En réponse à l’arrestation de la conseillère d’État Aung San Suu Kyi et d’autres personnes, alors que des informations font état d’un coup d’État militaire en Birmanie, l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International estime que «l’arrestation d’Aung San Suu Kyi, de hauts fonctionnaires et d’autres personnalités politiques est extrêmement alarmante. À moins que les personnes détenues ne puissent être inculpées d’une infraction pénale reconnue par le droit international, elles doivent être immédiatement libérées»
“L’armée birmane doit préciser sur quelle base juridique ils ont été détenus poursuit Amnesty International. Ils doivent également garantir que les droits des personnes arrêtées sont pleinement respectés, y compris contre les mauvais traitements, et qu’elles ont accès à des avocats de leur choix et à leur famille. Ils doivent confirmer le lieu où ils se trouvent et leur donner accès à des soins médicaux.
Répression militaire et impunité
“Il s’agit d’un moment très inquiétant pour la population birmane, qui menace d’aggraver gravement la répression militaire et l’impunité. Les arrestations simultanées d’éminents militants politiques et de défenseurs des droits de l’homme envoient un message effrayant, à savoir que les autorités militaires ne toléreront aucune dissidence dans le contexte des événements d’aujourd’hui.
Violences à grande échelle
“Les précédents coups d’État et répressions militaires en Birmanie ont été marqués par des violences à grande échelle et des exécutions extrajudiciaires par les forces de sécurité. Nous exhortons les forces armées à faire preuve de retenue, à respecter les droits de l’homme et le droit humanitaire international et à faire en sorte que les forces de police reprennent pleinement leurs fonctions de maintien de l’ordre dès que possible.
“Les rapports faisant état d’une panne de télécommunications constituent une menace supplémentaire pour la population en cette période d’instabilité, en particulier au moment où la Birmanie est confrontée à une pandémie et où le conflit interne contre les groupes armés met les civils en danger dans plusieurs parties du pays. Il est vital que les services téléphoniques et Internet soient rétablis immédiatement”.
Contexte
La cheffe de l’État de facto du Myanmar, Aung San Suu Kyi, et d’autres personnalités de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) au pouvoir ainsi que des dirigeants du gouvernement régional ont été arrêtés lundi 1er février lors de raids menés tôt dans la matinée. Un certain nombre de dirigeants de partis ethniques et d’étudiants, ainsi que d’éminents militants et défenseurs des droits de l’homme auraient également été arrêtés.
Plus tard dans la matinée, une chaîne de télévision militaire a annoncé qu’un état d’urgence d’un an était imposé sous l’autorité du commandant en chef, le général Min Aung Hlaing.
Cette annonce fait suite à des jours de tensions croissantes entre les responsables de la LND et les représentants militaires à l’approche de la première session du parlement nouvellement élu, prévue aujourd’hui.
L’armée et son parti affilié, l’Union Solidarity and Development Party (USDP), ont dénoncé des irrégularités et des fautes généralisées de la part de la Commission électorale de l’Union lors des élections du 8 novembre 2020, qui ont vu la LND augmenter sa majorité parlementaire. Le 15 novembre 2020, la Commission électorale de l’Union (UEC) du Myanmar a confirmé la victoire d’Aung San Suu Kyi et de la LND aux élections législatives, remportant 396 des 498 sièges à pourvoir dans les deux chambres du Parlement. Aucune enquête sérieuse n’a confirmé ses fraudes, montées de toutes pièces par l’armée pour justifier sa prise de pouvoir.
Parmi les arrestations effectuées tôt le matin, des coupures d’Internet et de téléphone ont été signalées dans plusieurs régions du pays, notamment dans la capitale, Nay Pyi Taw, dans la plus grande ville, Yangon, ainsi que dans les États Shan et Kachin et dans les régions de Mandalay et Sagaing.