes occidentaux sont encore à la recherche de solutions et pourraient se trouver bloqués faute de soutiens de leur pays d’origine.
Pour boucler la première évacuation de l’histoire des relations franco-birmanes, groupes et passagers individuels ont été contactés un à un par les diplomates français basés à Rangoun. Si des touristes désemparés se sont spontanément fait connaître à Paris ou en Birmanie auprès des services de l’État, il a fallu localiser tous les autres. Sollicités, les entreprises, les hôteliers et les aubergistes, les agences de voyage et les guides birmans francophones répertoriés ont partagé toutes les informations à leur disposition et relayé les recherches engagées. Les réseaux sociaux ont été intensément mobilisés pour cette opération.
Travail de fourmi
Un vrai travail de fourmi dans un temps très compté pour estimer le nombre des personnes susceptibles de se retrouver rapidement en difficulté puis pour établir une liste de noms avec un numéro de téléphone, une adresse mail et une copie du passeport. Le répertoire établi avec précision a permis de calibrer au mieux la taille de l’aéronef venu à vide jusqu’en Birmanie et de choisir le plus gros des porteurs possible car l’aéroport de Rangoun, contrairement à celui de la capitale, ne peut accueillir les appareils aux capacités de transport les plus grandes. Une fois ce casse-tête résolu, chaque Français a pu récupérer les 27 et 28 mars les informations nécessaires à son embarquement, ses masques de voyage et signer une déclaration sur l’honneur l’engageant à verser au Trésor public une somme forfaitaire pour son retour.
Ce travail minutieux a porté ses fruits puisque le Jour J tous les passagers identifiés se sont présentés à l’embarquement et ont pu engager leur voyage retour. Un enregistrement serein dans un aéroport quasi désert, sans force de l’ordre présente et laissant présager une fermeture à venir du pays. Ce départ ordonné des personnes de passage et de quelques familles de résident ne doit pas faire oublier que près de 800 Français ont choisi de rester en Birmanie pour y poursuivre leurs missions au profit de leurs entreprises, de l’action humanitaire, de l’action scolaire ou tout simplement pour y être au côté de leur famille. Ces choix individuels montrent l’attachement que la Birmanie peut produire chez nombre de Français.
François Guilbert