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BIRMANIE – LIVRE : L’histoire de la photographie en Birmanie au tournant du XXème siècle.

Date de publication : 03/01/2025
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Par François Guilbert

 

Le thaïlandais Thweep Rittinapkorn  est non seulement un collectionneur averti mais également un véritable érudit sur l’histoire de la photographie en Birmanie au tournant du XXème siècle.

 

En présentant des clichés s’étalant de la fin de l’ère victorienne jusqu’à l’heure du coup d’État du général Ne Win en 1962 dont nombres n’ont jamais été édités jusqu’ici dans des ouvrages, le passionné a pris un extrême soin à présenter chacune des images rassemblées en relevant la date de la prise de vue, son format originel et un descriptif soigneusement détaillé de son contenu et/ou de son contexte. Un tour de force qui a nécessité patience, méthode et de minutieuses recherches documentaires pour dépeindre dans le moindre détail chacune des pièces. Preuve de l’ampleur du travail colossal réalisé : l’index en fin de volume compte sur cinq pages près de 600 entrées. Un outil fort utile pour s’y retrouver parmi les 322 photos réunies. Il en de même pour le récapitulatif des noms des lieux donnés dans leur toponymie d’hier et d’aujourd’hui.

 

Dans cette somme essentiellement centrée sur la fin du XIXème siècle et le premier tiers du XXème, on trouve des moments clé de l’histoire, la plupart des personnalités ayant fait l’histoire contemporaine, à commencer par le s Premiers ministres U Saw (1900 – 1948) et U Nu (1907 – 1995), le général Ne Win (1911 – 2002) ou encore la mère de Daw Aung Suu Kyi, Daw Khin Kyi (1912 – 1988). On peut voir aussi les sites religieux les plus emblématiques au tournant des XIXème – XXème siècle (ex. pagodes Shwedagon et Sule de Rangoun), sans compter l’architecture de Rangoun alors capitale du territoire (ex. City Hall, monument de l’Indépendance, Pegu Club, Secrétariat, Strand Road,…). La province et notamment Mandalay avec son Palais Royal ne manque pas à l’appel. Au fil des pages, il y a également beaucoup de scènes de vie mettant en valeur la modernisation du pays (cf. les steamers de la Chindwin et de l’Irrawaddy, la construction du chemin de fer et le viaduc de Goteik). Mais comme sur la couverture, la place d’honneur est accordée aux portraits d’individus ou de familles.

 

Une histoire à hauteur des femmes et des femmes qui l’a font

 

Au-delà des visages pris en pieds, l’ouvrage fait référence ici ou là aux relations de la Birmanie avec la France. Ont été évoquées ainsi les relations politiques et monétaires avec la cour de Mandalay, éducatives avec le roi Mindon Min (1808 – 1878) (cf. le portrait de Panchet Wun élève à l’Ecole centrale présentée à Napoléon III), artistique dans le cadre de l’aménagement du palais du prince Sao Khe (1873 – 1927) de Hsipaw dans l’État Shan ou encore la famille « poilue » atteinte d’hypertrichose exhibée à Paris dans les années 1880.

 

Cette incidente hexagonale, aussi limitée soit-elle, est toutefois révélatrice de la démarche de l’auteur qui tend à vouloir faire mieux connaître l’histoire de la Birmanie dans toute sa diversité, ses richesses, son cosmopolitisme et son ouverture au monde. Ayant annoncé vouloir dorénavant rédiger un ouvrage consacré à la tapisserie en soie birmane (Luntaya Acheik) dont Thweep Rittinapkorn est également un collectionneur éminent, on attend avec impatience cette nouvelle publication car indubitablement Unseen Burma est un petit bijou éditorial à avoir dans sa bibliothèque pour tous les passionnés de l’histoire birmane.

 

Au Musée Guimet

 

A noter: le musée des Arts Asiatiques Guimet possède une centaine de clichés pris en Birmanie dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Les visiteurs de l’établissements culturel parisien eurent l’opportunité d’admirer cette exceptionnelle collection d’octobre 2017 à janvier 2018. Un riche catalogue de 320 pages intitulé Images Birmanes (1865 – 1909) fut alors publié pour célébrer l’événement. Construit autour des clichés de l’allemand Philipp Klier (1845 – 1911) et de l’italo-britannique Felice Beato (1832 – 1909), le manuscrit mit en valeur un patrimoine trop rarement accessible au grand public, d’autant que seuls quelques musées au monde et des détenteurs privés en sont aujourd’hui les gardiens. Le marché de ces images est d’ailleurs en Occident car les photographies ont été amenées notamment en Europe par les familles d’expatriés pour lesquelles elles avaient été réalisées.

 

Les Birmans n’ont donc que peu d’occasions de voir ces travaux sur leur pays par des artisans occidentaux à l’époque coloniale. L’ambassade d’Italie à Rangoun l’a d’ailleurs récemment bien compris. C’est pourquoi la mission diplomatique romaine a organisé à la fin de l’année dernière (30 novembre – 15 décembre 2024) avec l’association Myanmar Photo Archive dans les locaux de l’ONG Turquoise Mountain une rétrospective Beato (Rethink Beato, from Italy to Burma (1832 – 1909)).

 

Thweep Rittinapkorn : Unseen Burma, Early Photograph 1862 – 1962, River Books, Bangkok, 2023, 240 p, 40,5 €

 

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