Les deux journalistes de Reuters emprisonnés en Birmanie sur des accusations de violation de secrets d’Etat pour leur couverture de la crise des Rohingyas dans l’Etat d’Arakan sont sortis mardi de la prison d’Insein, à la périphérie de Rangoun, après avoir passé plus de 500 jours en détention. Ils avaient reçu en avril le prestigieux Prix Pulitzer.
Nous reproduisons ici la dépêche de l’Agence Reuters, employeur des deux journalistes Wa Lone, 33 ans, et Kyaw Soe Oo, 29 ans.
Les deux journalistes de Reuters emprisonnés en Birmanie sur des accusations de violation de secrets d’Etat pour leur couverture de la crise des Rohingyas et des massacres commis par l’armée dans l’Etat de l’Arakan sont sortis mardi de la prison d’Insein, à la périphérie de Rangoun, après avoir passé plus de 500 jours en détention.
Wa Lone, 33 ans, et Kyaw Soe Oo, 29 ans, ont été condamnés en septembre dernier à sept ans de prison pour violation de secrets d’Etat, une affaire qui a suscité des réactions indignées à travers le monde et des interrogations sur la transition que conduit depuis 2016 l’ex-figure de la lutte contre la junte militaire birmane, Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix.
La libération des deux journalistes birmans intervient alors que la présidence du pays avait annoncé un peu plus tôt que 6.520 prisonniers supplémentaires seraient libérés mardi en vertu de l’amnistie décrétée le mois dernier à l’occasion du nouvel an birman.
Une mobilisation de longue durée
Accueillis par de nombreux journalistes et sympathisants au moment où ils ont franchi les portes de la prison d’Insein, où ils étaient détenus, Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont salué la foule, le premier exprimant sa gratitude à l’égard de la mobilisation de la communauté internationale.
«Je suis très heureux et impatient de revoir ma famille ainsi que mes collègues», a déclaré Wa Lone, faisant part de son impatience de retourner à la rédaction de l’agence Reuters.
Wa Lone et Kyaw Soe Oo avaient été arrêtés en décembre 2017 alors qu’ils enquêtaient sur le massacre de dix Rohingyas (musulmans apatrides) par les forces de sécurité dans l’ouest de la Birmanie, dans le cadre d’une vaste répression militaire qui avait débuté quelques mois plus tôt.
Cette enquête, complétée par des collègues et publiée en 2018 sous le titre «Massacre en Birmanie», leur a valu le mois dernier un prix Pulitzer.
D’après les estimations de l’Onu, la répression menée par l’armée birmane a provoqué la fuite de plus de 730.000 Rohingyas vers le Bangladesh.
Des mois de dialogue
La Cour suprême du pays avait rejeté le mois dernier l’appel formé par les deux journalistes après leur condamnation par la Haute Cour de justice de Rangoun, laquelle avait rejeté un premier appel en janvier.
Les épouses de Wa Lone et Kyaw Soe Oo avaient alors écrit une lettre au gouvernement birman pour lui demander de gracier les deux journalistes, non pas, ont-elles dit, parce que ceux-ci étaient innocents mais pour leur permettre de retrouver leurs familles.
«Cette issue montre que le dialogue fonctionne, même dans les circonstances les plus compliquées», a déclaré Lord Ara Darzi, un chirurgien britannique qui a conseillé par le passé le gouvernement birman sur des réformes dans l’Etat de Rakhine (Arakan) et qui est venu chercher Wa Lone et Kyaw Soe Oo à la prison d’Insein.