Les droits de l’homme doivent être la priorité absolue du sommet d’urgence de l’ASEAN estime Amnesty International alors que l’organisation régionale a tenu samedi en Indonésie un sommet dédié à la situation en Birmanie. Le sommet est une “crise existentielle” pour le bloc régional, qui doit faire face à un défi majeur pour sa crédibilité selon l’organisation.
L’Indonésie doit enquêter sur le chef du coup d’État Min Aung Hlaing, qui devrait participer au sommet exige Amnesty.
Les conséquences catastrophiques du coup d’État en Birmanie constituent le plus grand test de l’histoire de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré Amnesty International aujourd’hui, appelant le bloc régional à donner la priorité à la protection des droits fondamentaux des birmans et à empêcher que la situation ne dégénère en une crise humanitaire et des droits humains.
Allégations crédibles
L’organisation exhorte également les autorités indonésiennes et les autres États membres de l’ASEAN à enquêter sur le généralissime Min Aung Hlaing en raison d’allégations crédibles de responsabilité dans des crimes contre l’humanité en Birmanie. En tant qu’État partie à la Convention des Nations unies contre la torture, l’Indonésie a l’obligation légale de poursuivre ou d’extrader un auteur présumé sur son territoire.
“La crise birmane déclenchée par les militaires place l’ASEAN devant le plus grand test de son histoire. L’engagement habituel du bloc en faveur de la non-ingérence ne tient pas : il ne s’agit pas d’une affaire interne en Birmanie, mais d’une crise humanitaire et des droits humains majeure qui a des répercussions sur toute la région et au-delà”, a déclaré Emerlynne Gil, directrice régionale adjointe chargée de la recherche à Amnesty International.
” La crise initiée par une armée birmane meurtrière et impénitente a englouti le pays, et provoquera de graves répliques – humanitaires et autres – pour toute la région, en particulier si l’armée peut continuer à commettre des violations et des crimes graves en toute impunité “.
Enquêter sur le généralissime Min Aung Hlaing
“En outre, les autorités indonésiennes ont le devoir d’enquêter sur le généralissime Min Aung Hlaing et sur les autres responsables militaires birmans qui pourraient se joindre à sa délégation à Jakarta.
“Les allégations largement documentées contre le chef du coup d’État birman, formulées par la Mission d’établissement des faits de l’ONU sur la Birmanie, Amnesty International et bien d’autres, doivent faire l’objet d’une enquête. Les autorités indonésiennes et les autres États membres de l’ASEAN ne peuvent ignorer le fait que Min Aung Hlaing est soupçonné des crimes les plus graves qui préoccupent la communauté internationale dans son ensemble.”
La crédibilité de l’ASEAN en jeu
Dans une lettre ouverte aux États membres de l’ASEAN, Amnesty International souligne le fait que des centaines de personnes ont été tuées et des milliers d’autres ont été arrêtées dans les semaines qui ont suivi le coup d’État militaire du 1er février en Birmanie. L’armée birmane reste insensible aux différents appels lancés par la communauté internationale et les organisations de la société civile.
L’économie birmane est à genoux et devrait se contracter de près de 20 %, tandis que les prix des denrées alimentaires augmentent et que les perturbations du système bancaire et la disponibilité limitée de liquidités entravent les opérations humanitaires. Le Programme alimentaire mondial a averti que jusqu’à 3,4 millions de birmans risquent de souffrir de la faim au cours des prochains mois.