Semaine cruciale pour la Birmanie et pour Aung San Suu Kyi qui se rendre en personne devant la Cour Internationale de Justice à La Haye (pays Bas) le 11 décembre pour défendre son pays, accusé «d’actes de génocide» envers la minorité musulmane des Rohingyas en 2017. La décision de la dirigeante birmane de faire ce déplacement, et d’affronter la communauté internationale, est un calcul politique majeur alors que se profilent les prochaines élections générales et qu’elle entend à la fois apparaitre comme la garante de l’unité du pays, et dissiper la méfiance de l’armée à son encontre.
Ce bras de fer politique et judiciaire sera suivi par les caméras du monde entier. Le 11 décembre, la venue d’Aung San Suu Kyi devant les juges de la Cour Internationale de Justice est un rendez vous très attendu compte tenu de la stature de la lauréate du prix Nobel de la Paix 1991, trés critiquée ces dernières années pour son indifférence à la situation des Rohingyas, persécuté dans l’état de Rakhine (Arakan) et rejetés par l’armée vers le Bangladesh.
« Elle y va pour notre pays et parce que c’est une bonne dirigeante, et que nous sommes de bons disciples, nous allons aller là-bas avec elle », peut on lire sur de nombreuses pages Facebook birmanes qui rendent hommage à Aung San Suu Kyi. « Qu’importe ce qu’elle dise ou fasse, nous lui faisons confiance à 100% ! »
Les membres de cette minorité musulmane apatride, qui ont fui par centaines de milliers au Bangladesh la répression de l’armée birmane, sont considérés par la majorité de la population comme des immigrants illégaux. Depuis deux ans, le gouvernement birman nie régulièrement les accusations de génocide et nettoyage ethnique contre les Rohingyas, et accuse la communauté internationale de prendre parti pour la minorité.
Experts internationaux
Mais ce procès devant la plus haute instance judiciaire de l’ONU est pris très au sérieux par la Birmanie, partie à la Convention sur le génocide, qui a embauché pour l’aider dans sa défense d’importants experts internationaux. A quelques jours des premières audiences, les manifestations se sont multipliées dans plusieurs villes birmanes en faveur de la dirigeante, jusqu’ici très discrète sur la crise des Rohingyas. Dans un communiqué, le gouvernement a salué les rassemblements de soutien en faveur de la prix Nobel de la paix, et souligné que l’affaire « concernait la Nation et portait atteinte aux intérêts de l’ensemble de la population ». En arrière plan de cette intervention à La Haye figurent les prochaines élections législatives de 2020 et la volonté du gouvernement dirigé par Aung San Suu Kyi de négocier des amendements à la Constitution de 2008, qui confère d’importants pouvoirs à la Tatmadaw, l’armée birmane.