Alors qu’un appel à la grève générale menace de paralyser la Birmanie et que l’armée a verrouillé un quartier investi par les manifestants, l’Union européenne s’apprête à élargir ses sanctions contre les forces armées du Myanmar pour cibler les entreprises qu’elles dirigent, en protestation contre le coup d’État militaire du 1er février.
Les mesures, qui, selon les diplomates, pourraient être approuvées par les ministres des affaires étrangères de l’UE le 22 mars, viseraient les entreprises “générant des revenus pour, ou fournissant un soutien financier aux forces armées du Myanmar”, selon l’un des documents datés du 5 mars.
Certaines parties des conglomérats militaires, Myanmar Economic Holdings Limited (MEHL) et Myanmar Economic Corporation (MEC), sont susceptibles d’être visées, empêchant les investisseurs et les banques de l’UE de faire des affaires avec eux.
Les conglomérats tenus par les militaires sont répartis dans l’ensemble de l’économie, de l’industrie minière et manufacturière à l’alimentation et aux boissons en passant par l’hôtellerie, les télécommunications et la banque. Ils comptent parmi les plus gros contribuables du pays et ont cherché à établir des partenariats avec des entreprises étrangères à mesure que la Birmanie s’ouvrait à la libéralisation démocratique.
Une mission d’enquête de l’ONU en 2019 a recommandé des sanctions contre les deux sociétés et leurs filiales, affirmant qu’elles donnaient à l’armée des sources de revenus supplémentaires qui pouvaient financer les violations des droits de l’homme.
La semaine dernière, l’UE a déclaré qu’elle suspendait les fonds de développement destinés à la Birmanie, bien qu’elle ait jusqu’à présent refusé de geler les préférences commerciales accordées à l’un des pays les plus pauvres d’Asie par crainte de frapper principalement les travailleuses du secteur textile.